Vidargängr n’est pas encore un groupe très reconnu sur la scène black mondiale et c’est bien normal : tout jeune combo formé en 2010, le quatuor n’a pour le moment sorti qu’un album autoproduit en 2013 qui est passé relativement inaperçu faute de promotion conséquente.
C’est à présent sur
War Anthem Records qu’officient les guerriers teutons, sortant leur deuxième méfait,
A World That Has to Be Opposed, une bombe incandescente de black haineux et destructeur. Amateur de true black violent et misanthrope des années 90, tendez l’oreille, vous allez être ravis.
Après l’intro de rigueur à base de chuchotements, de grognements et de hurlements sur fond de larsens et guitares bruitistes,
Burning Abyss débarque tous blasts dehors et dessine un charnier insoutenable: riffs glaciaux et tranchants comme des lames de rasoir, mélodies souillées tournoyantes et nauséeuses à vous rendre fous, blasts ininterrompus annihilant toute forme de vie et, par-dessus tout, cette voix incroyablement arrachée qui crache une haine et une souffrance indicibles, voilà le programme.
No More Lust ne change pas la formule, toujours cette voix dégueulasse dont chaque cri semble incarner la douleur d’un surin tournant lentement dans des chairs à vif, ces riffs à la fois hypnotiques et cruels, et T. qui tape sur sa batterie comme un sourd afin de vous lobotomiser et de mieux annihiler votre volonté. Les décélérations sont rares mais permettent de souffler un peu et de sortir juste assez la tête du bourbier avant de se reprendre une nouvelle charge qui nous noie définitivement dans ce maelström de douleur, de rejet et de dégoût.
A World That Has to Be Opposed est un putain d’album de true black haineux et misanthrope à l’intensité rare qui se subit d’une traite, une ode à la négativité à travers laquelle ne filtre aucune lumière et me faisant pas mal penser au
Purity d’
Hate Forest. Ces six hymnes au monde souterrain puent la mort et la désolation, nous étourdissant de leur violence et nous étouffant dans les vapeurs de leurs miasmes méphitiques. Même lorsque l’on croit avoir un petit break salvateur à 3,50 minutes de
Contempt, la batterie imprime ce rythme militaire et impitoyable, P. semble avaler sa langue et éructe des cris déments, et le tout se termine sur un râle bref et rauque semblant émaner d’outre-tombe avant que ce le blast mortifère ne reprenne sa danse macabre, imperturbable.
No Acquiescence démarre sur un mid tempo décharné, ce qui est assez rare pour être souligné, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se réjouir : le tout est toujours extrêmement noir et désolé, avec cette voix décomposée. Lent, répétitif, douloureux, ce long morceau de 8,43 minutes est l’incarnation de l’agonie d’un mourant qui se vide son sang : à la fois insoutenable mais fascinant, malgré notre répulsion, on a du mal à se détourner de ce spectacle macabre. Ainsi, malgré des longueurs et un côté répétitif volontaire, on prête involontairement l’oreille à cette symphonie morbide, et c’est à ce moment que
Vidargängr nous cueille, la furie animale des Allemands reprenant ses droits, avec un « ouh ! » terrifiant de P. qui ferait passer celui de Tom G.
Warrior pour l’exclamation de joie d’un bambin surexcité qui fête son anniversaire, ainsi que ce blast, cet imperturbable blast, encore et toujours.
Thy Nothingness achève le travail, avec cette fin hypnotisante qui tourne en boucle et ces cris déments qui font réellement froid dans le dos. Un petit arpège tranquille achève l’outrage, comme une ultime offense d’une ironie amère dans cet océan de négativité, et c‘est enfin le silence qui vient nous donner un peu de répit.
Voilà, que dire de plus ? 38 minutes c’est largement suffisant pour ce genre de black glacial, impitoyable et terrifiant de noirceur et de haine. Si
A World That Has to Be Opposed ne possède pas une once d’originalité, et malgré un côté assommant et asphyxiant dû tant à la redondance qu’à la violence de l’ensemble, la fureur et la bestialité palpables qui animent cette galette en font une sortie incontournable pour tous les amateurs du genre.
Vous voulez vous opposer à ce monde de merde qui nous éclabousse quotidiennement des souillures de sa cupidité, de son enflure et de son mépris? Alors au lieu de casser des vitrines et de brûler des voitures dans les manifs, enfilez-vous
A World That Has to Be Opposed. Ça, c’est extrême.
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