Liste des groupes Heavy Metal Arès (FRA-1) About Metal

« Cœur hardi, porteur de bouclier sauveur des cités,
Coiffé d’airain, aux mains robustes, infatigables,
Fort par la lance, rempart de l’Olympe,
Père de la victoire, heureuse conclusion des guerres,
Auxiliaire de Thémis ; maître absolu de l’adversaire,
Guide des hommes les plus justes. »

Hymnes homériques, extrait (environ VIIème siècle avant J-C)

Fils de Zeus et d’Héra, dieu de la guerre, de la brutalité, du carnage et de la destruction dans la mythologie grecque ; Arès appartient au panthéon des douze dieux majeurs de l’Olympe. Egalement, patronyme on ne peut plus digne d’un groupe ambassadeur du heavy metal picard au charisme substantiel et à l’inspiration prolifique.

Arès se forme en 2006 sur les cendres du groupe de reprises hard rock/heavy metal Willer autour du vocaliste Damien Gaudois, du guitariste Stéphane Petit, du quatre-cordiste Daniel Meunier et du batteur Franck Ferrer. Originaire du sud de l’Oise et plus précisément de la région senlisienne, Arès se voit rejoindre en 2007 par un second guitariste dénommé Christophe Lacolombe, remplacé un an plus tard par le soliste Frédérick Allanic (ex Abstrusa Unde). Fort d’un line up stable et d’une motivation sans faille, le quintette heavy isarien foule sans retenue les scènes locales à l’instar du Black Pearl de Laigneville (60) ou encore du Pacific Rock de Cergy (95), activisme lui permettant de gagner rapidement une légion d’admirateurs acquis quasi aveuglement à sa noble cause ; celle de prodiguer avec fougue et passion un heavy metal à tendances mélodiques et parfois progressives au travers de compositions originales mais aussi de reprises (Ozzy Osbourne, Manowar, Iron Maiden, Judas Priest, Yngwie Malmsteen, H-Bomb, Europe entre autres). Parce que le travail finit toujours par payer, Arès décroche en 2009 un record deal mérité avec le label français Brennus Music. Le 14 novembre de la même année parait le premier full length du combo répondant au titre significatif de « About Metal ».

Il est de ces groupes locaux qui apparaissent comme singuliers et uniques aux yeux du fanatique de heavy metal et dont il ne se lasse et ne se lassera probablement jamais d’apprécier les prestations scéniques sur les planches de sa région natale ou d’ailleurs. Arès fait indiscutablement partie de ceux-ci depuis un certain dimanche 16 novembre 2008 où il ouvrit avec honneur pour l’excellent quartette de speed metal japonais Hellhound sur la petite scène du Black Pearl de Laigneville, cité chère au légendaire tueur en série Marcel Barbeault, au cours d’un gig organisé par le label Infernö Records qui certainement restera à jamais gravé dans la mémoire des nombreux passionnés présents ce soir là entre les murs du pub de la rue du 8 mai 1945. Dès lors, comment ne pas se jeter comme un mort de faim sur la première offrande d’Arès le jour même de sa sortie pour pouvoir enfin apprécier à leur juste valeur ces huit hymnes belliqueux sur lesquels on a maintes et maintes fois fracturé sa nuque et levé haut son verre en plastique de breuvage houblonneux en live ? « About Metal » entame sa campagne de destruction massive avec le puissant et impérial « Perchance to Dream » posant les solides fondations d’un heavy metal ravageur au rythme particulièrement enlevé sur lequel l’auditeur se délectera du chant raisonnablement aigu et de bonne facture du sympathique Damien Gaudois, à l’aise dans la langue de Rob Halford malgré une prononciation tirant quelques fois vers le franco-français. Non content de pratiquer un metal lourd efficace et implacable, Arès pousse le vice et l’audace jusqu’à empreindre avec une certaine réussite ses compositions de structures et d’ambiances recherchées comme l’illustre notamment le somptueux break mélodique et planant du morceau introductif du disque, rappelant ainsi dans l’esprit certains combos de heavy prog que Gaudois et ses sbires vénèrent ouvertement à l’instar des immuables Crimson Glory, Queensrÿche et autres Savatage notamment. Dans une veine comparable, relevons l’épique et mélodique « Thunder and Die », titre hyper efficace qui conditionne un peu plus l’auditeur à l’écoute d’un premier opus visiblement travaillé et inspiré malgré une production qui aurait mérité d’être meilleure pour être à même de sublimer un peu plus les nombreuses qualités inhérentes à ce premier méfait discographique du groupe picard.

