Algid

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16/20
Nom du groupe Uncommon Evolution
Nom de l'album Algid
Type Album
Date de parution 17 Janvier 2020
Enregistré à Machine Shop
Style MusicalStoner
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Close to Toast
 05:36
2.
 Ice Sphere
 06:46
3.
 Harder than Hickery
 04:58
4.
 Hansomly Stoned
 06:32
5.
 Lung Smudger
 06:15

Durée totale : 30:07

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Uncommon Evolution


Chronique @ Hibernatus

25 Janvier 2020

We want more !

Le Montana est un état américain frontalier du Canada, occupé principalement par les pics des Montagnes Rocheuses, des forêts, des lacs et une superbe biodiversité. Ah oui, c'est vaguement peuplé, aussi, genre 2 habitants au km2. Dans cet environnement sauvage, la bourgade de Whitefish (7000 âmes) fait figure de mégapole. Miseriez-vous un cent de dollar (c'est moins cher qu'un centime d'euro) sur l'émergence d'un bon groupe de Metal dans cet endroit perdu ? Non, bien sûr, et vous auriez tort. Je ne sais pas si le nom de la formation, Uncommon Evolution, est lié à l'improbabilité de son apparition, mais force est de reconnaître qu'on songe plutôt à un étonnant phénomène de génération spontanée.

La très classieuse pochette de leur premier full length, « Algid », illustre un paysage périurbain caractéristique du Montana, bien éloigné de nos immondes et tentaculaires zones d'activité. Magnifique composition que ces montagnes enneigées, avec cet imposant douze cors relevant la tête pour exhaler un nuage de condensation strictement parallèle aux crêtes de sapin qui émergent de la brume en arrière-plan...

Coïncidence, pour moi, le Montana évoque les polars de James Crumley et ses héros borderlines, grosses brutes au grand cœur amateurs de bagarres, d'alcool, de substances prohibées, de grands espaces et de causes perdues. Et vous savez quoi ? C'est exactement eux, les Milodragovitch et les Suegrue, que m'évoque l'écoute de la musique d'Uncommon Evolution.

Le groupe émerge en 2013 dans cet improbable trou pommé, et comme je l'ai déjà suggéré, on ne sait trop si c'est du fait de Darwin ou de l'Intelligent Design. Mais dans ce dernier cas, il faudra y voir la patte du Démon, ou alors c'est que Dieu s'est très sérieusement encanaillé par les temps qui courent. Ils enchaînent deux EP auto-produits en 2014 et 2015, dans lesquels ils déclinent une musique joyeusement multiforme : du Hard, du Country, du Sudiste (on peut dire ça de gars du Montana?), du Punk, du lourd, du grotesque, du bourrin, le tout dans un esprit déjanté, festif et loufoque. Interrogés sur leurs influences, ils répondent volontiers : « Everything. Even you ». Je leur ferai la grâce de ne pas le prendre pour moi, ma créativité artistique digne d'un parpaing leur serait un trop lourd handicap.

Sans que tout soit mémorable, on relève dans tout ça une solide maîtrise instrumentale. Le Whistling Joe du second EP dénote une belle aptitude aux compositions plus complexes, avec de fort réussis passages atmosphériques. Ils n’hésitent pas à se bouger pour enregistrer les disques qu'ils font produire au fameux Machine Shop, qu'ils suivent du New Jersey au Texas lors du déménagement du studio. Ils finissent par se lier d'amitié avec le boss, Gene Freeman, alias Machine, qui les prend personnellement en main dans la production de leur 3e EP de 2017, où ils délivrent un gros Hard crasseux aux accents Stoner, diffusé beaucoup plus largement par un label spécialisé dans le genre et qui les a signés juste avant : Argonauta Records. Tous ça leur ouvre des portes dans lesquelles ils s'engouffrent, tournant notamment en ouverture des Texans de Clutch.

