Liste des groupes Metal Alternatif All Ends All Ends

Quel est donc ce mystérieux pouvoir qu’ont sur moi les groupes de métal féminin ? Dès qu’un petit nouveau se présente, je ne peux m’empêcher de pousser la curiosité jusqu’à me procurer leur dernière œuvre… Or, les surprises sont, hélas, rarement bonnes. Et ce n’est pas le premier opus éponyme de All Ends qui dérogera à cette triste constatation… Je dois dire que je m’étais peut-être un peu trop monté le bonnet avec le line-up original de ces suédois : 2 filles au chant et 3 mecs aux instruments… La recette miracle pour une musique hors du commun ?? Pour ce qui est de ce premier album en tout cas, la mayonnaise n’a pas pris et All Ends semble prendre un malin plaisir, chanson après chanson, à décevoir les espoirs que l’on aurait pu fonder en eux…

Il faut dire qu’ils commencent fort : « Walk Away » démarre sur les chapeaux de roue en nous balançant des riffs simples et efficaces qui nous font directement augurer le meilleur, d’autant qu’on comprend vite l’intérêt du duo de chanteuses, dont la tessiture vocale, très différente, pourrait se compléter à merveille, une dans les aigus, la seconde dans les notes plus graves. Je dis « pourrait », car si le refrain est ici plutôt réussi, ce ne sera pas le cas dans tous les morceaux. De plus, si le potentiel du groupe nous est déjà révélé, son principal défaut aussi : le manque flagrant d’originalité et d’inspiration. All Ends a réussi un triste exploit : être répétitif en une seule piste : on s’ennuie ferme dès la fin du deuxième couplet ; c’est trop linéaire, sans nuance…

On est ensuite surpris par la tonalité plus pop de « Still Believe », tant au niveau des guitares que du chant. Sympathique, sans plus. On se rapproche fortement des productions de groupes tels que Fireflight ou Hydrogyn ; on aurait pu croire que la standardisation d’une musique plus commerciale qu’autre chose était un mal réservé aux groupes américains…
« Close My Eyes » s’inscrit exactement dans la même dynamique : des morceaux courts, rythmés, mais sans personnalité aucune, où l’on ne perçoit d’ailleurs plus vraiment l’intérêt d’alterner les deux chanteuses, tant le passage de témoin ne change rien au déroulement de la mélodie.

Tout en restant résolument axés pop, on note dans « Apologize » et « Wasting Life » un effort de composition par rapport aux titres précédents. On s’ennuie d’autant moins que la prestation des chanteuses y est, sans être transcendante, tout à fait honorable. Cela ne suffit cependant pas à relever le niveau général d’un album condamné à l’anonymat, alternant le bon et le moins bon, parfois même le mauvais (« Spend My Days est franchement râté).

Pourtant, si la plupart des morceaux, à l’image de la pseudo-balade « What Do You Want », sont médiocres, tout n’est pas non plus à jeter dans cet album. Quelques riffs bien sentis et plus métal, ainsi que certaines prestations des chanteuses sonnent comme de surprenantes et notes d’espoirs, impromptues et inespérées au sein d’un album ruiné par le manque de maturité et la volonté de toucher un large public. C’est notamment le cas dans « Pretty Words » et « What We Say ».

La fin de l’album reste relativement constant dans la médiocrité : « Regrets », « Treat Me Right », « We are Through », « Just A Friend » et « First Time » finissant d’enfouir All Ends au fond du tiroir des déceptions. Néanmoins, l’étrange « Ready To Go Back », s’il est trop court, décousu, pas particulièrement beau vocalement, alternant maladroitement les passages pop avec d’autres plus musclés, semble vouloir enfin nous rappeler qu’on est en présence d’un groupe suédois tout de même qualifié de « métal » (je ne pousserai pas l’usurpation jusqu’au terme « mélodique »). Mais ce timide rebond final restera vain, presque ridicule.

Mon avis est fait : ce groupe est à oublier. All Ends semble avoir oublié qu’un potentiel, même très prometteur, reste malheureusement de l’ordre du virtuel si l’on ne se donne pas la peine et les moyens de le développer… A moins d’un miracle, je ne vois donc pas comment leur prochain album pourrait remonter la pente. D’ailleurs, vu la gueule de la pochette, épurée et élégante, tout ce qu’il y a de plus « fashion », je ne me fait pas beaucoup d’illusions quant à son contenu, et ce même si le groupe a su convaincre Nuclear Blast… 9/20