Ils sont fous ces geeks. Et suédois en plus. Ben bravo, joli combo les gars. Mélangé un ersatz de power metal à du rock alternatif passe encore, mais saupoudré le tout de sonorités de jeux vidéos old school fallait le faire. Mine de rien,
Machinae Supremacy (« MaSu » pour les fanatiques à lunettes) s'est constitué une fan base aussi solide que l'Enterprise, albums après albums, années après années, chipsets après chipsets. Depuis 2000, année de création du logiciel Machinae, ils n'ont eu de cesse de proposer des reprises de standards connus du monde vidéoludique et de constituer ainsi une webographie titanesque en téléchargent gratuit. Ce n'est finalement qu'en 2004 qu'un premier virus informatique, crypté au format « Deus Ex Machinae », fit son apparition sur les étalages de fourbes revendeurs. L'efficacité de ce premier mouchard robotique n'était plus à prouver car la plupart de nos disques durs internes se retrouvèrent prestement ourler d'un halo fumant et suffocant (enfin j'avais fait une sauvegarde, ouf).
Nos esprits suppliciés se mirent à déambuler dans des paysages grandioses et pixelisés (le concept de Tron n'est pas loin). Le joueur y incarnait un preux chevalier prêt a pourfendre des dragons dans de vastes contrées organiques aux backgrounds occultes ou encore se mettait dans la peau d'un jeune plombier, sauveur de princesse kidnappée par un gorille géant (mais non pas
King Kong). Par conséquent, l'écoute d'un album des scandinaves satisfait notre soif de dépaysement salvateur. Le monde n'ayant plus de barrière, la modélisation de ce no man's land n'en devient que plus alléchant. Il ne manque plus qu'à opter pour un personnage singulier et à se lancer dans l'expédition de cette réalité alternative.
Cette immersion aberrante est amenée judicieusement par l'intervention bénigne de sonorités rétros dues au « Sound
Interface Device » (le SID). Késako ? Il s'agit en fait pour les plus jeunes d'entre vous d'une puce contenue dans le fameux Commodore 64, un ordinateur qui fit fureur en son temps. Un peu délaissé sur «
Redeemer », celui ci fit un retour tonitruant sur un «
Overworld » qui laissait entrevoir un groupe au mieux de sa forme.
Anno 2010, la suprématie de la machine est en marche tel Skynet et frappe de nouveau en nous proposant une vision de la fin du monde. Simple spectateur désabusé du spectacle qui s'offre devant lui, le gamer est pour l'instant en état de choc. Le triptyque d''entrée vaut pour le coup son pesant de clés usb. Trois tubes, assouvissant nos penchants pour les mélodies efficaces, nous prennent à la gorge, prenant soin de coller leurs protubérances sur notre lobe frontale. Les riffs étincelants prennent place dans les cœurs et servent de soutien à des refrains hymniques emmenés par Gaz, le chanteur. Le showman offre une prestation vocale plus précise que par le passé, son chant nasillard ne plaira forcément pas à tout le monde. L'autre point fort de l'opus est sans doute la recherche constante de solis qui sont bien plus techniques et surtout plus marquants (« Force Feedback », « Cybergenesis »).
Ça y est, le décor est planté, la progression se fera niveaux par niveaux, en espérant que le game over ne se profile pas à l'horizon. Parce que voilà, bien qu'ayant une introduction démarrant sur les chapeaux de roue, le rythme diminue trop nettement à certains moments, la faute à des morceaux trop mollassons pour exciter nos fébriles joysticks. « One Day in The World » se voit ainsi amputé de toute extravagance « SID-iesque » pour ce qui est sûrement la chanson la plus faible de l'album. Même constat alarmant pour « The Great Show on
Earth » qui ne décolle à aucun moment.
Seul « Remnant » s'en tire à bon compte en s'édifiant comme la power ballade mélancolique par excellence. La voix de Gaz se veut plus intimiste, presque plaintive, avant que le refrain nous paralyse. La surprise de constater que le boss de fin de jeu est plus imposant que ce que nous avions prévu flotte dans l'air. Et pourtant, 6 minutes de combat intense viennent de prendre fin. Le golem s'écroule enfin et se vaporise dans un tas de cendres fumantes, un rayon de soleil frappe timidement le sol, pointant en direction d'une fleur et là … le générique final.
Les no-life suédois nous ont concocté un gameplay aux petits oignons, la jouabilité se retrouve gonflée à bloc à certains moments (« Shinigami » et son usage du SID prononcé). Bien sur, certains niveaux n'auront pas la même force d'impact que l'entrée en matière et la seule solution sera de sortir son manuel de triches et d'appuyer sur la touche avancée, tout cela afin de créer un jeu parfait. Mais le jeu en vaut la chandelle.
D'autant plus que ton avis sur l'album est le même que moi.
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