Liste des groupes Doom Funéraire Ea A Etilla

La mystérieuse formation Ea nous propose depuis le début de l'année 2014 son cinquième album, attendu il faut le dire avec intérêt par de nombreux amateurs du genre. Au fil du temps le groupe a en effet acquis une certaine réputation et fait office de valeur sûre au sein du catalogue du label russe Solitude Productions, sous la houlette duquel la formation officie depuis ses débuts. Il faut en effet dire que, si la musique composée par Ea ne révolutionne en rien le genre, elle n'en possède possède pas moins une réelle personnalité renforcée par quelques caractéristiques extra-musicales apportant une légère touche supplémentaire aux ambiances évoquées par le groupe. On notera ainsi l'absence totale d'information sur la composition du groupe ou même sur son pays d'origine, certaines sources évoquant à ce propos la Russie (principalement du fait de l'attachement du groupe à son label), d'autres les États-Unis.

Le groupe évolue dans un Doom Funéraire très mélodique reposant fortement sur une gamme habituellement assez large d'arrangements au clavier permettant de jouer sur les alternances d'ambiances au sein de compositions notamment remarquables de part leur longueur, le groupe étant en effet un habitué des albums constitués d'un seul morceau dépassant les trois quarts d'heure, comme c'est d'ailleurs le cas sur ce 'A Etilla'. Thématiquement parlant Ea cherche à évoquer des civilisations anciennes et disparues, notamment via l'emploi pour les paroles de ce qui est sensé être une langue antique redécouverte par des archéologues, l'identité exacte de ce langage n'étant pas précisée..
Mais quel que soit la véracité de ces allégations et le crédit qu'on choisira de leur accorder ou non, la musique du groupe n'emmène pas moins ses auditeurs visiter ruines perdues et temples abandonnés via des atmosphères tour à tour mystiques, mélancoliques et majestueuses, chaque album bénéficiant en outre de ses propres particularités tant purement musicales que relatives à l'ambiance.

Quand est-il de ce 'A Etilla', donc ? Une des premières choses que l'on peut remarquer est la présence répétée tout au long de l'album de passages présentant une hausse de rythme dans la lignée de ce que l'on pouvait déjà constater sur l'album précédent, dans lequel était apparu pour la première fois chez le groupe ce type d'accélération. Cette démarche, renforcée sur ce nouvel album, apporte une certaine accessibilité ayant de quoi plaire aux personnes habituellement peu réceptives à la lenteur permanente du Funeral pur et dur, et apporte de la variété à l'album, en particulier sur sa première moitié. Cette plus grande diversité de tempos a également le mérite de compenser en partie le relatif manque d'intérêt d'une partie des arrangements.

En effet, si ceux-ci jouent tout de même un rôle important au sein de l'album, on remarquera qu'ils sont globalement moins mis en avant et surtout moins variés que sur les autres opus. L'orgue a par exemple complètement disparu, le piano se limite à quelques notes au second plan et les cordes sont employées sous formes de nappes très classiques, alors que l'album précédent par exemple avait su innover et surprendre les auditeurs à ce niveau là. Au final, seuls les chœurs ressortent vraiment du lot et se révèlent être réellement marquant, notamment via l'intelligente utilisation d'enregistrements de chants grégoriens à plusieurs reprises au sein de l'album ou de par la présence aux alentours de la quatorzième minute d'un interlude combinant voix masculines et féminines synthétiques de manière très réussie, bien que rappelant d'autres séquences similaires sur les opus précédents. Leur utilisation est cependant assez éloignée des omniprésentes nappes de chœurs qui donnaient par exemple à 'Ea Taesse', le premier album du groupe, une partie de son sel.

De manière plus générale, l'atmosphère de l'album se veut bien moins exotique qu'elle ne l'était dans les autres albums d'Ea. On notera par exemple l'absence d’éléments assez emblématiques des ambiances habituellement crées par le groupe tels que les occasionnels coups de gong et de tambour qui renforçaient l'aspect dépaysant de la musique d'Ea ou bien le chant féminin si particulier que l'on pouvait trouver sur 'Ea Taesse','Au Ellai' ou l'album éponyme 'Ea'. Le choix du sample ouvrant l'album est à ce titre assez révélateur, les bruits de vagues et d'émersion poussant plus l'auditeur à s'imaginer dans les profondeurs marines à la recherche de l'Atlantide qu'à celle d'une pyramide Maya située au milieu de la jungle, comme cela pouvait être le cas pour le très typé 'Au Ellai' et ses samples de bruits de bêtes et d'insectes. Bien évidemment, du fait de la réticence habituelle du groupe à nous fournir la moindre information, ceci n'est qu'une simple interprétation personnelle de ma part, et à ce titre potentiellement sujette à polémique. Cela étant, il est clair que ce nouvel album est de loin celui disposant de l'atmosphère la plus difficile à définir exactement, et à ce titre n'est clairement pas le plus représentatif du groupe. Il faut également rajouter que ceux ayant apprécié la noirceur de l'album précédent risquent d'être légèrement déçus à ce niveau là, 'A Etilla' étant un peu plus neutre et jouant en général moins sur les contrastes que ne le faisait 'Ea'.

Pour conclure, Ea nous apporte une fois de plus un album de qualité, doté de caractéristiques, d'une personnalité et d'une atmosphère propres. Néanmoins, si on ne peut parler de véritable erreur de la part du groupe ni de bouleversement stylistique, certains choix ne plairont pas forcément à tous, l'album risquant donc de légèrement diviser les amateurs d'Ea..