Liste des groupes Deathcore Defamed Aeon

Un nouveau projet pour un nouveau départ : voici comment nous pourrions définir Defamed. Cette récente formation de deathcore italienne est, en réalité, composée de tous les anciens membres d’une autre groupe de deathcore fondé en 2014, à savoir Drown In Sulphur. Seul le batteur, Domenico Tamilia, ne fait pas partie de la line-up, puisqu’il est le responsable de la rupture de Drown In Sulphur. En effet, après de multiples tensions, de conflits et de désaccords au sein du quintet et après avoir assumé la direction des réseaux sociaux du groupe, ce dernier a tout bonnement détruit l’activité de la formation.

Concrètement, Drown In Sulphur s’est tout simplement scindé en deux et Defamed sonne comme un second souffle pour nos musiciens italiens. Pour cette imprévisible quête, notre quintet a fait appel au batteur Norman Ceriotti. Mais, reconstruire son avenir sous un nom inconnu du public et sans posséder une grande notoriété dans une scène déjà bondée sonne comme un défi quasiment impossible à relever. C’est pourtant avec un EP sorti en fin d’année du nom d’Aeon que les italiens veulent prouver qu’ils n’ont rien perdu de leur savoir-faire.

Composé de six titres, cette autoproduction propose quatre morceaux déjà publiés avant l’annonce du disque, que sont In Tenebris, le titre éponyme, Circles et Doves. Abyss et Wounds sont donc les deux seuls singles encore inédits du quintet italien. Ce que l’on peut d’ores et déjà noté, c’est que cette réincarnation a permis à nos musiciens de se détacher facilement d’un deathcore devenu trop prévisible, parfois même stéréotypé. Dans ce contexte, nous sommes toujours dans une déferlante de lourdeur et d’impétuosité, mêlée à des atmosphères mélodiques, djently, progressives mais aussi black.

Ce qui créé déjà une certaine singularité à la formation, c’est la présence de ses deux vocalistes. Ainsi, le growl et la voix rauque de Mattia Maffioli, fusionnée par le scream et la voix criarde de Simone Verde, également un des deux guitaristes du groupe, permettent une plus grande diversité dans les prestations vocales de nos italiens. Parfois, les deux chants ne font que se croiser, comme pour Abyss et Aeon par exemple. Mais parfois, les deux techniques se dissocient et amorcent des ambiances bien moins banales. C’est le cas particulièrement des chuchotements inquiétants mais ingénieux proposées dans Circles.

Le quintet use également de rythmiques très variées, parfois inattendues, mais toujours d’une réalisation impeccable et d’un divertissement aguicheur. Ainsi, un titre comme In Tenebris, qui démarre par une simple guitare acoustique, dans un aspect déjà inquiétant, fini par prendre une ampleur bien plus majestueuse et met en œuvre une influence mélodique et harmonieuse, assez comparables au blackened deathcore de Lorna Shore ou aux compositions plus symphoniques de Shadow Of Intent. Le morceau prend encore un tout autre tournant à la fin avec des guitares graves intimidantes et un breakdown tout en progressivité.

En plus de ces diverses empreintes, Defamed tente des approches modernes, sans pour autant perdre de sa véhémence. Ainsi, on appréciera Doves qui, même s’il reprend les codes classiques du deathcore avec une hâtiveté sans précédent, une brutalité sans limites et un chant d’une grande barbarie, persiste dans une veine mélodique de par la présence de claviers, mais aussi de son solo final, sans prétentions mais d’une émotivité admirable, maintient un certain groove grâce à son riffing djent et use d’une belle ingéniosité via son breakdown où chaque instrument possède son moment de folie.

C’est un cadeau de Noël avant l’heure que vient de nous délivrer Defamed avec Aeon et surtout une bien belle vengeance de prise sur son passé. Le quintet peut se vanter de diverses qualités, dont la principale se résume à une prise de risques impressionnante mais parfaitement maîtrisée, qui lui vaut d’être totalement unique. On peut aussi ajouter une modernité séduisante, une technicité phénoménale et une passion transpirante, ce qui classe les musiciens parmi les groupes à suivre de deathcore. Un retour qu’il faudra désormais confirmer dans un futur album.