Another Dimension of Pain

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17/20
Nom du groupe Oktor
Nom de l'album Another Dimension of Pain
Type Album
Date de parution 15 Décembre 2014
Style MusicalDoom Death
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1. Another 02:10
2. Conscious Somatoform Paradise 12:38
3. Dimension 01:20
4. Mental Paralysis 17:24
5. Of 00:55
6. Hemiparesis of the Soul 13:44
7. Pain 01:33
8. Undone 04:45
Total playing time 54:29

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Oktor


Chronique @ Vinterdrom

06 Août 2015

Quand créativité et pathologies mentales font bon ménage…

Un titre par an… c’est à peu près, nivelé dans le temps, le rythme de composition que tient Oktor depuis sa formation en 2003. Car suite à la compilation quatre titres "All Gone in Moments" parue en 2007, c'est jusqu’au milieu de la décennie suivante qu'il nous a longuement fallu patienter pour que, enfin, le trio polonais en finalise huit de plus pour en faire son tout premier album, baptisé "Another Dimension of Pain" ; autant dire un cadeau des plus inespérés, d'autant que Solitude Productions l'a laissé échapper de sa hotte peu avant le Noël dernier.
Et puisque nous parlons de fêtes, lançons-nous dans un petit jeu de logique…

Qui dit Noël dit ? … Famille !
Tout juste, car Oktor est avant tout une affaire de famille ; les frères Rajkow-Krzywicki, en l'occurrence, qui tiennent les rênes instrumentales ainsi que l'essentiel des vocaux (growl pour Jan et spoken words pour Jerzy). Piotr Kucharek demeure ainsi le seul élément « extérieur » du line-up, épaulant les deux frères pour les parties de chant clair.

Qui dit famille dit ? … Tradition !
Bien joué car, dans sa forme, le doom/death pratiqué par Oktor repose en grande partie sur l'héritage du Peaceville Three du début des années 90. Et si nous nous lançons cette fois-ci dans le jeu des ressemblances entre le légendaire triumvirat britannique et l'héritier polonais, nous pourrons notamment retrouver, chez ce dernier, la sombre pesanteur et les mélodies tragiques de My Dying Bride, ainsi que les penchants acoustiques d'Anathema, judicieusement accompagnés de claviers atmosphériques, discrets bien qu'essentiels de par l'onirisme qu'ils laissent dans leur sillage.

Qui dit tradition dit ? … Musique classique !
Bonne réponse là encore, Oktor étant manifestement très attaché aux grands compositeurs de son pays. Il y eut, traversant "All Gone in Moments", ces quelques emprunts à la mélancolique troisième symphonie de Henryk Gorecki. Il y a, parsemant "Another Dimension of Pain", ces interludes au piano qui, bien qu'issus d'une partition originale, s'inspirent étroitement des Nocturnes de Frédéric Chopin dont ils partagent la touchante sobriété ; des moments intimistes interprétés par le troisième frère Rajkow-Krzywicki (Jacek), invité pour l'occasion.

Mais à présent, fini de jouer car, vous l'aurez malgré tout saisi entre les lignes de cette parenthèse ludique, l'ambiance est tout sauf à la rigolade dans la musique d'Oktor.
Les résonances fantomatiques de "All Gone in Moments", qui rappelaient ce vague malaise que l'on peut ressentir en observant nos défunts parents immortalisés sur de vieux clichés jaunis et dont le regard semble nous sonder l'âme depuis la tombe, avaient déjà de quoi jeter un froid. Les résonances plus tangibles de "Another Dimension of Pain", qui en appellent à des troubles somatoformes illustrés par un artwork où la souffrance intérieure se manifeste par les plus horribles symptômes extérieurs, ont quant à elles largement de quoi perturber notre psychisme.

Tout dans la construction de cet album concourt à éprouver une palette émotionnelle aussi multi-facette que dérangeante.
Les segments instrumentaux y sont agencés selon un réseau neuronal d'apparence accessible, mais qui se révèle plus tortueux qu'escompté, aussi bien que truffé d'inquiétantes zones d'ombre ; de sorte que plus nous l'examinons, moins nous avons l'impression de véritablement le connaître tant il reste à en découvrir… A ce titre, "Mental Paralysis" se nourrit de déconcertantes antinomies, tiraillé entre de déchirants souvenirs évoqués par un violon tout droit sorti d'un vieux gramophone et un implacable courroux traduit par un abattage rythmique sans pitié (bien appuyé par la participation de Matti Tilaeus, vocaliste du légendaire Skepticism), jusqu'à retrouver, le temps d'une fugace clôture néoclassique, un apaisement salvateur.
Les diverses tonalités vocales s'entremêlent en dialogues bipolaires. Les voix du subconscient tantôt chuchotent leurs angoisses (profitant des ponts acoustiques de "Conscious Somatoform Paradise" pour se faufiler jusqu'à la conscience) tantôt hurlent au supplice (la tempête sous un crâne se déchaînant sur le final de "Hemiparesis of the Soul"). Se tenant en équilibre instable sur la corde raide de la justesse, menaçant constamment de chuter dans la maladresse, le chant clair y gagne paradoxalement une forme d'extrême fragilité et apporte une facette supplémentaire à la palette émotionnelle déjà bien garnie d'Oktor.
L'affect se superpose aux méandres de "Another Dimension of Pain" et l'on se sent tour à tour abattu, colérique, perclus, agité, souffreteux, exalté... guidé par de multiples sautes d'humeur jusqu'à l'épilogue "Undone" sombrant, à l'image du piano évanescent qui le hante, dans les regrets puis l'abandon.

Par son fond psychiatrique doublé d'un brillant contrepoint musical, Oktor parvient à insuffler plus qu'une once de personnalité dans un canevas pourtant traditionnel. Il n'y a pas de génie sans un grain de folie, comme l'on dit.
Et pour qui ressortira de cette première consultation sans trop de séquelles, rendez-vous est pris aux alentours de 2022 pour une deuxième ? Mais alors, dans quel état physique et mental pourrons-nous bien nous trouver, à ce moment-là ?
Une seule chose est certaine : qui vivra verra…

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