Nergard, c'est avant tout un musicien, Andreas Nergård, de nationalité norvégienne, jouant de la basse, des claviers et de la batterie, mais aussi un compositeur et un véritable groupe qui donne des concerts. Le projet a débuté en 2010, et Andreas a pris le pari de se faire rapidement remarquer ; le premier EP voit déjà défiler
Ralf Scheepers, Tony Mills (
TNT) et Mike Vescera (ex-
Loudness) ! Le nom de
Nergard n'a depuis pas cessé de fédérer fans et musiciens, notamment sur l'album
Memorial for a Wish en 2013, jonglant assez habilement entre rythmique heavy, petites touches progressives et mélodies (très) mélancoliques. L'opus souffrait néanmoins régulièrement de longueurs et d'un manque de dynamisme. Cela n'a pas arrêté pour autant notre cher Andreas, qui remet le couvert deux ans plus tard (sans compter un autre EP entre temps) avec le full-length
A Bit Closer to Heaven en juin 2015.
Quoi de bon au menu cette fois-ci ? Rien qu'à la tracklist on peut espérer des morceaux plus concis : l'album ne dure que trois-quarts d'heure, contre plus d'une heure pour
Memorial for a Wish. Le format des morceaux est globalement plus ramassé, il y a moins de risque que les mélodies s'étalent en longueur. En revanche, la pochette est un signe fort de continuité, en restant dans le thème du mémorial ou du monument. Quant aux invités, on retrouve certains habitués :
Ralf Scheepers (
Nergard devient sa deuxième maison), Nils K.
Rue (
Pagan's Mind), Andi Kravljaca (
Aeon Zen, ex-
Seventh Wonder) ; puis des nouveaux venus qui font plaisir à voir, Michael Eriksen (
Circus Maximus) et dans une moindre mesure Elize Ryd (
Amaranthe).
Encore une fois,
Nergard choisit d'ouvrir l'album par le plus gros morceau, ici un titre de huit minutes intitulé Light and Shadows. L'exercice était carrément casse-gueule sur l'interminable Twenty Years in
Hell issu de l'opus précédent, mais Andreas semble avoir retenu la leçon. Le morceau s'ouvre sur un gros riff bien sévère, bien mixé, on entend quelques vocaux death, le reste étant entre le power et le heavy bien branlé. On pense beaucoup à
Primal Fear, époque
Nuclear Fire, et pas que par la présence de son chanteur. La répartition des voix fonctionne très bien, le passage central est diablement prenant (ce piano insidieux …). Tout porte à croire que
Nergard s'est décidé à écrire des morceaux plus nerveux comme ce monumental titre d'introduction …
Mais en fait non.
Fall From Grace laisse de nouveau apparaître ces forts stigmates
AOR, avec ces guitares bien peu offensives et ces chœurs un peu niais. Le constat est le même sur la grande majorité des titres qui suivent. Let It Come reprend la formule classique du grand fourre-tout de l'appellation ''rock/metal mélodique'', c'est-à-dire un tempo posé, avec une alternance couplet/refrain/break parfaitement millimétrée, un piano omniprésent et des mélodies très accessibles. La belle voix de Michael Eriksen, parfaitement de circonstance, ne parvient pas à sauver le morceau. On
Through the Storm se veut un titre fort (le seul avec chant féminin), qui aurait pu fonctionner si Andreas n'en faisait pas trop dans les chœurs grandiloquents qui deviennent complètement indigestes à la longue. Quant aux I
Will Find You et autres When All I Want Is You, difficile d'en tirer quelque chose, tant rien ne décolle jamais.
L'objectivité à laquelle je dois me résoudre me fait dire que ces titres peuvent potentiellement plaire aux amateurs de metal très mélodique et d'
AOR, mais ils demeurent bien trop communs pour espérer emporter une forte adhésion. D'autant plus qu'en faisant suite au terrible Light and Shadows ils souffrent grandement de la comparaison.
Tout n'est pas pour autant à jeter. On retiendra principalement Help Me
Through the
Night, où reviennent les grosses guitares. La rythmique est plus agressive, les mélodies sont plus élancées, le Suédois Andi Kravljaca fait des merveilles, et Stig Nergård (
Tellus Requiem, de la famille d'Andreas ?) y place un superbe solo. Dans tous les cas, ce sont les morceaux les plus rapides (certes, la rapidité est relative) qui sortent du lot, tandis que les autres malheureusement ont une fâcheuse tendance à tourner en rond sans jamais décoller.
On pourrait regrouper ces différentes remarques en une seule, comme quoi le chant et la performance vocale prennent complètement le pas sur la composition. Les différentes ballades qui se suivent sans rien proposer de nouveau ne servent finalement qu'à mettre en valeur les interprètes vocaux. Les guitares disparaissent quasiment, à part pour mettre grossièrement du relief. D'une manière générale, la production amplifie beaucoup trop le chant et le piano, choix qui peut mener à une rapide lassitude.
A Bit Closer to Heaven n'est pas à mettre entre toutes les oreilles. Seuls les adeptes de heavy metal très mélodique et d'
AOR peuvent espérer y trouver leur compte, en prenant soin de l'écouter avec parcimonie. On pourrait rapprocher
Nergard de la scène suédoise de metal chrétien (les paroles de
Nergard se réfèrent largement au christianisme), qui se compose essentiellement de heavy et power metal, aux mélodies très lumineuses et aux paroles ''éclairées'' (guillemets non négociables). Les
Narnia,
Veni Domine ou
7 Days ne sont pas très loin, à la différence que ces derniers parviennent à insuffler une réelle dynamique entraînante et captivante. Peut-être qu'aller dans leur direction serait la voie de la rédemption pour
Nergard.
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