Revoilà
Whispering Tales. Après leur premier album «
Echoes of Perversion» au concept original, l'adaptation d'une nouvelle de dark fantasy de 140 pages en musique, le groupe des environs de
Marseille nous présente un nouvel EP.
Trois titres seulement? Eh oui, c'est un EP, mais qui dure tout de même 30 minutes. Une histoire de Steph Castelli, déjà auteur des paroles du premier album, accompagnée de la musique de Rémi Ruffe. Avec
Whispering Tales, il faut savoir que les paroles ont autant d'importance que la musique, c'était déjà le cas avec «
Echoes of Perversion», et
Ad Abolendam nous fera vivre un nouveau voyage dans notre histoire passée...
Laissons-nous guider dans cette remontée du temps et pour nous retrouver au pied du château de Montségur, la place forte de cette histoire, nous sommes en l'an 243...L'Église Romaine décide de mettre fin à «l'hérésie Cathare»... Comment
Whispering Tales va nous conter cette histoire dramatique en musique ?
Le premier titre de cet EP «Ashses in the Field» se décline en cinq parties, un titre long de 12 minutes qui commence tout en douceur, une intro qui nous conduit sur les lieux de l'histoire, et déjà la première bonne nouvelle, la voix parfois hésitante de Lucie sur le premier opus s'est transformée, la maîtrise est bien là dès les premières notes et ce pour tout l'album.
En plus des progrès en chant, l'émotion déjà présente dans «
Echoes of Perversion» semble s'être décuplée sur
Ad Abolendam, Lucie est totalement sous l'emprise de l'histoire qu'elle nous conte, elle la vit, elle nous la fait partager avec une intensité et une émotion palpables aussi bien par le chant qu'avec ses passages à la flûte traversière qui renforcent ici l'aspect mélancolique de cette histoire passée.
Et la musique s'oriente plus vers du métal progressif, les différentes étapes de cette aventure passent par des tempos rapides avec guitares saturées dès la seconde partie «the Good Men» avec le clavier pour soutenir la mélodie principale, la double grosse caisse fait son apparition, des chorus de guitares, ça reste du métal, et du bon même. Pour autant, jamais
Whispering Tales ne nous fera oublier la tragédie de cette histoire. L'orgue fait à son tour son entrée sur scène, en alternance de tempos rapides ou plus lents suivant les phases de l'histoire ; il représente l'Église Romaine et son rôle nous permet de comprendre les passages de batailles et de jugements au cours de ce terrible drame...
Le titre se finit avec une musique puissante, une colère contenue, et là encore Lucie nous fait vivre cette colère, à croire qu'en plus de chanter, elle joue le rôle, et puis, son personnage quitte tristement ces lieux avec mélancolie...et même une douceur....la souffrance des victimes est finie !
Un enchaînement où le heavy metal cédera progressivement la place à la flûte et à la guitare acoustique...pour quelques secondes encore.....elle est maintenant partie...
Suit un titre plus court «Limpieza de Sangre», 6 minutes quand même qui nous fera remonter au début du XVème siècle, un titre plus métal que le précédent, mais aussi dur. Et encore, la musique suffit presque à nous faire comprendre l'histoire, ce renoncement quasiment obligatoire à sa propre foi sous peine d'exil dans le meilleur des cas.... et la mélodie nous inspire ce renoncement par les voix, le piano, à contrario de la musique metal....toujours cette colère contenue.
Le troisième et dernier titre de l'album «Sidereus Nuncius» se déroule en 1610, Galilée... "Et pourtant, elle tourne"...on connaît la suite...
Le titre fait plus éthéré, c'est normal, nous sommes à la place du messager des étoiles et de son combat contre l'obscurantisme, un titre alternant la puissance au rêve.
Puissance avec les guitares et passages syncopés pour nous faire revivre ce duel....rêve lorsque s'ouvre à nous la route des étoiles, mais toujours en puissance, jusqu'aux dernières notes très douces qui expriment l'incompréhension et le regret.
Et c'est justement ce sentiment qui prévaut dès la fin de l'écoute...c'est fini?
Oui, ça passe bien vite trente minutes quand les histoires sont mises en musique, surtout lorsque c'est très bien interprété.
Mais un bon EP de trente minutes reste toujours bien plus agréable à l'écoute que le même, noyé dans des compositions bâclées pour faire un album d'une heure.
Whispering Tales a réussi à ne pas tomber dans ce piège.
Un EP d'une très bonne qualité musicale, un message contre toute forme d'obscurantisme, une invitation à redécouvrir l'Histoire. Et si l'album ne donnera guère satisfaction aux amateurs de metal brutal-death (mais ils peuvent toujours le découvrir et même l'apprécier), nombreux seront les esprits ouverts qui sauront apprécier «
Ad Abolendam» à sa juste valeur.
Si après cette écoute, il y a encore des gens qui pensent «les métalleux sont tous des affreux barbares incultes et sataniques qui ne font que brailler» peut-être leur faudra-t-il lire la dernière phrase de cette chronique:
Cet EP sera distribué gratuitement lors du prochain concert du groupe le 10 novembre
2012.
Alors, ils sont toujours méchants les métalleux ?
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