Voilà dix-sept ans qu'
Obtruncation n'avait plus fait parler de lui, et sans aller jusqu'au split, les différentes périodes inactives du groupe l'ont peu à peu plongé dans l'oubli, jusqu'à ce que Vic Records approche récemment le combo dans le but de ressortir ses anciennes productions.
Obtruncation, c'est en effet un premier album d'une rare brutalité,
The Callous Concept, enregistré début 95 mais sorti pourtant deux ans plus tard chez
Damnation Records, la faute à un label français défaillant, et compilant en réalité le ré-enregistrement des deux premières démos du groupe, sorties respectivement début 91 et 92. Deux démos impitoyables,
Sanctum's Disruption et
Sphere of the Rotting, lancées à la face des deathsters et qui figurent parmi les plus rapides et les plus violentes du moment aux Pays bas, tenant ainsi la dragée haute aux compatriotes de
Sinister. Mais lors de l'approche du label batave, Luc Van Ravels, guitariste et principal compositeur du groupe, et Martin Steigenga, le batteur, deux rescapés de
The Callous Concept, ont depuis reformé un line up et s'apprêtent enfin à sortir une nouvelle démo.
Pas de soucis pour Vic Records qui transforme alors l'essai en but et nous envoie en
Novembre 2014
Abode of the Departed Souls.
Sous cette infernale cover rouge sang se cache neuf titres déboulonnants faits d'un brutal death vindicatif et furieux, qui, s'ils n'atteignent pas la brutalité du premier album, constituent tout de même un excellent retour pour nos vétérans Néerlandais. Déjà, l'album démarre de façon fracassante sur le growl terrible d'
Anton Visser qu'accompagne un blast dévastateur. Le ton est donné d'emblée et la galette ne faiblira pas durant ses trente trois minutes. Reprenant la recette de
The Callous Concept, on alterne le plus souvent rafales de blasts au double chant avec des riffs accrocheurs et parfois thrashy, pour un résultat diablement efficace.
Anton Visser module son growl de façon bestiale et peuple chaque titre par des backing vocals de timbrés, et même si la puissance de son chant n'atteint pas la profondeur terrifiante de Lawrence Payne, ex-
Phlebotomized et growler sur le premier album, il s'en sort admirablement bien et procure une certaine folie aux morceaux en plus d'un surcroit d'identité au groupe. Vitesse, rage, breaks, soli savamment placés, accélérations frénétiques et éructations blastées parfois à la limite du grind, tels sont les attributs de morceaux comme Guru, Scourge of a
Dying World ou encore l'éponyme, sans conteste les meilleurs de la galette.
Niveau prod, Hans Swagerman évite la surproduction des groupes en plastoc et délivre un son clair et lisible tout à fait correct et étonnamment organique, sans que l'agressivité du propos n'en pâtisse. Ancré dans le son old school du début des nineties tandis que le riffing rappelle la scène floridienne de la même époque,
Obtruncation est direct, frontal et impressionne par sa fougue et sa bestialité maitrisée. Rapport à
The Callous Concept, on perd un peu en brutalité ce qu'on gagne en nervosité et folie. Moins evil également, mais étonnamment plus frais et spontané, un peu comme si on avait un jeune groupe récemment formé, respectueux du death originel, certes, mais pressé d'en découdre avec ses instruments.
Obtruncation formule 2014, c'est du brutal old school, intense et addictif, et l'une des sorties remarquées de l'année dernière.
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