Pour certains vieux de la vieille ou cinéphiles, il se pourrait bien que vous connaissiez
Powermad sans réellement le savoir. En effet, si vous avez déjà vu "
Wild At
Heart" (sorti en France sous le nom de "Sailor et Lula") du renommé David
Lynch avec notamment le non moins célèbre Nicolas Cage, alors votre subconscient n'a pas pu passer à côté du titre phare et introductif de cet
Absolute Power: "
Slaughterhouse". Si vous êtes passés à côté de cet ouvrage qui fut tout de même récompensé par la palme d'or au Festival de Cannes en 1990, peut-être l'avez-vous alors entendu dans le jingle de l'émission "MTV At The Movies". De là à ce que vous vous en souveniez, c'est une autre paire de manches...
Clôturant sur cette introduction cinématographique et télévisuelle, on peut se rendre compte que la carrière de
Powermad, bien que très courte et ponctuée de ce seul album dont il est ici question, connut une certaine forme de gloire. Aujourd'hui,
Absolute Power reste encore une rareté recherchée par tous les fans de power/thrash old-school au chant clair.
La réelle singularité de cet album est le bon équilibre entre un speed/thrash assez direct aux accents très américains avec des éléments très variés et assez progressistes aux consonances quant à elles plus européennes, transformant le rendu global en un power/thrash qui varie même à certains temps en un hard rock/heavy. Cela peut perturber les puristes mais cela démontre également une certaine richesse et casse une possible linéarité monotone.
De cette équilibre sont ensuite déclinés les dix titres dont chacun prend le parti d'un style par rapport aux autres. Par exemple, le thrash est surreprésenté dans la doublette "
Slaughterhouse"/ "
Absolute Power" qui prend d'entrée l'auditeur à la gorge de par son agressivité, tandis qu'un "Plastic Town" et ses infernales cavalcades se rangent dans le camp du power, alors que "
Return from Fear" et "Brainstorms" sont des mélanges subtiles des deux lorgnant dans le technique. Bref, pour peu qu'on fasse preuve d'éclectisme, il y en a un peu pour tous les goûts.
Autre singularité, et pas des moindres, est l'incroyable chant de Joel Dubay dont la voix, lorsqu'il vient à hurler, vient à flirter avec la puissance vocale d'un certain Rob
Halford. Rien qu'avec sa prestation, il permet d'aiguiser un "Nice Dreams" plutôt hard rock et efficace, mais qui sans Dubay aurait pu manquer de piment. De plus, placés sur des titres incisifs comme les terribles "Test the Steel" ou "Failsafe", ses cris devenus presque ultra-sons renforce des caractères déjà bien trempés. Son rôle est prépondérant car, notamment sur ces deux titres, la particularité de sa voix signe chaque morceau de manière très personnelle et fait de
Powermad un groupe quasi-unique en son genre.
La qualité intrinsèque de cet opus est mise en avant par une remarquable production qui, alors même que le son vient subrepticement à s'alourdir en toute fin sur le titre à l'intro accrocheuse "
Final Frontier", parvient en toutes circonstances à maintenir audibles les diverses subtilités de la musique. Cette production contribue donc fortement à cette sensation intense ressentie au fil de ces quarante-cinq minutes.
La réussite de cet album a peut-être souffert de l'année à laquelle il est sorti (1989), à une époque où les amalgames entre thrash et power, heavy ou autre ; je pense notamment à un certain Fistful of
Metal d'
Anthrax qui passait alors pour des balbutiements d'un genre à éclore ; faisaient partie du passé. Sans doute a t-il été perçu comme un retour en arrière qui, il est vrai, n'apportait aucune réelle évolution.
Toutefois l'avantage du temps écoulé est qu'il est désormais possible de mettre ces considérations chronologiques légèrement de côté et de ne garder en tête que la valeur réelle de l'album. Et cette dernière est indéniable, car derrière ce chant clair et ces accents power,
Absolute Power n'en reste pas moins un album très agressif, profondément thrash, ne s'embêtant pas de considérations douteuses. A sa façon,
Powermad ne fait pas de concession, se passant allègrement de la spirale de l'extrême trop souvent considérée comme unique voie vers l'intensité.
A l'instar de Laaz Rockit, Powermad n'a pas obtenu le succès qu'il méritait, et cela malgré la très bonne qualté de son ep "The Madness Begins..." (1988) et de son album "Absolute Power" (1989).
Comme la grande majorité des groupes de Speed/Thrash Metal (Atrophy, Intruder, Realm, Toxik, Wrath, etc...), les formations de Power Metal et de Heavy/Thrash Metal disparurent (ou furent reléguées au second plan pour celles qui persistèrent à rester en vie) au début des années 90, supplantées par le Death Metal, le Grunge, ou encore le Power/Groove Metal.
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