Lorsque Haarbn Production ne s’intéresse pas aux formations du Moyen-Orient, il jette généralement son dévolu sur les opus sortant des sentiers battus. Si on regarde le catalogue de ce label discret, on verra pas mal de choses non conventionnelles comme du black prog, de l’expérimental ou du cyber metal. Avec Swampborn, c’est le coup de cœur. Originaire de la province de Volgograd en Russie, le duo officie dans le black expérimental et progressif depuis 2011. Ils sortent leur premier EP «
Alleged Escape » en version digitale et de façon autoproduite avant de recevoir le soutien de Haarbn. Résultats : les copies sont en distribution et la promotion est en cours, permettant aux amateurs de nouveautés et d’expérimentation de se jeter sur cet EP…particulier.
On peut se retrouver perplexe quant à la durée des deux uniques titres. Dix et treize minutes, c’est particulièrement long. Heureusement, Swampborn arrive à emporter l’auditeur et à lui faire oublier l’ennui, chose qui n’est pas forcément aisé lorsque l’on officie dans l’expérimental. Il faut faire attention aux pièges, ne pas tomber dans la linéarité, éviter les passages hors propos et ne pas trop se laisser emporter par sa folie artistique.
Pas d’inquiétudes à avoir dès le premier bout, « Augoeides », qui nous fait part de samples de jungle avant de faire venir progressivement les guitares, d’abord acoustiques, puis électriques. Le côté black arrive ensuite dans le riffing et dans les vocaux. Ce n’est en tout cas ni bourrin, ni bestial, ni démoniaque. L’agressivité est de mise mais laisse finalement place à la mélodie grâce aux guitares plaintives. Les changements d’accord sont bien faits et la ligne conductrice finit par nous présenter différents plans de batterie, ce qui n’est pas négligeable. Cela nous emmène bizarrement à une coupure puis à quelques notes de piano. Peut-être trop brute, puisqu’on a l’impression d’avoir changé de morceaux. Mais la mélodie de début nous ramène finalement à la raison avant de conclure sur de l’instrumental.
« Muscarum », le second bout, propose une facette plus mélancolique de Swampborn. Une atmosphère dramatique se pose doucement grâce aux violons, aux guitares et aux clochettes avant de nous offre une mélodie lamentée accompagnée de samples de personnes qui pleurent. Ce n’est qu’ensuite que le rythme s’accélère légèrement, soutenu par des cris black dépressifs. L’agressivité reprend le dessus quelques minutes plus tard avec une batterie plus féroce. Swampborn joue aussi beaucoup avec la tonalité des notes de ces guitares et fait intervenir les claviers aux moments les plus inopportuns, histoire de déstabiliser ses auditeurs. La suite paraît ainsi moins mélancolique, mais certainement plus joyeuse.
Pas facile d’être concret avec un album qui ne l’est pas du tout. Swampborn offre un bon premier EP certes difficile d’accès, mais ayant le mérite d’être original, ce qui n’est pas le cas de tous les opus de groupes qui se prétendent officier dans le style.
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