Dans le monde du
Metal progressif l'album concept est loin d'être une rareté. Mais a t-on déjà été confronté à un concept aussi tordu, absurde et osé que de narrer la vie d'une paille, qui plus est de manière épique et grandiloquente? Ne cherchez plus, The Dali Tundering Concept l'a fait avec son nouvel album All Mighty Men – Drifting
Through a Proesthetic Era.
DéJà habitué à porter un regard critique sur la société de consommation et l'Humanité en général a décidé de remettre le couvert en conant l'Odyssée de “Barry la paille” . Dans un Monde où les humains sont considérés comme des divinités par les machines et objets manufacturés, une paille du nom de Barry décide de se rebeller contre ses créateurs lorsqu'elle se rend compte qu'elle est à usage unique et que sa destinée est de finir à la poubelle plus vite qu'elle ne l'aurait imaginé. On ne va pas trop en dévoiler pour laisser à l'auditeur la surprise ainsi que sa propre interprétation de l'album, néanmoins à mi chemin “entre Le Seigneur des Anneaux et Sausage Party” semble être la description parfaite , par le groupe lui même, de l'histoire de Barry.
Démarrant sur une voix robotique, narrant l'univers dans lequel se tient le récit,
God Is
Dead, le titre d'ouverture, introduit l'album d'une bien belle manière avec un crescendo puissant, mêlant Electro et
Deathcore/Djent instrumental. La production saute directement aux oreilles, claire et puissante, elle participe activement au souffle épique de cette introduction et servira parfaitement les morceaux de cet album aventureux.
Aventureux car, pour ceux qui ne conaissent pas encore TDTC, le groupe ne recule devant aucune expérimentation ou metissage musical, pour donner une personnalité inédite à son Djent/
Deathcore progressif. Prenons par exemple le morcaux
Lost in Transaction mêlant habilement riffs polyrythmiues, transitions jazz, couplets rappés et refrains mélodiques avant de se clôre par des blasts et ambiances néo-classiques épiques.
Un autre morceau phare de l'album
The Sea Starts Here démarre en trombe sur un riff progressif à mi chemin entre One
Hand Killing de
Twelve Foot Ninja et le
Opeth des années 2000 (sincèrement quel riff d'ouverture!), pour ensuite développer 3 minutes de
Deathcore ravageur qui se conclueront par une ré-interprétation trap (!?) du riff d'ouverture.
Et que dire du très beau Candid Monster achevant l'album? Sorte d'Electro/Trap/Pop mélodique et envoûtante débouchant sur un final “Devin Townsendien” puissant et touchant.
À aucun moment ce mélange stylistique n'est indigeste ou surfait. Le groupe réussit le tour de force de garder l'équilibre entre le côté “loufoque et barré” de ces expérimentations et l'émotion qu'elles apportent aux morceaux et à la narration du récit.
L'apport des différents invités est également indéniable, que ce soit Matteo Gelsomino (Sal3m) et ses mélodies vocales sur
Lost in Transaction, le violoncelle du talentueux
Raphael Weinroth-Browne (
Leprous) sur l'interlude
Styx, le jeu de guitare mélodique, complexe et léché et de Jake Howsam Lowe (
Plini) sur l'instrumental Serenading
Silence et la btterie complexe de Morgan Bethet (
Kadinja,
Myrath), mais également plusieurs autres invités, le groupe réussit l'exploit de réunir un dream team du Metalcore/
Metal Progressf underground pour sublimer son album.
Car oui la performance des musiciens et vocalistes sur cet album est majuscule. Des parties de batteries denses et complexes, aux riffs de guitares et basse syncopés tout est exécuté avec maîtrise et perfection. L'apport de plusieurs chanteurs différents permet également un panel d'émotions variées tout au long de l'album.
Annoncé vers la mi 2021 et repoussé deux fois, le groupe aura mis le temps pour peaufiner son troisième album, mais autant dire que l'attente n'aura pas été vaine. Si l'on pourra peut être regretter la durée de l'album (35 minutes seulement) même si en contrepartie le récit est extrêmement bien structuré et balancé; et également une édition digipack très peu pratique (pas de livret mais des cartes rigides plus grandes que le boitier, faciles à égarer, ...), cela serait vraiment chipoter face à la qualité de l'album.
All Mighty Men est un concept saugrenu et profond, parfaitement exécuté et pouvant déjà prétendre être l'un des meilleurs albums de ce début d'année 2022.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire