Liste des groupes Metal Progressif Time's Forgotten A Relative Moment of Peace

Il existe des pays dont on pense qu'ils ne sont pas faits pour le Metal. Le Costa Rica, petit pays d'Amérique Centrale, est de ceux là. Il existe bien quelques groupes (une centaine répertoriée sur SoM) mais ce ne sont principalement que des groupes amateurs sans autres ambitions que des petits concerts locaux qui ne parviendront jamais aux oreilles des Européens que nous sommes. Pourtant, un groupe sort du lot, un groupe qui a peut-être pour souhait de venir titiller la scène prog actuelle, ce groupe s'appelle Time`s Forgotten. Il s'agit ici de leur premier album, A Relative Moment of Peace, sorti il y a maintenant six ans (déjà !).

Du violon, puis l'orage et enfin quelques notes dispersées représentent l'intro de cet album de prog Costa ricain. Le côté Metal ne commence que dans les premières minutes du titre suivant, Walking towards the sun, complètement aux antipodes de ce à quoi on pouvait s'attendre après cette intro assez banale. C'est donc un vrai morceau de metal prog, dans la veine du quintet américain hyper-connu que je ne citerai pas, dont les guitares disent tout ce qu'elles ont à dire, c'est-à-dire à la fois de la mélancolie et de l'énergie, accompagnées par la voix tellement particulière de Francisco Longhi, qui nous transportera tout au long de l'album.

Mais passons plutôt au titre suivant, dont les quatre parties représentent à elles seules près de la moitié de l'album, This Troubled Heart of Mine. Le premier chapitre est un instrumental magnifique, qui ne sert pas qu'à montrer la virtuosité des musiciens mais surtout leur talent indescriptible pour la composition. Les chapitres 2 et 3 sont directement collés au premier, avec le grand retour du chant, envoûtant et émouvant qui nous raconte les tribulations de son cœur. Côté musique il n'y a encore une fois rien à redire, tout s'orchestre dans la plus belle harmonie et pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Ce morceau de près de 12 minutes s'achève dans un tourbillon de mélodies, faisant place à quelques notes de piano.

On assiste au grand retour de l'orage, « Tiens, v'là la pluie ! Où est-il l'été ? » lors d'un petit intermède assez rythmé nommé Contemplation. Le calme revient (partiellement) avec Never Away, composé de plusieurs parties de piano entrecoupées de morceaux très Heavy. On peut reprocher un petit manque de cohérence pour ce titre, mais vite oublié car sitôt après est opéré un grand virage et on accède à la seconde face de l'album, celle plus Metal, où la basse est bien entendue (chose rarissime). Bref c'est le morceau phare de l'album, Tearing Me Apart, où Francisco est au meilleur de sa forme et part dans des aigus qui nous font frissonner. Le solo de guitare est magnifique, taquinant le synthé, s'envolant dans les plus hautes strates de l'atmosphère. Ce condensé de talent se termine par des murmures dans un relatif moment de paix (la traduction est facile, je le concède).

Les deux morceaux suivants sont interprétés impeccablement (tout comme les 7 précédents) avec tout de même une petite préférence pour Look at Me, dans la continuité des murmures du titre qui le précède. L'album se termine par une pièce monumentale, le dernier chapitre de This Troubled Heart of Mine, dans le plus pur style prog, rivalisant avec Metropolis Part 1 (non je ne blasphème pas). Après plusieurs couplets menés de main de maître par le chanteur, on nous offre enfin le refrain, accrocheur du tonnerre qui entre par nos oreilles et reste ancré au plus profond de nous. Suit le solo dans lequel le groupe nage sans pour autant couler dans cet océan de virtuosité. Le rythme se calme enfin vers la douzième minute, et, après une minute d'attente, on a droit à un petit morceau de guitare tout en douceur accompagné de pluie (décidément … ça doit être la mousson).

Que peut-on donc conclure après ces soixante-quinze minutes ? Je vous laisse deviner … On tient là un groupe qui a l'air somme toute assez ordinaire mais qui, de sa provenance, et de le mélancolie qui se dégage de sa musique, se différencie assez aisément des stars du prog Dream Theater ou Symphony X. Les Costaricains ont ensuite sorti en 2009 Dandelion, plutôt dans la même veine (j'écrirai peut-être quelque chose dessus) mais lui aussi resté inconnu dans nos contrées. Peut-être la reconnaissance internationale viendra-t-elle avec leur tout nouvel opus sorti cet été, The Book of Lost Words …


16/20