The Artisan Era est un label spécialisé dans les groupes de death metal technique et/ou progressif, et, qui plus est, plutôt underground, ce qui nous éloigne des grosses pointures. Tous les signataires sont d'excellents musiciens avec qui peu de gens peuvent rivaliser en terme de doigté, mais ces mêmes formations ont parfois tendance à se copier les unes sur les autres. Ceci dit, ça donne une idée de la qualité de la lame avec laquelle notre chair va être taillée, et pour cette chronique, ce sera une lame de marque Aethereus.
Groupe américain formé en 2014 sur les cendres de feu
Seker, nos musiciens débarquent enfin leur tout premier album full length nommé "
Absentia". Soulignons par la même occasion que ce disque est dédié à l'ancien bassiste du groupe, Shaun Hansen, décédé deux ans auparavant (R.I.P.), pendant la composition, remplacé depuis par Scott Hermanns. Au niveau de la pochette, s'observe ce timbre très flashy que l'on pouvait trouver sur celles des premiers disques de
Fallujah. Cela signifie-t-il que l'on va se retrouver avec du
Fallujah bis ?
Pas de panique, la réponse est non. La musique d'Aethereus est certes technique, mais n'a pas le côté atmosphérique de leurs aînés. Il n'y a qu'à écouter l'arpège sur "
That Which Is
Left Behind" pour le comprendre. Musique progressive ? Elle l'est assurément, et la mayonnaise prend dès les premières notes de "Cascades of Light", avec toutes ces coupures et ces changements de rythme à la
Gorod qui nous en mettent plein les oreilles. Le tout se voit enrichi d'un certain apport mélodique qui jamais ne tombe dans la note mielleuse venant casser l'ambiance. Ici, on fait du brutal et du mélodique sans que l'un ne prenne l'ascendant sur l'autre.
Pour ce qui est de la structure, Aethereus semble avoir privilégié une approche justement plus progressive, car les pistes les plus techniques sont justement celles du début. Au fur et à mesure que l'on avance dans l'univers des Américains, on tombe sur les passages les plus rentre-dedans, comme l'éponyme ou "The
Pale Beast". Ce choix de l'emplacement des morceaux est trompeur car, bien qu'à la première écoute, les premières chansons peuvent sembler un peu froides, il suffit de plusieurs écoutes pour s'en imprégner.
On pourrait en conclure que cet album est grandiose mais, malheureusement, ce ne sera pas le cas. "
Absentia" est un bon album, ni plus ni moins. En effet, si tous les ingrédients pour plaire sont là, comme une haute technicité ou un ensemble ne laissant rien au hasard, Aethereus ne parviendra pas à se défaire de son influence principale qu'est
Inferi. En effet, certains riffs semblent même avoir été piochés directement dans la discographie de ces derniers, à l'image du solo de "Writhe" qui ressemble en tous points à du
Inferi. D'ailleurs, curieuse coïncidence, c'est Mike Low, le guitariste d'
Inferi, qui s'est occupé du mixage. Moi, je dis qu'il y a mis sa patte dans le jeu.
On pourrait aussi citer les interludes "Mortal
Abrogation" et "With You I Walk" qui font beaucoup plus office de remplissage qu'autre chose, n'apportant donc pas de plus-value à l'ensemble. Si c'était pour faire office de transition, leurs enchaînements s'avèrent un peu maladroits car, sur neuf chansons, le premier intervient après à peine deux morceaux, et le second pour introduire le grand final du disque. Il aurait été plus judicieux, dans ce cas précis, de les incorporer directement dans les chansons plutôt que d'en faire des pistes à part entière.
Donc voilà, un bon album du moment, qui ne marquera peut-être pas les esprits sur le long terme mais qui, sur l'instant présent, aura de quoi nous offrir une certaine dose de sensations fortes, du moins, pour un temps...
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