Liste des groupes Heavy Mélodique Wicked Sensation (GER) Adrenaline Rush

L’adrénaline est une hormone qui vous permet de faire face à une situation de stress et de développer ainsi une réponse motrice rapide et adaptée. Elle pourra aussi vous être d’un grand secours en cas d’arrêt cardiaque, chose qui risque de vous arriver si vous découvrez trop tardivement que vous êtes passé à côté ce nouvel album de Wicked Sensation.

Bon, comme tout le monde se fiche éperdument des données physiologiques, revenons un peu sur ce quatrième album de notre formation de Heavy Mélodique teutonne. En 15 ans d’existence, trois albums sortis avec un rythme lent mais régulier, possédant une qualité irréfutable… mais n’ayant bizarrement pas eu le succès escompté. Manque de concerts ? De chance ? Parlons-en d’ailleurs de la chance car elle semble avoir fait terriblement défaut au groupe dès le début de l'aventure Adrenaline Rush. En effet, l'enregistrement, loin d'être de tout repos, a été parsemé d’embûches et non des moindre, allant jusqu'à empêcher Robert Soeterboek de pousser la chansonnette.

Afin de ne pas nous priver de ce timbre de voix si unique qui faisait l’originalité de Wicked Sensation, le grand manitou et non moins talentueux guitariste Mickael Klein a joué son ultime joker en faisant appel à un ami. Welcome David Reece, beaucoup plus connu pour ses talents de frontman au sein de Malice, Accept et de l’excellent Bangalore Choir, que pour son physique exceptionnel.
D’autres amis, dans ce soucis de solidarité, ont d’ailleurs contribué à ériger cet édifice, offrant des brochettes aussi belles que surprenantes. Qui aurait pu penser à rassembler Eric Ragno, claviériste chez Graham Bonnet, malheureusement au chômage technique ces derniers temps, et le grand Harry Hess, le plus canadiens des chanteurs d’AOR, profitant de cette situation pour s’émanciper un peu plus encore de son neurone miroir hexacordiste … une infidélité qui s’étalera d’ailleurs sur plus d’un titre.


Avec tant de péripéties, les compositions ont-elles de quoi faire exploser le groupe vers une reconnaissance internationale? Est-ce que plus c’est long, plus c’est bon (je parle de l’attente mesdames, inutile de commenter… )? Il faut bien admettre que les maîtres d'oeuvre ne sont pas des manchots et sont les géniteurs d'une avalanche de riffs inébranlables, de refrains inébranlables, les compositions sont simplement imparables… Ils n’ont donc pas tortillé de l’arrière train et ont chié le plus droit possible (mélodiquement parlant), comme le veut la sacro-sainte tradition germanique. Direct, certes, et sans de prises de risque… quoique… un léger changement musical s’est opéré, un peu plus sombre et heavy par rapport aux anciennes productions du groupe.
A contrario de la Mère Michelle qui a perdu son chat (…le Père l’Eusses-Tu Cru l’ayant vendu), Wicked Sensation, lui, n’a pas perdu la fougue et le professionnalisme qui l'anime depuis le début, les premières notes de « King Of The World » sont là pour en témoigner.

Une petite originalité ? Eh bien écoutez le second titre, le très rock et groovy « The Same Old Situation » avec le relief qu’apportent les claviers arrangés en cuivre… et l’interprétation ultra convaincante de notre ami Reece, qui en fait des tonnes et en permet un décollage quasi instantané… Reece apparait vraiment comme l’homme de la situation.
Bon je dois avouer avoir eu un moment de nostalgie, une émotion particulière à l’écoute de « Leave Me Like A Fool », qui revêt une certaine ressemblance avec les compositions présentes dans l’un de mes albums de chevet, le « Right Between The Eyes » d’Icon, forgé par le mélange magique entre le Heavy sans concession et le hard Fm…

Un autre titre pour vous convaincre d’acheter cet album ? Ecoutez « Misery », le titre phare de l’album, propulsé par la puissance d’un riff à la fois sombre, inspiré et envoûtant… et toujours l’originalité de cette voix, typique des 80’s avec ce grain inimitable … Ajouté à cela des soli efficaces et vous obtiendrez LE TITRE calibré pour la scène. Bénéficiant d’excellentes lignes vocales mais aussi des chœurs servant des refrains sans failles, l’entêtant « Living On My Memory » ne vous laissera pas de marbre.

Chaque titre est une pépite taillée de la manière la plus appropriée pour lui donner tout son éclat. Homogène, Adrenaline Rush l’est résolument, mais il regorge aussi de matériel qui saura plaire à tout le monde. Ceux d'entre vous qui n'apprécient pas forcément les albums essentiellement composés de rythmiques mid-tempo pourront se réjouir sur le progressif « Angel In Black », ou encore du très allemand et martial « Desperate Nation », en passant par le speed « Adrenaline Rush » qui ne renie pas non plus ses origines!

Le Heavy traditionnel mais toutefois créatif est donc à l’honneur, auréolé d'une mise en place parfaite et sublimé par la production sans faille de Monsieur Ward, qui a su créer une atmosphère lourde et sombre. Cette maîtrise du mid tempo, des titres gonflés par une énergie sulfureuse et présentant des variations rythmiques nécessaire afin d'éviter le côté «mou du genou » (maladie malheureusement répandue chez ce genre d’opus), en font un grand album que tout fan de Heavy mélodique qui se respecte se doit de posséder.

On finira par une petite surprise assez inattendue en dernière plage, mais je ne vous en dévoilerai pas plus… alors faites-vous plaisir et courrez acheter cet Adrenaline Rush, sortie majeure de chez AOR Heaven en cette fin d’année.