Peu de thrashers connaissent réellement
Holycide. Auteur d'un premier EP 6 titres (dont une reprise de
Dark Angel qui situe un peu faussement le propos) en 2015, le gang est surtout remarqué pour être le projet thrash de Dave
Rotten (
Avulsed,
Putrevore ou
Christ Denied pour n'en citer que quelques uns), également boss du label espagnol Xtreem. Rejoint par le guitariste de session de
Avulsed Miguel Barez, son pote Dani Fernandez à la basse (
Dark Moor) dans un premier temps, puis par Jorge Utrera et Salva Esteban (batterie et guitare),
Holycide a naturellement trouvé refuge chez Xtreem. Affublé d'une pochette bien colorée signée Bouzikov (
Municipal Waste,
Toxic Holocaust) totalement dans l'esprit thrash guerrier, deux ans après sa première publication,
Annihilate... Then Ask est là pour faire parler la poudre dans la continuité, après une campagne de crowdfunding laborieuse.
Passée la première mosh-part de la première minute, l'accélération d'"Afterworlds Remnants", abrupte, montre rapidement que non seulement on n'a pas affaire à des manchots, ce dont on se serait douté au vu du pedigree des musiciens, mais également qu'il ne s'agit pas d'un énième clone de
Slayer ou d'une autre kréature à l'influence allemande ou par trop sud-américaine. Ici, c'est plutôt, et cela se vérifiera tout au long des 9 titres (plus une reprise de Detente), du côté des groupes de thrash/death à tendance technique qu'il faut aller chercher. Les ingrédients principaux y sont bien présents : une basse ronde et virevoltante faisant quasiment jeu égal dans le mix avec les guitares, des soli aériens très présents, des cassures rythmiques abruptes, quelques fulgurances et breaks inattendus. Pourtant, Dave
Rotten, avec sa voix scandée et les backing vocals dans les refrains conserve cet aspect thrash classique, abordable assez facilement dans ses structures. De cette dualité
Holycide en forge sa propre griffe. Un peu à la manière de l'intemporel
Piece Of Time (
Atheist) ou de
Crossing The Rubicon (
Armageddon),
Holycide fait l'écart entre la technique pure et l'agression maîtrisée, sans jamais verser dans le démonstratif. Au gré de titres accrocheurs, construits autour de riffs efficaces et de cette basse délicieuse, accompagnés de refrains entêtants, l'album se dévore avec délectation, à l'instar des deux
Condition Critical dans un style et une qualité quasiment similaire.
Sans être anachronique, grâce à une production précise et parfaitement audible (miam, le jeu du batteur sur ses cymbales),
Holycide assume ses racines comme en témoigne l'hommage à Lemmy avec le titre "Motörhead" qui débute par un solo de trente secondes avant de se lâcher de manière totalement débridée sur ses couplets hyper rapides typiquement techno-death, puis enchaîne sur son refrain et son pont scandés qui feront sans nul doute partie des grands moments en live. Plutôt rapide dans son tempo général, et truffé de changements de rythmes tout en restant direct,
Annihilate... Then Ask porte bien son nom, ne reniant pas toutefois les titres plus rampants ("
Bonebreaker" et son superbe solo), portés par la basse omniprésente de Dani Fernandez.
Holycide réussit à délivrer de grands moments (le subtil et implacable "Deserved To Be Erased", peut-être le meilleur titre des Madrilènes, "
Human's Last
Dawn") avec peu de déchet. Ainsi, la reprise de Détente, toutefois bien appropriée, casse un peu l'unité du disque, et le chant aboyé de
Rotten pourra en rebuter certains, nécessitant peut-être une vérification avant l'achat (facile sur le site du label) en sus d'un ou deux titres moins marquants.
Dans ce style nécessitant plusieurs écoutes en général pour être pleinement apprécié,
Annihilate... Then Ask fait partie des albums abordables avec de multiples points d'accroche, ce qui constitue une réelle qualité et un avantage certain. D'une durée en général n'excédant guère les quatre minutes, les morceaux trouveront écho chez les fans d'
Atheist, d'
Hellwitch, de
Condition Critical, ou du
Obscura d'avant 2010. D'une musicalité exemplaire,
Holycide frappe un bon coup dans ce début d'année 2017. Ce bout de techno-thrash, énervé et accrocheur constitue un sacré disque. Ni trop long, ni moderne et sans sonner daté, le fan des groupes cités n'a pas à se poser de questions.
@Jérôme : tu peux en écouter facilement sur le label des larges extraits, sans doute même l'intégralité sur le bandcamp.
Ca sent le futur achat :)
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