Cette patiente success story se devait d'être couronnée par un premier album : c'est chose faite avec « Algid », fraîchement sorti en ce début d'année 2020. L'essai est magnifiquement réussi, tant la qualité des compositions fait passer les meilleurs titres des EP précédent au rang d'ébauches mal dégrossies. Le groupe a franchi un net palier dans la maturité ; il développe des ambiances à la fois lourdes, puissantes et éthérées que magnifie l'impeccable production de Machine, qui rend par ailleurs pleinement justice au jeu parfaitement complémentaire des quatre musiciens.
Le lead guitariste River Riotto tisse de belles arabesques et profite des passages accélérés pour se lâcher de la plus belle manière. La section rythmique est de première bourre, avec le batteur Matt Niles au jeu toujours pertinent et varié, et le superbe bassiste Rick Bushnell, qui est l'un des deux très gros atouts de la bande. Le deuxième atout est le second guitariste Briar Gillund, que l'on remarquera avant tout pour sa voix des plus atypiques, à la tonalité monstrueusement grave et caverneuse.

J'ignore ce que ça donne en concert, mais sur l'album, le chant de Briar impressionne et captive ; son prénom se prononce-t-il « braillard » ? C'est à la fois vrai, tant il imprime une intensité sans pareille au déroulé des titres, et faux dans la mesure où ses lignes vocales se révèlent étonnamment subtiles. Ceux qui sont réfractaires au Stoner ne pourront qu'y trouver un avantage : ils ne risquent pas de s'endormir car en plus des incessantes variations de rythme, ils seront réveillés en permanence par la GRÔÔÔSSE voix de Briar Gillund ! Lancez donc l'écoute de l'opener Close to Toast et vous aurez un parfait exemple du genre de montée en puissance vocale sans le moindre effort apparent ; et le titre suivant vous achèvera.

Après, du Stoner, faut voir. En relèvent sans conteste l'épais Lung Smudger ou le judicieusement nommé Hansomly Stoned ; encore que des passages accélérés avec de vibrantes guitares et une rythmique bien martelée sont toujours là pour briser toute espèce de monotonie. Inutile aussi de rappeler la voix de Briar : il est de ce type de prof qu'on a tous eu au moins une fois dans notre scolarité, le genre où toute baisse d'attention repérée se soldait par une cuisante baffe de grizzly.

C'est justement le trot du grizzly qu'évoque le bien balancé Harder than Hickery. Gros hard/Heavy un poil déjanté, ce titre avait été diffusé avant la sortie officielle et se trouve beaucoup plus raccord avec les précédents efforts du groupe. Toujours la même constante, le tempo varie beaucoup, et on apprécie particulièrement le calme passage sabbathien rehaussé d'un solo à la Iommi.

Malgré de ponctuels épisodes psychédéliques, on est plus dans l'obédience Heavy avec Close to Toast et Ice Sphere. Un Heavy lourd, très lourd. Doom ? Ce serait tirer sur la définition ; le fabuleux Ice Sphere, à mon sens le meilleur titre de l'album, s'en rapprocherait parfois, avec sa progression lancinante et hypnotique, la voix hallucinée de Briar Gillund et le sens de l'inexorable qui en anime le cours. Mais on n'est jamais dans les affres du désespoir, seulement dans le froid constat des implacables rigueurs et de la parfaite indifférence de la nature sauvage. Dans les deux cas, ces titres réussissent la prouesse de briser toute linéarité dans le développement d'un thème obsédant.

Et puis... Et puis voilà, c'est tout. Ce qui m'amène au gros bémol qui va tempérer mon enthousiasme vis-à-vis d'« Algid » : cinq titres, longs mais sans excès, qui totalisent seulement 30mn. Pour un full length du début des années 70, il n'y aurait rien à redire, mais les standards ont un poil évolué depuis, messieurs les gros bourrus mal dégrossis du Montana. Sans blague, vue votre inspiration, vous auriez pu sans risquer le filler vous fendre aisément d'un ou deux titres de plus. Allez hop, au boulot, et fissa, et qu'on ne vous y reprenne plus !

We want more !

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