Amazing Things

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17/20
Nom du groupe Don Broco
Nom de l'album Amazing Things
Type Album
Date de parution 22 Octobre 2021
Style MusicalMetal Alternatif
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1.
 Gumshield
 03:37
2.
 Manchester Super Reds No.1 Fan
 03:37
3.
 Swimwear Season
 04:38
4.
 Endorphins
 03:54
5.
 One True Prince
 03:58
6.
 Anaheim
 04:30
7.
 Uber
 03:31
8.
 How Are You Done with Existing
 04:31
9.
 Bruce Willis
 03:16
10.
 Revenge Body
 03:46
11.
 Bad 4 Ur Health
 04:20
12.
 Easter Sunday
 03:06

Durée totale : 46:44

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Don Broco


Chronique @ JeanEdernDesecrator

04 Novembre 2021

Une grosse poignée de hits taillés pour les stades, mais pas seulement

Don Broco est un peu l'archétype du futur gros groupe ricain en devenir, qui débarque avec la grosse artillerie et une détermination juvénile à la conquête du monde, tel un Vin Diesel au volant d'un V12. Cela fait quelques mois qu'ils teasent leur quatrième et nouvel album "Amazing Things", avec des vidéos en mode superproduction, et hits à refrains platinés.
Sauf que le chevelu vocaliste Rob Damiani et ses comparses sont anglais, originaires de Bedford, où ils faisaient guincher leurs potes de lycée, avant d'écumer les scènes britanniques, avec une première apparition au festival Download en 2009. 2012 a été l'année du décollage : leur signature avec le label Search And Destroy Records en poche, malgré le départ de Luke Rayner et Darren Playford, leur premier LP "Priorities" sortit au mois d'aout, suivi d'une tournée européenne. Suivirent deux autres albums, respectivement "Automatic" en 2015, et "Technology" en 2018, sur lesquels le groupe a joué avec les éléments qui le constituent : une (brit)pop impertinente et décalée, une énergie parfois débridée qui les amène aux limites du post hardcore et un rock alternatif néo metallisé à grosses guitares. Depuis 2016, le groupe a opportunément changé d'écurie pour Sharptone Records, où on retrouve l'avant-garde de ce qui se fait de plus frétillant de nos jours.

La composition de leur quatrième album débuta début 2020, concrétisé par un enregistrement en décembre de la même année (où il s'est passé un truc, mais je ne sais plus quoi, ça va me revenir), avec des intentions clairement plus "heavy". Les quatre ont essayé de boucler leur agenda comme si ne rien était, tel qu'il était prévu, avec pour conséquence d'arriver en studio avec le stress de ne pas se sentir aussi prêts qu'ils auraient dû l'être. L'un dans l'autre, les affres des confinements leur avaient heureusement permis de peaufiner les compositions, et au final quelques bidouillages et expériences sur le pouce ont facilité la mise en boite.

Je dois avouer qu'avec l'écoute des singles, j'avais mis une grosse pièce sur le nouveau Don Broco, trépignant d'avance de le découvrir, tant il semblait bien au dessus des albums précédents. La sortie d'"Amazing Things" arriva enfin le 22 octobre 2021, et j'ai été quelque peu désarçonné par la première écoute de celui-ci. On peut séparer l'album en deux moitiés :

Une première où le groupe frappe là où on l'attendait, et frappe fort. Les hits en puissance se succèdent : "Gumshield" ouvre les hostilités avec un électro metal jouant sur un gimmick délicieusement énervant, et explose en guitares plombées. Le groupe a un don pour envoyer une salve de refrains liquéfieurs de cerveau à rendre jaloux les spécialistes Sevendust ("Endorphins", "Manchester Super Reds No.1 Fan", "One True Prince",…). On pourrait aussi rapprocher Don Broco de Limp Bizkit ou Hed(Pe), en remplaçant le rap par l'électro, et en rajoutant un certain lyrisme à la Linkin Park.

