Maïak est un groupe suisse de quatre musiciens, deux guitaristes, un bassiste et un batteur, qui tire son nom de la catastrophe nucléaire de Maïak en URSS, évènement resté caché des décennies et ayant eu des conséquences dramatiques. La musique du groupe symbolise toute l’horreur et le drame de ce désastre, composée de mélodies à la fois sombres, mélancoliques, explosives et rugueuses.
Avec
A Very Pleasant Way to Die, Maïak nous inonde d’un post-rock qui oscille entre atmosphérique et metal, sans toutefois négliger les bases du genre. Le groupe souffle le chaud et froid et pose les bases d’une identité déjà bien affirmée. On ressent clairement l’influence d’un post-rock traditionnel auquel se mélange des sonorités parfois stoner, parfois metal, parfois progressives. Quoi qu’il en soit, Maïak ajoute à ce style, aux caractéristiques bien définies, une plus-value par de savantes mélodies et des atmosphères ambivalentes. Le jeu de guitares est précis et incisif, soutenu par une basse rythmique et maligne. La batterie vient frapper les tempi et rythme le tout avec subtilité mais sans fioritures.
A Very Pleasant Way to Die est donc un album direct, brutal mais qui sait également se montrer téméraire et complexe.
Niveau son, rien à dire, le tout est impeccablement mixé et produit, mais l’on n’en doutait pas puisque Maïak a enregistré au Rec Studio de Genève (
Lofofora). La sonorisation met en lumière le travail d’écriture du groupe et vient sublimer les cinq longues pistes qui jalonnent cette odyssée musicale.
A chaque fois que l’on pense comprendre la musique de Maïak et que l’on s’imagine déjà quelle sera sa suite, les Suisses nous surprennent et nous emportent sur des rivages éloignés. C’est certainement là, la force de cet effort musical, ne jamais se contenter de satisfaire l’auditeur. Maïak ne se complait pas dans les habitudes du genre et préfère innover sans non plus totalement s’écarter du Post-Rock apocalyptique promis. La fantastique ouverture de l’album Nutributter Green Is People est l’exemple même de ce que veut nous dire Maïak au travers de sa musique. Partant d’une ambiance éthérée, mélancolique à souhait et nous emmenant lentement vers un chaos explosif et violent, jalonné de guitares saturées et de rythmes rageurs.
Au menu des festivités, notons tout de même l’excellent I Am Not A Man, I Am A
Free Number et ses pirouettes progressives dignes d’un Goblin des grandes heures. Notons encore une splendide clôture d’album avec We All
Live In A Yellow Kursk, morceau atypique, sorte de valse désespérée mitraillée de noirceur qui nous laisse une impression étrange et accablante, une fin toute symbolique dont le titre ne laisse aucun doute quant à l’avenir qu’imagine Maïak pour l’humanité.
A Very Pleasant Way to Die n’offre que cinq pistes mais lorsque l’on achève l’écoute de ce disque, on en redemande. On reste marqué par ces ambiances dévoilées au fil des titres et on replonge sans aucun mal dans une nouvelle écoute. Maïak nous porte et nous emporte d’une mer d’huile à un océan déchaîné sous la tempête. Du désespoir à quelques pointes d’espoirs pour finir dans un pessimisme absolu.
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