Se nourrir est essentiel et l’acte de manger représente un de nos besoins primaires, pour lequel nous consacrons parfois beaucoup de temps et de créativité. Cependant, si on replace la thématique de la nourriture dans la sphère morbide du death metal, le résultat peut être surprenant et savoureux.
C’est cette idée qu’a décidé de concocté Horrisonous, quintet australien originaire de Sydney et comprenant dans ses rangs des membres de
Temple Nightside,
Backyard Mortuary. Après un premier E.P. baptisé
The Plague Doctors, le groupe se rapproche de l’excellent label espagnol
Memento Mori pour la parution de son premier album, le bien nommé
A Culinary Cacophony.
Le menu est composé de 8 titres truffés d’un mélange subtil et écrasant d’un death à fort fumet de doom. Trouvant son inspiration chez les grands anciens (
Asphyx,
Autopsy,
Dismember mais aussi
Deicide), le groupe pratique une musique bien old school, ne s’embarrassant d’aucune technique superflue et dotée d’un riffing plutôt inspiré. L’auditeur se délecte d’emblée du très bon Kuru
Worship (en référence à la maladie de Kuru, due à un prion ingéré lors de la consommation de chair humaine) qui balance de gros riffs gras recouvrant des rythmiques lourdes, entrelardé d’accélérations tapageuses idéalement intégrées. On retrouve cette ambivalence sur les convaincants Nourishment
Through Excrement ou The Number of The Feast (et son final renversant, qui rappelle aussi certains titres d’
Immolation s’achevant de manière entêtante). Horrisonous sait aussi monter la sauce de manière plus vindicative sur les menaçants The Gavage et A Tale of Matriphagy, avec la présence notable de mélodies pernicieuses propres au swedeath. À noter le phrasé sur
Flesh Presented for Orgasmic
Torment qui rappelle immédiatement les beuglements de Glen Benton. Le death metal d’Horrisonous est objectivement mid-tempo, putride et suffocant.
La production dote l’ensemble d’un son sombre et crasseux (la touche
Autopsy), où s’expriment parfaitement les guitares et la batterie. Cependant, les soli de guitares manquent à l’appel, ce qui est tout de même dommage. La basse, malheureusement peu audible, sert uniquement de soutien au gros mur de son développé ici. Les vocaux, qui alternent growls de grizzly affamé et et chants plus criards et arrachés, sont eux aussi sous-mixés mais, étrangement, ils confèrent à l’ensemble un aspect menaçant.
La thématique de la nourriture est assez novatrice, avec des paroles goresques à souhait mais non dénuées d’humour (The Number of The Feast). L’artwork signé Rod Scott est à la fois naïf et dégoutant et d’autres illustrations des chansons sont à découvrir à l’intérieur du livret fort bien réalisé.
Au final, le premier album d’Horrisonous est un effort solide, bien ancré dans cette mouvance old-scool et doté d’assez de qualités pour susciter l’envie des deathsters de tenter l’écoute et pourquoi pas l’achat. Un plat de grand-mère putréfié dont on connaît déjà le goût par cœur mais qui met tout de même en appétit (à condition d’être une goule affamée).
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