Ce qu’il faut savoir lorsque l’on met un disque de
Boris, c’est qu’on entendra une musique hallucinante, flirtant avec l’absurde. Il est, en effet, difficile de se positionner face à un tel déluge de sons ambigus où les repères musicaux sont irrémédiablement pulvérisés laissant dans l’expectative la plus totale l’auditeur en mal de sensation extrême. Ce groupe japonais fait de cette pièce un objet des plus fou qui joue avec nos perceptions et nos fantasmes les plus insensés.
Album de deux titres, mais dont le premier dure la bagatelle de 65 minutes, «
Absolutego » est avant tout un disque hallucinatoire provoquant des sueurs froides et qui resserre nos nerfs jusqu’à éclatement et la déchirure. Étouffant et sournois,
Boris est une expérience sonore extrême qui plonge dans le malaise, qui pousse aux derniers retranchements sensoriels.
C’est recroquevillé que l’on « subit » le flux strident ou sourd, malade, secouant nos fibres, attaquant le cortex à la limite de la migraine. Commençant, par plus d’une demi-heure de drone le plus craspec, l’expérimentation «
Absolutego » ne prendra pas réellement fin, l’élément drone devenant une véritable toile de fond. À cela s’accoupleront dans un mouvement hybride des pseudos-rythmes, des fausses montées d’adrénalines, des cris étouffés rappelant immédiatement le viscéral
Khanate. Cependant, à l’écoute de cet album, la référence la plus proche se trouve être
Sunn O))), ce sentiment de distorsion de la réalité, cette mise en apnée sonore, tous les principes du groupe culte américain imprègnent «
Absolutego » à ceci près que ce n’est pas que l’auditeur qui se trouve immergé dans ce flot pervers et malsain, c’est la composition même de
Boris… Irrévocable et sans appel, tout l’aspect instrumental est plongé dans cette moiteur étouffante rendant ce titre d’autant plus insalubre et suffocant.
Le plus impressionnant est que
Boris se trouve dans un état entre-deux, entre le viscéral de
Khanate et l’immersion de
Sunn O))), soit l’état le plus proche de la folie.
Tétanisant, titre est soit monstrueusement génial, indigeste pour certains provoquant une répulsion sans bornes, mais ceci, c’est toute la caractéristique de ce style instaurant le drone, le sludge comme pilier de soutenance, un rythme lent et chargé d’acrimonie latente à moins que ce soit la mutation d’un médium matériel en une essence sonore la plus « parfaite ».
Le deuxième titre (bonus) renforce la référence à
Sunn O))) se pliant bien au style mais aussi la construction complètement absurde de ce disque, étant bien plus court (huit minutes).
«
Absolutego(centrique) » est un album grotesque, habité par la folie, mais reste avant tout une expérience assourdissante. Psychédélique crade, immersion sonore provoquant la suffocation et la noyade autant qu’il nous entraîne dans son courant opaque où chacun est libre d’adhérer, ce disque est réservé prioritairement aux amateurs de mouvements dédaléens et abstraits.
À chacun de faire sa propre opinion, c’est un choix...
Le mien est fait...
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