Une fois n’est pas coutume,
Eoront est un combo de black metal atmosphérique qui nous vient de Sibérie. Voyant le jour en
2012 sous l’impulsion de Foltath, la formation sort l’année suivante son premier album autoproduit, qui passera totalement inaperçu faute de moyens. Malgré tout, un EP plus tard, la musique du Russe parviendra tout de même à accrocher l’oreille experte de Code666, et c’est désormais sous forme de quatuor et avec une promotion digne de ce nom qu’
Eoront nous revient fin juin 2017 pour son deuxième full length,
Another Realm.
C’est
Rain qui démarre les hostilités, long titre introduit par le bruit de la pluie et un entremêlement de percussions et de claviers aux lointaines sonorités tribales et oniriques qui n’est pas sans rappeler
Negura Bunget. Au bout de 2,28 minutes, une ligne de clavier se dessine nettement, à la fois mystérieuse et poignante de tristesse, et un black metal rageur et rapide explose soudain, porté par une voix arrachée et sèche à l’intensité bouleversante. On retrouve immédiatement le style de l’école slave dans cette charge héroïque aux blasts hypnotiques, aux guitares froides et tranchantes et aux claviers qui nous enveloppent de leurs notes mélancoliques.
Certains riffs vraiment majestueux ressortent sur ce tapis de blasts et nous transpercent, renforçant cette majesté glaciale et désabusée qui enveloppe ces sept titres, mais les Russes n’hésitent pas à calmer le tempo et à développer quelques passages purement instrumentaux où la musique se fait plus contemplative (le long passage central de The Sea) allant même jusqu’à utiliser des guitares acoustiques (le début de The
Glow, titre qui rappelle par moments le vieux
Dimmu Borgir, plutôt lent et très porté sur la combinaison entre mélodies de clavier et double pédale).
Des titres comme
Two Words ou the Order of Light font penser à
Lucifugum ou
Astrofaes avec ces notes aux allures de cuivres conquérants, ce rythme martelé frénétiquement et ce chant glacial et impitoyablement articulé, ceci dit, il ne faut pas être sourd pour remarquer qu’
Eoront a un son bien plus professionnel, limpide et puissant que celui de ses homologues ukrainiens (on entend la basse putain, et elle chante vraiment sur certains passages lde
Two Worlds, Genesis ou
Dreamcatcher), ce qui nous immerge plus facilement dans son univers tiraillé entre violence et beauté.
D’une manière générale, les pistes sont très longues, alternant passages enlevés à la froideur martiale et langueurs atmsopériques portées par les claviers à la
Drudkh ou
Wodensthrone. Certains titres sont plus mélodiques que les autres et tirent parfois un peu en longeur (
Dreamcatcher rappelant beaucoup
Fen), mais d’une manière générale, le riffing, à la fois acéré et mélancolique, dans la grande tradition du black épique, le jeu véloce du batteur Ephemiral Gorth ainsi que le travail colossal sur les claviers et les arrangements (de discrètes touches électro sur, quelques parties psychédéliques sur
Dreamcatcher ou
The Order of Light) permettent aux sept compositions de l’album de rester accrocheuses de bout en bout.
Certes
Eoront n’a rien de très original, mais ces 61 minutes sont magistralement exécutées, mêlant black martial et épique à des passages atmosphériques voire ambiant (le début de
Rain, la fin de
Glow et la fin du dernier titre,
The Order of Light, qui reprend la mélodie envoûtante de
Rain) avec une maîtrise et un sens de la composition qui font mouche. Finalement, le pari est réussi :
Another Realm parvient à nous offrit un voyage fascinant dans les steppes gelées de Sibérie, aussi envoûtant que terrifiant, et l’immersion est totale. A recommander à tous les amateurs de black mélodique et atmosphérique au sens large, et à écouter avec une bonne
Grey Goose en regardant la neige tomber.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire