Apparemment, c'est bientôt l'été! Et bien, il semblerait que Decembre Noir ne l'entende pas de cette oreille. Le combo, originaire d'Erfurt en Allemagne, fondé en 2008, est composé de Lars au chant, de
Sebastian et de Martin aux guitares, de Mike à la basse et de Kevin à la batterie. Ne s'embarrassant pas de démos ou de divers Ep, Decembre Noir, qui a trouvé refuge chez Fda Rekotz, vient de publier sa première offrande longue durée, intitulée "
A Discouraged Believer".
En préambule, il est à souligner que "
A Discouraged Believer" a été produit, mixé et masterisé par Alex Dietz, guitariste de
Heaven shall burn et, par Project
Mayhem. L'artwork est assez glauque et nous présente un individu qui vient sans doute de s'ouvrir les veines, ayant écrit le titre de l'album sur le mur derrière lui, avec son propre sang.
L'opus débute par le morceau éponyme. L'entame est lourde, les guitares sont saccadées avant que le pont n'emmène le titre vers un rythme plus mid-tempo. L'ambiance n'est clairement pas à la joie et le growl profond de Lars va renforcer cette atmosphère pesante, "
A Discouraged Believer" plante littéralement le décor.
Decembre Noir lorgne inévitablement vers le "doom", grâce à son rythme général souvent lancinant comme sur ce morceau d'ouverture mais également sur "
Thorns", "Decembre noir", "
Escape to the sun" et surtout, "Stowaway", cette composition alternant entre le lourd et le très lourd. Le quintette, soucieux d'éviter l'écueil de la linéarité, trop souvent récurrente dans ce style, a choisi d'accélérer le tempo, afin de varier les plaisirs comme sur "
A Discouraged Believer", "
Thorns", "The
Forsaken Earth" ou encore sur "
Escape to the sun" et "Stowaway", nous avons même droit à un passage en "blast" sur "
Thorns", incorporant ainsi au titre, une coloration "black-metal".
La force de "
A Discouraged Believer" est de ne jamais rester les deux pieds dans le même sabot et, fort de son alternance rythmique, Decembre Noir s'illustre également dans la mise en place de breaks massues, très puissants ("The
Forsaken Earth", le pont de "Decembre noir" ou "
Resurrection"), renforçant l'impact de l'opus, trouvant leurs pendants sur "
Escape to the sun", dont les cassures sont très aériennes. Le groupe utilise aussi l'alternance vocale, en ajoutant, ici ou là, des voix claires murmurées ou du chant féminin ("
Escape to the sun") augmentant le sentiment de tristesse de l'ensemble. La formation touche même la grâce du doigt comme sur la mélodie tristement mélancolique de "The
Forsaken Earth", le break planant de "
Escape to the sun", mais surtout sur "Decembre noir", qui est sans doute le point d'orgue de l'album. Ce titre est un condensé du savoir faire de Decembre Noir, avec une entrée en matière très
My Dying Bride, un refrain efficace et "facilement" mémorisable d'une mélancolie absolue, une accélération puissante, limite "thrash" et un final à la double absolument magnifique, le tout enrobé de claviers envoûtants.
Les membres du groupe sont tous au diapason, mais une mention spéciale est à décerner à la paire de guitariste qui délivrent des mélodies, toutes plus belles les unes que les autres, sans renier la puissance, et, à Lars qui éructe d'un growl très caverneux et très épais, conférant à l'ensemble, une identité "death". La production est également au rendez-vous, le son est parfaitement équilibré, chaque musicien dispose d'un espace suffisant pour pouvoir s'exprimer pleinement.
Etant catalogué dans la catégorie "doom/death", Decembre Noir trouve son essence dans les débuts de
Katatonia ("The
Forsaken Earth" ou "
Escape the sun"), de
Opeth, ou
Paradise Lost, comme en témoigne le break puissant de "
Resurrection", semblant issu de "Shades of god", mais aussi
My Dying Bride sur le début de "Decembre noir" et "Stowaway".
Et c'est bien là le seul défaut que je peux trouver à cette galette. En effet, les influences pré-citées, inévitables lorsqu'on pratique ce genre de métal, sont quand même un peu trop présentes. Sans aller jusqu'au plagiat, certains plans sont immédiatement identifiables comme le début de "
Escape to the sun" qui lorgne complètement sur "The last time" de
Paradise Lost.
Pour un premier essai, "
A Discouraged Believer" frôle le coup de maître. Cet album est d'une tristesse magnifique, d'une mélancolie enveloppante addictive qui nous conduira au fond des abysses, avec assez de force, pour ne pas rendre ce dernier voyage, linéaire. Le challenge sera de faire mieux sur la deuxième offrande, ce qui ne sera pas une mince affaire. Decembre Noir est, sans conteste, ma découverte de ce début d'année.
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