Liste des groupes Death Metal Burial Invocation Abiogenesis

La Turquie semble vraiment être à la mode du Death metal ces temps-ci, entre le dernier Cenotaph qui redonne du souffle au Brutal death, Carnophage dont le dernier méfait continue de faire parler de lui, Decaying Purity qui, bien qu'actif au niveau des concerts, semble l'être beaucoup moins concernant les albums… Vous l'aurez compris, il sera question dans cette chronique d'un autre groupe turc nommé Burial Invocation. Formé à Ankara et ayant réalisé leur premier E.P. en 2010, il faudra toutefois attendre huit longues années pour que leur premier album "Abiogenesis" voit le jour. Les membres du combo ayant chacun des projets parallèles, cet état de fait explique le retard. Et puis, en huit ans, il s'en passe des choses... Nos Turcs sauront-ils rester d'actualité après tant d'années de silence ? N'attendons pas plus tard que maintenant pour le découvrir.

Premier regard sur la pochette, on est face à un mystérieux temple où un démon semble s'échapper pour prendre possession de notre réalité matérielle. Petit détail qui a son importance : 5 chansons pour près de 50 minutes, aura-t-on droit à un disque de Doom Death ? Pas vraiment, ou plutôt, pas seulement. En réalité, les Turcs jouent ici une musique qui mélange à la fois le death old school à la Entombed avec ce côté morbide et pesant, comme sur "Revival", mais également du death metal plus moderne comme le font leurs compatriotes de Engulfed, et qui se ressent dans la production. On retrouve également un très léger côté doom, comme sur "Phantasmagoric Transcendence", et des titres à rallonge.

En effet, toutes les chansons durent entre 9 et 12 minutes (à l'exception de "Tenebrous Horizons" qui, de par ses 2:30, clôt le disque sur une note acoustique), mais ne vous attendez pas à du Death progressif à la Augury. Certes, l'instrumentale est technique mais, de par cette non-démonstration à outrance, on comprend que les Turcs ont préféré s'inspirer de Vital Remains plus qu'autre chose. Mais attention, des Américains, ils n'en reprennent que la passion pour les chansons de longue durée, puisqu'ils se sont bien plus orientés vers les percussions frénétiques, et, au niveau des paroles, on est plus dans une logique occultiste qu'antichrétienne.

De la technicité, il y a en assurément. D'une part, les musiciens savent très bien faire parler leurs instruments respectifs, notamment à travers des solos endiablés et des percussions si précises que l'on en vient à avoir mal aux articulations tant ces Turcs se donnent sans compter. Le chant, quant à lui, n'est pas en reste. Mais là où leurs compatriotes Decaying Purity ou Cenotaph développent des vocaux porcins, ici, le chanteur de service est dans une ligne plus rocailleuse, ce qui l'en distingue.

Au final, "Abiogenesis" est un véritable bloc monolithique ; c'est sa force comme sa faiblesse car, malgré son homogénéité, il est surtout très difficile à apprivoiser. La première raison en est la durée. En effet, 9 minutes pour une piste de death metal, ça peut être fastidieux, surtout que celles-ci souffrent de quelques longueurs par-ci par-là, plus précisément sur les passages orientés Doom, comme sur l'éponyme. D'autre part, la haute technicité fait qu'il n'est pas toujours aisé de rentrer dans l'univers du groupe. Plusieurs écoutes seront donc nécessaires pour s'en imprégner. A titre personnel, il m'a fallu l'écouter au moins cinq à six fois pour y déceler toutes les subtilités. Fort heureusement, ces musiciens ne sont pas tombés dans le piège du progressif à outrance, évitant ainsi de rendre l'ensemble trop froid.

Le disque se termine donc sur le très bref "Tenebrous Horizons", avec sa guitare acoustique qui nous laisse comme une lumière pénétrée dans ce monde de ténèbres. Que réserve l'avenir pour ce groupe ? Affaire à suivre.