Malgré le fait que le style
Deathcore soit l'un des plus contestés par le public metal de nos jours, il ne cesse de toucher de nouveaux adeptes parmi les jeunes et les moins jeunes. Aujourd'hui ce genre est, à l'instar du Black
Metal ou du Heavy
Metal, victime de nombreux clichés malheureusement souvent confirmés par des groupes sans âme et sans talent. Si
Ite Missa Est est loin d'être dénué de talent, ils confirment tristement la règle: les groupes les plus pauvres sont souvent ceux qui touchent le plus rapidement à la gloire.
Avant tout, je prends une seconde pour parler de la pochette car là on voit d'office que le groupe a mis le paquet. Cette jaquette est vraiment très plaisante à l’œil. Un style entre la
Rome antique (les pointes de lance et la couleur rouge) et la Grèce antique (dans quelques motifs sous forme de fresque). La dominante de couleur sable et l'homme habillé d'un long vêtement de tissu évoquent également une sorte de traversée des déserts. L'ensemble n'est pas trop surchargé et s'accorde en parfaite harmonie. Un vrai régal visuel.
Je tiens à signaler que je ne possède pas encore ce disque à l'heure où j'écris ces lignes et que l'intégralité de l'album a été écoutée sur une célèbre plateforme de streaming audio. Allons-y, parlons maintenant du contenu. Immédiatement,
Ite Missa Est nous met dans le bain avec l'ouverture éponyme, "Ante
Bellum". On ne s'y trompe pas, la pochette nous avait déjà soufflé l'idée, nous sommes en pleine hymne guerrière gréco-romaine. "Ainsi soit-il", c'est le nom du premier morceau de cet album, s'impose immédiatement avec un son Metalcore très marqué, lourdement influencé par des groupes comme
As I Lay Dying ou
August Burns Red. J'aime autant vous prévenir tout de suite, le groupe a ouvert les hostilités avec l'un des moins bons morceaux de l'album.
Pas de compromis dans cette track, un Metalcore tout ce qu'il y a de plus basique. Dommage car ça peut refroidir le public le plus réfractaire au style. Lorsqu' approche la fin du morceau, une chose nous saute au visage comme une évidence: il y a un fond de Decades of
Despair dans le son de
Ite Missa Est. Et ce n'est pas un hasard, car Gaetan (guitare) et Sydney (batterie) sont tous deux issus de ce groupe. D'ailleurs ce constat se vérifiera sur toute la longueur de l'album. Avec la troisième piste, "Quand la terre", on découvre enfin un morceau plus représentatif du groupe. Un
Deathcore nerveux, sans risque avec quelques bons riffs, mais il est clair que le morceau est totalement dénué de toute personnalité et se révèle terriblement plat. Si vous n'avez pas été conquis par ces deux premières tracks, arrêtez-vous tout de suite car dans son ensemble le disque est plutôt linéaire et aucune surprise ou subtilité ne vous attends.
Sur le reste de l'album, on pourra noter de nombreux points communs avec ce qu'a pu faire
Bring Me The Horizon première période (notamment sur leur premier album, "Count Your Blessings"). Il est indéniable qu'il y a également beaucoup de
Despised Icon et de
Suffokate dans cet "Ante
Bellum" mais leur orientation est beaucoup plus Metalcore. On notera pourtant une quasi absence de chant clair qui apparaitra en tout et pour tout 30 secondes sur "Ainsi soit-il" et "Face Cachée". Techniquement le groupe touche bien, le vrai problème de l'album réside dans la composition trop influencée par les grands du style au point d'en devenir au final qu'une copie de plus. A peine l'ombre d'un début de personnalité. C'est dommage encore une fois, car si l'univers gréco-romain avait été mis un peu plus en avant avec des claviers ou simplement des samplers cela aurait donné une toute autre profondeur à leur musique, on se souviendrait d'
Ite Missa Est comme de l'Ex-Deo du
Deathcore/Metalcore. Mais malgré la qualité des morceaux, rien n'en ressort. Les quelques passages les plus marquants sont souvent trop courts et terriblement similaires à un Decades of
Despair (ce qui n'est pas un mal). C'est vrai, le groupe souffre d'un gros manque de personnalité mais qu'on se le dise, s'ils jouent un
Deathcore tout ce qu'il y a de plus basique, ils le font bien et on peut être sûr que le public le moins difficile pourra être largement satisfait par ce premier opus.
La production de l'album est très bonne, on voit que le groupe a vraiment mis un maximum de moyens de son côté pour cette première sortie. Le tout est très bien équilibré, peut-être la basse un poil derrière les autres instruments mais ce n'est pas vraiment gênant. Juste une petite remarque, la batterie est très incisive, elle attaque précisément et dans une moindre mesure on pourrait penser qu'elle a été réalisée sous logiciel de drumming. Ça peut plaire comme ça peut ne pas plaire, c'est toujours bon à signaler.
Soyons clair, il faut prendre "Ante
Bellum" pour ce qu'il est: rien de plus qu'un album de
Deathcore à la limite de la caricature du nouveau conformisme metal.
Ite Missa Est est certainement capable de bien mieux que de copier ouvertement leurs ainés car techniquement tout y est. Malheureusement, comme dit plus haut, les groupes les plus pauvres sont souvent ceux qui touchent le plus rapidement à la gloire. L'album n'est pas mauvais en soi, mais il manque le plus important dans la musique: l'Âme. "Ante
Bellum" demeure au final un simple album de
Deathcore/Metalcore parmi des milliers d'autres. Si ce disque m'a plu, il ne me viendra certainement jamais à l'esprit de réécouter un seul des morceaux qui le composent. Aujourd'hui, la scène metal est saturée de talents trop peu connus et c'est à eux qu'il faut donner la chance de s'élever.
La messe est dite.
10/20
Nemphis.
PS: Après parution de cette chronique, le groupe s'est amusé à me trainer publiquement dans la boue sur un célèbre réseau social. Leur armée de petits fans, aveuglés par le côté "fashion" du style, ont immédiatement pesté sur ma personne, mon travail et le site
Spirit of
Metal lui même. La voilà la mentalité d'
Ite Missa Est. Vous avez mal choisi votre ennemi, tant pis.
On frôle l'insulte c'est dommage qu'un "chroniqueur" en arrive là.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire