Above

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
18/20
Nom du groupe Mad Season
Nom de l'album Above
Type Album
Date de parution 14 Mars 1995
Enregistré à Bad Animals Studio
Style MusicalGrunge
Membres possèdant cet album54

Tracklist

1.
 Wake Up
 07:38
2.
 X-Ray Mind
 05:12
3.
 River of Deceit
 05:04
4.
 I'm Above
 05:44
5.
 Artificial Red
 06:16
6.
 Lifeless Dead
 04:29
7.
 I Don't Know Anything
 05:01
8.
 Long Gone Day
 04:52
9.
 November Hotel
 07:08
10.
 All Alone
 04:12

Durée totale : 55:36

Acheter cet album

 $3.43  39,92 €  8,95 €  £31.10  $54.85  9,99 €  37,95 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Mad Season


Chronique @ Hacktivist

25 Juillet 2014

Un recueil fantomatique déposé par un Layne Staley à peine humain devenu ni plus ni moins qu'une simple âme vagabonde...

Le sang grunge à moitié déchiré par ses démons, essoufflé de n'être plus qu'un esclave face à son addiction à la drogue, de voir ses amis et ses proches partir sous les yeux apeurés d'un homme déjà rongé jusqu'aux os... tant de raisons de penser que ce jeune homme aurait pu se suicider des mêmes manières qu'un certain Kurt Cobain il y a un an, un mois et neuf jours à l'aube d'une nouvelle mutation du célèbre mouvement de Seattle. Loin de nous l'idée de tout dramatiser, mais il est fortement possible que si l'échappatoire musicale dénommée Mad Season, symbole d'une lutte acharnée, d'une veillée funèbre sombre et tragique jusqu'à la prochaine victime de la liste qui sera en effet la petite amie de Layne Staley en 1996 (mystérieusement décédée à l'âge critique de vingt-sept ans) n'avait jamais vu le jour, ce génie de presque trente ans aurait sans doute pu nous quitter, quelques années après le fabuleux « Dirt » - avec le sentiment d'avoir laissé sa carrière musicale en suspens, voire même inachevée. Preuve qu'un rassemblement encore plus dramatique que celui délaissé par les pourtant très affectés membres de Temple Of The Dog en 1991 est possible. Ironie du sort, ce sont ces mêmes musiciens de Mad Season combattant sans relâche leurs démons, comme nous l'évoquions auparavant, qui verront deux de leurs quatre membres périr quelques années après le sublime chapitre ouvert par « Above ».

Dans ce cas-là, l'expression musicale est l'unique chose qui permette d'éviter de trop penser à sa douleur, au mieux de la retarder, et donc de s'enfermer dans un monde sans pareil. Il ne faudra donc pas s'étonner si l'on vous suggère qu'entrer dans ce « Above » est comme si vous entriez dans la vie très secrète de Layne Staley... C'est en effet, un projet d'autant plus intime, profond et personnel que ne l'a jamais été Temple Of The Dog, rejoignant par ailleurs, la sensibilité et le côté bluesy de Pearl Jam avec l'aspect dur, sombre voire éprouvant des compositions d'Alice In Chains et de leurs quelques influences jazz passagères survenues sur « Facelift » ou bien au sein de la fameuse doublette « Sap/Jar of Flies ». Venons-en maintenant à un des points essentiels de cet opus : la production, qui, signée de la patte de Brett Eliason (Pearl Jam, Neil Jam) est parfaitement maîtrisée, soignée, de plus, le son s'avère juste et précis et chaque instrument contribue à produire une essence très spéciale, une ambiance peu commune. Aucune faute de goût donc, pas même dans le choix des musiciens qui embellissent l'oeuvre : par exemple, Barrett Martin (Screaming Trees, ex-Skin Yard) a étudié le jazz tandis que John Baker Saunders est un pur bassiste de blues et pour finir, Mike McCready a de l'expérience en la matière puisqu'en plus d'avoir officié dans le supergroupe brandissant du nom de Temple Of The Dog et d'être un membre permanent & essentiel de Pearl Jam, il est sans doute l'un des guitaristes les plus habiles et virtuoses du Seattle Sound à ce jour.

Ce qui est encore plus frappant, c'est de se rendre compte qu'au final, nos deux acteurs présents sur la photographie qui se regardent et s'admirent yeux dans les yeux immortaliseront peut-être l'un de leurs deniers instants privilégiés dans leur vie de couple (une photographie qui renforce de manière inévitable, l'attachement que le public a pu avoir pour ce jeune homme et son histoire demeurant hors du commun). Quoi qu'il en soit, « Wake Up » nous immerge directement dans l'ambiance, Staley s'arrache encore à envoyer des notes et des envolées lyriques mémorables et par-dessus-tout, ce morceau contient une magie propre aux 90's : une atmosphère planante, paisible mais déchirée. Un vrai sens artistique est arboré sur cette pièce, tandis que l'instrumentation et les éléments/percussions bluesy sont l'expression même de toute la splendeur et du rayonnement très particulier de Mad Season. « X-Ray Mind » est dans la suite logique de tout cet afflux d'émotion à l'exception qu'il finit par nous dévoiler un univers dont les portes ne sont finalement pas ouvertes à tous les auditeurs, et pour cause, la profondeur musicale et la nostalgie se voyant attribuer une place tellement importante qu'il est nécessaire de connaître un peu plus en détail le personnage de Layne Staley pour vraiment être réceptif à ce nouveau projet.

