Allir Vegir Til Glötunar

Liste des groupes Black Metal Nadra Allir Vegir Til Glötunar
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16/20
Nom du groupe Nadra
Nom de l'album Allir Vegir Til Glötunar
Type Album
Date de parution 01 Fevrier 2016
Labels Vánagandr
Style MusicalBlack Metal
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1. Fjallið
2. Sál
3. Falið
4. Sár
5. Fallið

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Nadra


Chronique @ Icare

17 Juin 2017

Un groupe au potentiel fabuleux à suivre de très près, capable de nous transporter très loin

Nadra est un groupe encore quasiment inconnu qui se forme en 2008 à Reikjavik et qui sort avec ce Allir Vegir Til Glötunar son premier album longue durée. Si l’on ne peut pas dire que ce petit pays soit extrêmement reconnu pour sa scène metal, il y a tout de même quelques noms illustres qui sont parvenus à s’affranchir de ses frontières de glace pour conquérir l’international, parmi lesquels notamment Solstafir, Skalmöld et Svartidaudi.
D’ailleurs, sous l’impulsion du label Vanagandr, la scène black islandaise se développe de plus en plus, connaissant depuis quelques années une véritable ébullition, et assez régulièrement, ses montagnes délivrent une perle glacée que les aficionados s’empressent de découvrir et d’apprécier comme il se doit. Ainsi, les noms d’Arstidir Lifsins, Sinmara, Myspirming ou Carpe Noctem, qui m’avait mis une énorme claque avec son In Terra Profugus de 2013, ne sont pas tout à fait inconnus aux connaisseurs du genre.
Nadra a d’ailleurs déjà sorti une démo en 2014 qui avait été encensée par les amateurs de cette scène black islandaise en devenir, et le CV des membres du groupe, qui poussent également la chansonnette dans Carpe Noctem, Dysthymia ou Abacination avait de quoi réjouir et créer une certaine attente autour de ce premier full length.

Fjallid, déjà présent sur la démo précédente mais ici magnifié dans une version plus aboutie, rassurera tout le monde en déboulant furieusement à cent à l’heure sur ce hurlement écorché, ces guitares acérées qui crachent une pluie de notes aigues et apocalyptiques et ce blast soutenu qui ne ralentit que très rarement la cadence. Ces 4,26 minutes nous atomisent les tympans avec une rare intensité, réussissant l’exploit de concilier riffs excellents et mélodies nordiques bien senties en un maelstrom d’une violence délicieusement entraînante et épique, rappelant un peu un Taake sous amphétamines.
D’emblée, on remarque que Nadra se démarque de la scène islandaise, évoluant habituellement dans un black glacial, dissonant et aux forts relents orthodoxes : ici, la musique est directe, rapide, à la fois violente et mélodique, jouée avec les tripes et le cœur avec une spontanéité palpable. Cette rapidité, ce côté païen exalté et cette touche de folie, surtout dans la voix, rappellerait plus la scène ukrainienne

Sal ralentit considérablement le rythme, proposant une pléthore de riffs roulants et nostalgiques emplissant notre cœur de ce sentiment de noblesse et de majesté propre au black metal. Rapide ou lent, Nadra reste toujours particulièrement intense grâce à un très bon travail des guitares et cette voix terriblement écorchée, hurlée et possédée, vibrante de résignation et de douleur. La musique des Islandais est réellement habitée, et on peut sentir la sincérité des musiciens à travers chaque note de guitare, coup de tom ou raclement de gorge.

Et c’est justement lorsque Nadra cherche à poser sa musique et à instaurer consciemment une ambiance que les choses se gâtent : Falid, s’étirant laborieusement sur plus de 14 minutes, ne propose rien d’intéressant, le riffing étant bien moins inspiré et audible car en partie masqué par le chant et la batterie. On ne comprend pas trop ce que les guitares veulent communiquer, et ce long titre sonne comme la tentative artificielle et manquée de proposer une longue fresque épique histoire de; le blast, pourtant minoritaire sur ce titre, use rapidement, et le ralentissement de tempo qui s’ensuit est mou et vide, ne suscitant aucune émotion, avec ce même riff passe-partout qui se répète à l’envi. Les passages se voulant plus rapides et épiques ne nous touchent pas beaucoup non plus, les parties s’enchaînant sans grande cohérence, et si la partie instrumentale est correctement exécutée, elle manque cruellement d’intensité et ne parvient pas à nous emporter ; seuls les hurlements arrachés de Ö. confèrent au morceau un certain cachet, cependant insuffisant pour sauver le morceau qui, s’il n’est pas déplaisant, n’a pas non plus grand-chose à offrir.

C’est d’ailleurs là tout le problème de Nadra qui offre un premier album assez irrégulier : Fal, morceau gonflé d’un feeling épique avec ces guitares guerrières et ces choeurs nostalgiques, et ce blast quasi constant, souffre également de ce côté un peu chaotique et décousu, et, malgré certains très bons passages, part parfois dans tous les sens avec quelques transitions maladroites, comme si le combo islandais avait encore du mal à canaliser son énergie.

Heureusement, le groupe redresse la barre avec un Fallid excellent, renouant avec une inspiration divine et un son puissant : le morceau, moins impétueux, plus lent et nostalgique, rappelant un peu un Svarti Loghin en plus extrême avec des vocaux complètement démentiels, distille des riffs entêtants et hypnotiques, les guitares nous enivrent de leurs notes oniriques et tous les instruments sonnent cette fois-ci parfaitement à leur place, composant le long de ces 9,25 minutes cette belle fresque épique que semblait promettre Falid (avec un seul L, vous suivez ?) et faisant souffler un vent glacial de nos enceintes. Même le passage acoustique vers 3,30 minutes reste cohérent, tout en simplicité, introduisant un passage païen du plus bel effet, avec ces chœurs mélancoliques et graves. S’ensuit une reprise virulente et une montée en puissance irrésistible qui aboutit à un final sublime et bouleversant où les guitares fusionnent leur chant céleste en une myriade de feu qui vient épouser les choeurs et ce chant hurlé qui se fait plus lointain et plaintif, muant sa haine sauvage en une sorte de résignation sourde et douloureuse empreinte d’une beauté touchante.

Après 40 minutes d’une musique intense, violente et chaotique, Allir Vegir Til Glötunar s’achève, nous laissant pantois et éreintés. Pendant ces cinq pistes, on a voyagé, on a côtoyé le sublime, on a été bousculé par des bourrasques brusques et imprévisibles et on a parfois vogué sur les eaux trop calmes et lisses de l’indifférence. Une chose est sûre, Nadra n’a pas encore atteint la perfection, trop irrégulier, impétueux, instinctif et animal, trop humain en somme, mais il s’impose d’ores et déjà comme un groupe au potentiel fabuleux à suivre de très près, capable de nous transporter très loin et de nous secouer d’émotions d’une intensité peu commune. A découvrir sans tarder, en attendant le prochain joyau de la scène islandaise…

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