Il est fort probable que personne ou pas grand monde n’ait entendu parler de «
Syven », formation en provenance de Finlande. Fondée en 2007, il apparait, après une démo en 2010, avec un premier long opus signé chez l’américain Vendlus Records. « Aikaintaite » est un condensé de nature, témoignage de l’esprit des ancêtres. Un ouvrage qui met en valeur l’environnement sauvage et reculé de Finlande, mais aussi celui des peuplades ayant vécu en complet harmonie avec ce qui les entourait et les nourrissait. C’est à la fois un bond à travers le temps, mais aussi un rappel de cette existence où l’homme n’était pas si différent et indifférent à la terre où il vivait. «
Syven » est plus à considérer comme un groupe d’ambient, même si son fort aspect tribal ferait pencher la balance vers l’univers pagan. Ne vous apitoyez pas sur la couverture d’illustration sans éclat d'« Aikaintaite », «
Syven » vous fera voyager loin, au-delà de votre imagination.
Ce premier ouvrage recèle de trésors, pas des trésors enfouis, mais des trésors à la portée de n’importe quel être. On retournerait à une époque quasi primitive si on juge de la seule part en humanité du produit, c’est-à-dire le chant.
Pas un chant avec des paroles (ou très peu) plus exactement une voix d’homme, rude, barbare, entrant en osmose avec les éléments du décor qui l‘entourent. Et quel décor! Un monde froid, vierge. Une étendue forestière immense, si on en vient à « Syvyys ». On croirait que c’est la nuit d’ailleurs. Des oiseaux nocturnes se manifestent, de même que l’on croirait apercevoir le ciel illuminé d’étoiles à l’écoute de l’ambiance atmosphérique créée par les claviers de l’instrumentiste A T. Il n’y aurait que cette voix, ponctuée de petits cris violents d’homme sauvage et les percussions pour nous signaler que cet univers idyllique est néanmoins dur et impitoyable. La beauté des astres se déploie encore sur l’entame de « Jäljet ». Contrairement au précédent le titre est chargé en intenses émotions. Un ressenti très fort qui se dégagerait des voix ancestrales, mais aussi de la douceur musicale. La guitare électrique en second plan serait quasiment la seule à ne pas faire preuve d’autant de compatissance au milieu de ces airs lents et reposants. Les notes fines et étincelantes des claviers se mêlent ainsi au grésillement de la guitare, bien que celle-ci ne prendra place qu’en second plan. Elle culmine les hauteurs sur le dernier tiers, lorgnant l’horizon qui s’ouvre à elle.
Ce grésillement s’intégrera également dans « Tuulenvire », même si l’environnement perçu serait moins abondant. On touche ici aux profondeurs. Les sonorités se font plus discrètes. Elles scintillent, dominées par la voix d’A K S. Cette voix si caverneuse et peu bavarde, se montrerait plus mélodieuse sur « Ne Jotka Selviäviät Talvestamme ». On y remarque peu avant la moitié de piste l’intrusion d’un riffing qui sait toutefois se montrer suffisamment discret pour ne pas perturber l’ambiance immersive du morceau. Tout n’est que paysages et détente au travers de ces 5 pistes que compte l’album, avoisinant parfois les 20 minutes. Les oiseaux, les animaux, ce qui peuple ces immensités, ont leur place dans la musique. Mais il serait impossible de s’y approcher, juste se faire surprendre par leurs bruits de temps à autre, durant notre long parcours. Nous percevrons d’ailleurs nos pas sur un sol que l’on devine mouillé sur « Jäänkätkemä ». La musique est à l’image de l’eau qui tombe des branches des arbres après la pluie, délicate, limpide, étiolée.
Qu’est ce qui anime «
Syven »? Cette nature toute puissante que l’on croirait entendre? Ou un ancien rêve qui nous est rappelé comme un avertissement? Nous voila seul, seul au milieu de nulle part. Nous sommes perdu dans une région inconnue, sans nulle civilisation. Mais au lieu de s’affoler, on serait au contraire quiet et serein. Le premier album de «
Syven » est une forêt, il s’afficherait parfois monotone, mais il s’agit d’un vaste endroit où les êtres aiment s’y cacher et se sentent à l’abris. Abrite toi aussi dans la forêt d’« Aikaintaite ».
14/20
La musique y est mystique, cela me fait penser un peu à du Viter..
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