En outre, « River of Deceit » qui revêt une forme plus "hitesque" aurait parfaitement pu s'insérer dans le « Temple of the Dog » de 1991 avec sa forme blues-rock spirituelle et son hommage rendu à Staley lui-même bien avant l'heure. Nous vient alors à l'esprit ce « my pain... is self-chosen » que seul un homme profondément marqué, fatigué ou affaibli de son addiction à la drogue pouvait tristement prononcer un jour... On peut évoquer à ce sujet les empreintes très marquées d'Alice In Chains remarquées sur « Lifeless Dead » ou bien « I Don't Know Anything ». Le paysage est semble-t-il affreusement noirci par les guitares lancinantes et tortueuses de « Lifeless Dead » et ce timbre si sombre et enchanteur qui, on pourrait même penser, nous veut aussi du mal, servant parfois d'une sorte d'accusatoire général. Le « I Don't Know Anything » est tout à fait fidèle à du AIC par contre, cumulant à la fois sonorités hypnotiques, répétitives et psychédéliques accompagnées d'un bourdonnement gênant qu'aurait parfaitement pu imaginer Jerry Cantrell. De cette même façon, à en écouter certains passages de « I'm Above » - nos oreilles penchent plutôt vers du Alice In Chains en Unplugged ou à du « Jar of Flies » tout craché, en témoigne le chant de Mark Lanegan en remplacement de la fidèle doublure de Staley qui l'accompagne généralement, c'est-à-dire Cantrell. Il y a ces influences jazzy, ces guitares acoustiques et ces notes qui font toute la différence lorsque le morceau prend une allure un peu plus hard-rock avec le réveil soudain de Staley par deux reprises.

Sous ces couvertures expérimentales assez osées mais s'empreignant parfaitement bien dans le paysage pour citer par exemple « Long Gone Day » d'une part et dans une moindre mesure, l'instrumentale heavy-prog « November Hotel » - Mad Season continue, de cette même façon, à mettre en valeur et à explorer en profondeur l'univers blues/jazz que le quatuor a souhaité éclaircir ici. Le premier titre évoqué n'en demeure pas moins celui qui continue de briller de sa beauté, de sa finesse, de son poids en matière de recherche de rythmes, d'ambiances et de mélodies. Mieux, « Long Gone Day » est susceptible de s'attirer les faveurs des mélomanes et apporte quelque chose de nouveau sur la scène grunge. Les percussions sont toutes aussi marquantes et bien pensées que sur « X-Ray Mind » et contribuent à mettre en valeur la voix grave et chargée de Mark Lanegan puis ce solo de saxophone ingénieusement bien placé par Skerik en devient presque jouissif, dynamisant de loin la superbe pièce qui nous est présentée.

« Above » est un conte sombre, magique, une aventure spirituelle, les dernières cendres qu'il est censé rester de la scène grunge de Seattle. Les ultimes paroles prononcées sur ce disque « We're all alone » se révéleront semblables à un recueil fantomatique déposé par un Layne Staley à peine humain devenu ni plus ni moins qu'une simple âme vagabonde qui erre, hante et se faufile sur les dix titres de ce satané, foutu et mystérieux disque...

8 Commentaires

4 J'aime

Partager

Hacktivist - 09 Août 2014: En effet, c'est un essentiel à avoir pour tout fan de grunge ce "Above". Je te conseille de prendre la ré-édition 2013 qui est superbe avec le DVD du "Live at the Moore" un vidéo-clip et deux morceaux issus de la radio pirate de Pearl Jam, entre autres.
Daweed - 21 Novembre 2014: alors là Hacktivist je te dis merci et bravo. Je me suis tâté plusieurs mois pour faire une chro qui rendait justice à cet album mais tu l' as fais avec brio. C est un album d' une rare qualité, avec un Layne Staley totalement possédé par ses démons qui se livre sans concessions. Long gone day...mais quelle chanson...Puis bon, Mark et Layne sont pour moi les 2 plus belles voix du mouvement grunge. Vraiment merci et bravo !
Hacktivist - 21 Novembre 2014: C'est vraiment gentil, ça me fait très plaisir car je me suis mis la pression tout seul pour chroniquer cet album-phare. Je chroniquerais également leur DVD live qui s'en est suivi si j'ai le temps. Et c'est super chouette de recevoir des commentaires sur une chronique d'un album grunge, en plus !
RockJensen - 29 Septembre 2016: Avec Temple Of The Dog, une deuxième perle tout bonnement fantastique.
Stanley y est magique.
Wake Up et River Of Deceit sont vraiment superbes pour ne citer qu'elles puisque l'album est une pure réussite de bout en bout.
Concernant la chronique...elle était tout simplement indispensable.
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire