Peut-on créer une musique variant allègrement, le doom et le death en intégrant des touches progressives, mélodiques et des élans heavy sur certains passages tout en gardant un côté accessible, jouissif, brutal et beau ? Cela ne semble pas évident aux premiers abords...
Et telles furent mes interrogations lors de ma phase de renseignement sur ce qu'était
De Profundis.
Et c'est par une puissante affirmation que je vous réponds !
Parut sur le label italien
Kolony record, le jeune groupe Londonien
De Profundis nous revient après un premier opus en 2007, en ce début d'année 2010 avec sa seconde offrande « A
Bleak Reflexion », s'affirmant, évoluant et créant un univers à part pendant plus d'une heure d'excellente musique, mélangeant genre et sous-genre pour nous offrir non pas du
Doom Death ou du Death progressif, mais du
De Profundis.
Si le titre de l'album pourrait laisser entendre que le groupe ne se casse pas la tête lors des phases de composition et pourrait être un nouveau
Opeth-like, il n'en est rien et la morne réflexion des Londoniens se transforme en une agréable ballade au sein de paysages ternes, où règne une ambiance relativement sinistre, mais où la lumière n'est pas exclue.
L'introduction, « The Ephemeral
Burden » est entièrement composée au clavier et au violon, ce qui, dans le genre est assez banal, mais reste tout de même beau et en plus d'être très agréable à l'écoute, cette mélodie grave immédiatement dans l'esprit de l'auditeur le paysage qui va s'offrir à lui tout au long des sept prochains titres. Si certains sont hermétiques aux intros et préfèrent une couleur annoncée directement, alors «
Ablaze in
Autumn's
Fire » aura tôt fait de les satisfaire. Débutant sur un riff mélodique montant crescendo, rapidement rejoint par les growls de Craig
Land, ces derniers se rapprochant assez du type de chant caverneux, profond et agressif que l'on pourrait trouver dans les premiers
Amorphis, ou les derniers
Kalmah.
Parmi les constatations que nous pouvons établir, la première est que les titres sont longs. Cela est-il un défaut ?
Pas du tout. S’étirant de cinq à onze minutes, chaque titre délivre son message sans que nous ne nous lassions. Que ce soit les morceaux plus dynamiques comme «
Nocturnal Splendour » ou « Crimson
Black Bleeding », nous aurons toujours droit à des breaks faisant la place à un épanouissement de l’atmosphère en perpétuelle progression ou des solos délectables relevant le niveaux mélodique encore d’un cran supplémentaire sans pour autant qu’aucune des compositions ne délaisse la puissance même, propre à tout bon opus de death qui se respecte .
Les titres où la lourdeur et la lenteur (bien que le terme de lenteur reste entièrement relatif pour cet album) sont plus en avant à la manière de « Cease to Be » où le côté doomesque du groupe prend toute son ampleur grâce à ces riffs lancinants et les sombres échos de basse de Arran McSporran, sont vraiment appréciables. Ils distillent en finesse la notion de noirceur présente depuis le départ soutenus par les growls tirants presque sur des écorchements vocaux plus propre au black sur le bien nommé «
Cold is the Grave ».
Après un « Longing » arborant un côté psychédélique avec une intro acoustique, évoluant sur des riffs de guitare et de basse assez dansants s'envolant dans un crescendo heavy pour un final mélodique, le dernier titre s'offre enfin à nous et se veut être un grand résumé de tout ce qui a été crée jusqu'à présent. « The Mourner » de son petit nom, dissèque non sans talent les aspects énoncés précédemment, variant du death pur et dur en son début, au doom mélodique en son milieu pour un final haut en couleur (ternes n'oublions pas...), assénant une dernière et fatale touche à cette œuvre aussi éclectique que jouissive.
Comme je vous le disais un peu plus tôt, le mélange est excellent, homogène, original bien que le tout n'invente rien, affirmant la « pâte » de
De Profundis, ceux-ci, créant une ambiance qui, pour peu que vous vous preniez au jeu, ne vous lâchera à aucun moment. On notera en passant une production excellente, surtout pour la basse et un artwork travaillé.
Si vous êtes donc amateur de progressif, de mélanges de genre, n'attendez plus, cette réflexion, aussi morne soit-elle saura vous séduire.
Valentheris.
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