Ravageur et sans merci donc, le heavy metal d’Arès se veut également parfois être synonyme d’une finesse et d’un esthétisme remarquables, à l’image de l’excellent « Moonless Night », brillante complainte héroïque n’étant pas sans rappeler dans le riffing et l’atmosphère dégagée notamment la délicieuse période « Somewhere in Time »/ « Seventh Son of a Seventh Son » du mythique Iron Maiden dont un Dave Murray n’aurait à ce titre pas renié le solo divin exécuté avec style par le talentueux Frédérick Allanic. Autre moment fort d’ « About Metal », le morceau éponyme de la galette et sa sensationnelle introduction crescendo, titre efficace et entièrement dévoué à la cause de notre unique raison de vivre à tous qui voit pour l’anecdote Arès entamer quasiment toutes ses trop rares prestations scéniques et qui rend également un hommage des plus solennels aux cultissimes Judas Priest, Virgin Steele, Manowar et autres Saxon via ses lyrics (« We are Defenders of the Faith, We are Guardians of the Flame […] We are Metal Warriors, We bring the Heavy Metal Thunder »). Parce que la perfectibilité doit intrinsèquement faire partie de la démarche créatrice propre à un full length initial, le premier disque d’Arès contient quelques morceaux assez en deçà des autres qualitativement parlant, à l’instar du poussif et relativement déstructuré « Spartan », du trop long et finalement dispensable « Virtue of the Weak » ou encore de l’alambiqué et certainement trop complexe « The Art of Hypocrisy » qui peinent tous trois à fédérer un auditeur pour lequel « About Metal » se voudra plutôt raisonner tel un concentré d’hymnes heavy metal on ne peut plus efficaces, originaux et recherchés tant au niveau des structures que des ambiances hantant les huit pistes de ce premier disque globalement réussi. Qu’à cela ne tienne, « About Metal » assomme définitivement l’adversaire par un KO dont il ne se relèvera jamais au travers du sublime « Echec », seul titre de l’album écrit en français avec un certain talent littéraire avouons-le, qui vindicatif et kafkaïen à souhaits constitue le digne épilogue d’un opus admirable et saillant dans son ensemble, permettant à son génial auteur de prétendre marcher sur les pas de feu Malediction, autre combo ayant contribué en son temps à écrire avec fierté les lettres de noblesse du heavy metal AOC Picardie.

Outre quelques maladresses et une production relativement perfectible que l’on imputera à la jeune expérience d’Arès et aux moyens modestes ayant été mis en œuvre par Brennus Music pour mettre en boîte ce premier opus dont le patronyme se veut être tout à fait représentatif de son contenu, « About Metal » s’avère être un disque inspiré et agréablement marqué par la puissance de feu animant les cinq âmes passionnés composant le combo isarien créé en 2006. Fer de lance d’un heavy metal aux accents mélodiques et parfois sophistiqués sans néanmoins jamais tomber dans la surenchère de certaines entités de power metal teuton ou de groupes intello-progressifs on ne peut plus ennuyeux, Arès fait avant tout dans l’efficacité et la vigueur au travers d’hymnes implacables faisant généralement mouche dès les premiers riffs. Un premier album de qualité d’une entité sous-terraine talentueuse valant largement le détour pour qui porte un intérêt particulier à ces combos de l’ombre qui contribuent activement à ce que le flambeau du heavy metal véritable et sincère brûle pour l’éternité.