Sortie de terre en
2012, cette jeune et frétillante formation metal alternatif espagnole entend ne pas jouer dans la même cour symphonique gothique que moult de ses homologues générationnels. En effet, à la croisée des chemins entre heavy metal, hard rock et metal atmosphérique gothique, faisant tour à tour penser à
Bif Naked,
Ela,
Lacuna Coil, avec quelques touches d'
Evanescence, le groupe ibérique s'est ainsi affranchi de tout artifice synthétique (exception faite de l'entame instrumentale), sans recourir à une quelconque envolée lyrique pour tenter de nous rallier à sa cause. Et ce, pour en revenir à des sonorités authentiques, où guitares rutilantes, basse vrombissante et batterie meurtrissante s'harmonisent tout en libérant une énergie communicative. Fait d'autant plus remarquable qu'il tend à devenir de plus en plus rare et qui sied plutôt bien à nos acolytes, même si l'exercice en soi ne soit pas nécessairement un gage d'innovation ou d'originalité d'un projet.
Suite à quelques changements de line-up, le quintet galicien s'est stabilisé en 2013, ayant alors conjugué les talents de la frontwoman
Nicole Magariños, des guitaristes Brais Padin et Eduardo Ramonde, du bassiste Alejandro Cores 'Wolly' et du batteur Juan Manuel Agra 'Chan'. Ce faisant, la joyeuse sarabande a sorti une démo «
Awakening » deux ans avant de s'être attaquée à ce généreux EP 7 titres dénommé «
Angel of Sins », auto-production de 30 minutes témoignant d'une qualité d'enregistrement appréciable et d'une belle profondeur de champ acoustique. Si les paroles relèvent de la fine plume de
Nicole Magariños, les compositions, au tempo souvent dynamique, sont du fait de Brais Padín, Juan Manuel Agra 'Chan' et Wolly Cores et les arrangements, au demeurant de bonne facture, émanent de la patte de Zoilo
Unreal. Pour compléter son offre, le combo galicien a fait appel à l'infiltrant toucher du guitariste Martin Alonso. De quoi nous intimer d'aller y jeter une oreille attentive.
Dans son ensemble, le brûlot s'avère souvent vitaminé, nerveux, parfois dévorant, voire même explosif. Et ce, sans perdre le cap d'une mélodicité, certes encore à personnaliser, mais permettant une accroche auditive sur le long terme. De façon inattendue, des cloches au loin résonnent sur la laconique et cinématique entame instrumentale «
Awakening (intro) ». Sur fond de chants liturgiques, on subodore quelques hostilités à venir. A commencer par le véloce «
Angel of Sins », cinglant le tympan par ses riffs gras, oscillatoires et répétitifs arc-boutés sur une rythmique enfiévrée, à la manière de
Bif Naked. Le frondeur convoi instrumental est suivi de près par une claire et puissante empreinte vocale dispensée par la sirène, non sans rappeler Carly Smithson (
We Are The Fallen). Dans cette mouvance, tout en regorgeant de virulentes attaques percussives, «
Dream Eater » s'apparenterait davantage à un
Lacuna Coil des premiers émois, avec en prime deux soli de guitare au fin legato octroyés par Martin Alonso. Dans cette énergie, des riffs aux allures de rouleaux compresseurs nous écrasent littéralement sous leur poids sur le mordant « Wicked Queen ». Au carrefour d'influences entre
Lacuna Coil et
Ela, cet implacable champ de turbulences n'aura de cesse d'ensanglanter nos pavillons. De ce chaudron bouillonnant émergent d'aériennes et saillantes volutes oratoires d'une interprète bien habitée. En outre, un éblouissant solo de guitare encore une fois signé Martin Alonso s'intercale dans la tourmente, avant que le palpitant acte ne se clôture par quelques sensibles arpèges au piano.
Lorsqu'il ralentit le débit de ses frappes, le collectif ibérique ne s'est pas montré maladroit non plus, loin s'en faut. Ainsi, sur un riffing lipidique accroché à une rythmique mid tempo, «
Unleashed » libère une belle énergie tout en se montrant mélodieux, sans niaiserie aucune. A mi-chemin entre
Ela et
Evanescence, cet incandescent instant sait décélérer le tempo et garantir de spectaculaires montées en puissance. Mais c'est dans le secteur des moments plus intimistes que nos compères remportent l'adhésion. Dans cette veine, la délicate et progressive ballade « From Deep Within », dans la droite lignée de
Lacuna Coil, offre un subtil guitare acoustique/voix que l'on ne pourra que malaisément esquiver ainsi que des couplets à fleur de peau et des refrains immersifs à souhait. En dépit de séries d'accords convenues et d'une ligne mélodique donnant une impression de déjà entendu, l'exercice est rondement mené, offrant au passage d'insoupçonnées variations atmosphériques, un beau délié guitaristique signé Martin et de sensuelles impulsions que n'aurait pas reniées Cristina Scabbia. C'est dire...
A l'issue de l'écoute de l'opus, on a pu observer l'émergence d'un potentiel technique avéré, une indéfectible cohésion groupale, une intarissable pugnacité instrumentale et une saisissante puissance vocale, corroborées à des lignes mélodiques souvent engageantes, cependant déjà courues soit par leurs maîtres inspirateurs, soit par leurs pairs générationnels. De plus, quelques carences ont pu être appréhendées sur cet effort. Ainsi, un poil en-dessous du lot, sans témoigner d'irrégularités techniques, l'une des pistes a peiné à encenser le tympan, notamment de par l'uniformité de son cheminement mélodique. Aussi, l'offensif « The Last
Strife » tire en rafale des riffs épais et linéarisés tout en usant d'effets de distorsion assurant au cuirassé une impression d'indestructibilité, celui-ci avançant inexorablement, détruisant tout sur son passage. C'est sur des charbons ardents que nous conduisent nos compères, sans qu'on n'ait un seul instant de répit. Mais la sauce ne prend pas vraiment. Cela dit, en dépit de cette baisse de régime et d'une identité artistique restant à affiner, le combo peut décemment envisager de faire évoluer son projet au point de l'emmener en de célestes contrées. Peut-être à l'aune d'un album full length, cette fois ?...
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