Nombreuses sont les formations qui éclosent un peu partout en
Europe et qui tentent de propager le death brutal sur les terres du vieux continent de nos jours. Les groupes qui sortent du lot sont rares, la majorité d’entre eux se contentant de copier les pionners du genre américains tels que
Devourment,
Disgorge ou
Gorgasm. Venant tout droit du Royaume-Uni et n’ayant qu’un split à son actif, Twitch of the
Dead Nerve est le side project de Tom Carter et de Tom Bradfield (membres d’
Infected Disarray et de
Beef Conspiracy). Les deux acolytes livrent ici leur premier full-lenght distribué par
Comatose Music, presque 10 ans après leur premier méfait, «
Devourment Then There Were Three ».
La scène brutal death britannique est loin d’être surchargée et TotDN est bien parti pour se tailler une place de choix sur celle-ci. En effet, le combo propose un death brutal technique, entrecoupé de slams ravageurs et se distingue des autres formations du même style à l’instar de leurs confrères de
Cerebral Bore ou d’
Ingested qui misent tout sur la puissance de feu. La formation anglais aère ses compositions et distille une musique qui ravira à coup sûr les fans de
Defeated Sanity. On retrouve d’ailleurs Lille Grüber derrière les fûts qui œuvre déjà chez les allemands et qui n’a plus à démontrer l’étendue de son talent après le terrible « Passages Into
Deformity » sorti l’an passé. Enfin, on appréciera l’artwork de ce «
A New Code of Morality » qui, à défaut d’être extraordinaire, ne tombe pas dans un quelconque délire ultra-gore très prisé de nos jours (alors que, paradoxalement, le logo et les paroles du groupe sont très évocateurs à ce sujet…).
Maintenant que les présentations sont faites, intéressons-nous au contenu musical de cette offrande. Chose rare pour un album de ce style, ce ne sont pas les guitares qui permettent la mise en place d’une atmosphère glauque et chaotique (ces dernières étant légèrement sous-mixées et manquant d’épaisseur dans la production) mais plutôt les patterns de Grüber et le chant de Carter/Bradfield. Autant le dire tout de suite, Tom (lequel ? bonne question…) possède un guttural impressionnant et de bien meilleur qualité que sur «
Devourment Then There Were Three ». Tout y est, à savoir une profondeur abyssale et un grain viscéral (façon débouchage d’évier) intelligible, relativement parlant évidemment. Rajoutez à cela quelques passages plus typés growl et des réponses screamées de la part de l’autre Tom et le tour est joué : les lignes de chant deviennent alors variées et peu linéaires. J’en ai pour preuve le malicieux et véloce échange des deux compères sur "The Repercussions of Fetus Consumption" qui fait mouche à tous les coups.
Comme je le disais tout à l’heure, Lille Grüber est un élément essentiel à l’identité de ce « A New Code of
Mortality ». Livrant une performance chirurgicale, l’allemand fait étalage de tout son talent en alternant judicieusement blasts, parties groovy et accélérations fulgurantes tout le long de l’album. De plus, l’utilisation de deux caisses claires apporte une nuance non-négligeable aux compositions surtout lors des parties slammées nombreuses et, judicieusement, courtes comme sur l’excellent "Peculiar Perversions Particular to the Piquerist" placé en ouverture du disque. Enfin, la production fait la part belle au jeu de cymbales du batteur, ajoutant une délicieuse touche chaotique au travail de composition des britanniques. L’album n’en sort que plus riche et de nombreux détails parsèment l’écoute de la galette. Enfin, l’ajout de citations de films d’horreur divers et variés ajoutent de la profondeur à l’ensemble et permet de souffler avant que la reprise du carnage comme sur le titre éponyme d’une seule minute qui fait office d’interlude.
De plus, les deux gus de TotDN déstructurent complètement leurs compositions à l’aide de pauses et de contretemps judicieusement amenés par de courtes interventions de la basse qui sont une marque de fabrique du groupe : on pensera notamment au break brise-nuque de "Well if the Turkey's in the High-Chair, Where's the Baby ?" à 2:48 ou à celui de "Scores of Sores,
Legions of Lesions". Dans la liste des riffs originaux on retrouve également le lead malsain de "The Pitezel Family Holiday" ainsi que la longue pause centrale de "Scores of Sores,
Legions of Lesions" qui font toujours leur petit effet.
«
A New Code of Morality » expédie la concurrence six pieds sous terre grâce à un riffing acéré et tortueux, preuve d’une grande maturité acquise au fil des années par les deux têtes pensantes du groupe en la personne de Tom Carter/Bradfield. Malgré une production un peu légère pour le style pratiqué, Twitch of the
Dead Nerve joue d’ores et déjà dans la cours des grands et c’est un avenir radieux qui s’offre aux deux britanniques, toujours aussi avides de destruction. Impressionnant et dévastateur…
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