La deuxième moitié de l'album est plus expérimentale, décalée et éparpillée comme un lego, à l'image d'"Anaheim", morceau dépouillé qui ressemble au Muse cybernétique de ces dernières années (et qui a lassé pas mal de monde, mais c'est un autre propos), et met en valeur le chant doux et nuancé de Rob, avec juste quelques interventions de guitare claire. "How Are you Done With Existing ?" suinte une saturation fuzziforme dont on ne sait pas si c'est du synthé, de la basse ou de la guitare trafiqués, sans rythmique conséquente sur une grande partie, et terminée par un solo à la Matthew Bellamy, achève de déstabiliser l'auditeur. Le faux rythme chill et dépouillé de "Bad 4 Ur Health", avec une guitare crunchy qui raconte sa petite histoire, est bousculé par un refrain ultra heavy façon Korn avec des hurlements screamés. Alors que l'album s'acheminait vers sa fin lors de ma première écoute, je restais un peu sur ma faim, tellement le groupe zigzague sur les chemins de traverse, peu compatibles avec le metal, utilisant des armes commerciales et bankables pour faire un résultat musical obstinément étrange, bizarre. C'est bien un album expérimental, qui utilise toutes les ficelles mainstream pour mettre l'auditeur en déséquilibre. Si les refrains à l'efficacité calibrée fournissent un point d'ancrage bien connu, les couplets déjantés et les structures barrées gardent l'oreille en état d'alerte. Le groupe fait encore un pas de coté avec "Easter Sunday" et ses chœurs du troisième type, qui finit l'opus sur une courte apothéose, un pied de nez qui nous prive d'un bouquet final trop attendu.

La production est tout bonnement énorme, avec un wall of sound de guitares, et un socle sonore qui chatouille l'arrière train dans les infra-basses. D'un autre coté, les parties electro ou lo-fi sont dosées dans la nuance, pour faire retomber la pression, et distiller une tension subtile. J'ai l'impression que le groupe a mis le paquet pour essayer de devenir pape du metal alternatif, en l'absence de cadors indiscutables en activité. Vous allez me dire que ça tombe mal, vu que Limp Bizkit vient tout juste de revenir dans le game par la porte derrière ; seulement voilà, vu l'indigence du dernier né de la bande à Fred Durst, je réalise que l'album de Don Broco apporte tout ce que j'en attendais, et même plus. Le combo semble vouloir moderniser une fusion metal au sens large, mixture d'électro, de pop, de rap, et de neo metal, avec un travail sur les sons et les effets de l'espace qui cherche à dégoter le petit truc bizzarroïde jamais entendu ("Bruce Willis").


En me repenchant sur les trois premiers LP du groupe, j'ai peine à croire que c'est le même quatuor qui officie, ce n'étaient que des brouillons pas très convaincants de ce que Don Broco a accouché ici. Par rapport à son précédent LP, le groupe s'est métamorphosé. Au lieu d'une pop metal légère acidulée prévisible avec des passages metal ampoulés, on passe à une musique plus musclée, structurée, profonde, mais qui se ralentit parfois à la Radiohead/Coldplay avec option LoFi ("Swimwear Season"). En outre, la touche brit pop très présente par le passé a complètement disparu, rendant Don Broco plus américain que nature, si ce n'est dans ses clips où subsiste un coté potache bien anglais pas si loin de l'esprit Monty Python.
Le chanteur est celui qui a fait le plus de progrès : Rob Damiani a gommé tous ses défauts de jeunesse, et est devenu la pièce maîtresse du groupe. Sa prestation est bluffante, à l'aise dans tous les registres, et il parvient à insuffler ce qu'il faut de folie pour surprendre, sans tomber dans la surenchère. En ce qui concerne les autres musiciens, il s'agît plus d'une osmose autour de la musique. La guitare de Simon Delaney n'intervient que lorsque c'est nécessaire, à la manière d'un Wes Borland plus sobre. La batterie de Matt Donnelly est épurée, couplée à pas mal de patterns et de samples. Tom Doyle est aussi pusillanime dans son jeu que son son de basse est énorme, mais c'est lui qui a fait les programmations de l'habillage très riche des orchestrations.

Quel était l'objectif de Don Broco avec ce nouvel album ? Pondre un collier de perles qui mette tout le monde à genoux ? A l'évidence oui… et non, enfin… pas seulement, malgré une poignée de hits taillés pour une setlist de tournée des stades US. Le groupe a sûrement voulu pousser les expériences très loin, tout en sophistiquant à l'extrême la matière de sa musique, et il a atteint son objectif. Arrivera-t-il à rallier un public autour de son coup de poker ? On peut malheureusement en douter, même si des groupes improbables ont pu par le passé décrocher un jackpot de notoriété - System Of A Down, Ghost, ou Limp Bizkit déjà cité dans ces lignes ?
Don Broco se projette crânement, en prenant des risques envers le public metalleux, et envers un public mainstream qui n'aura peut-être pas envie de faire l'effort de suivre le groupe dans ses digressions. Mais à titre personnel, au fur et à mesure des écoutes, "Amazing Things" se bonifie, prend consistance, et devient un p**ain d'album qui porte bien son nom, en jouant sur la singularité de son mélange. La pièce que j'avais misée s'est retournée plusieurs fois en tournoyant, et ouf, elle tombe du bon coté.


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