A l'origine, Schéol (prononcez "skéol") est le projet d'une seule personne, Gaël Rannou. Il a compté quelques musiciens qui y ont participé quelques temps, mais qui n'étaient pas en phase avec la musique de Schéol et ne sont pas restés.
Lorsque
9 Secondes commence à voir le jour, Schéol est représenté par Gaël, un bassiste et un batteur.
Premier constat : pas de chant, juste des spoken words pour deux morceaux. Les influences sont énormes et variées, allant de Joy
Division à Sonic Youth en passant par Portishead. Schéol ne tente pas de ressembler à quelque chose de connu :
9 Secondes se veut minimaliste, glauque et pessimiste. Malgré un certain bruitisme, le tout reste structuré et cohérent.
Le style général est difficilement descriptible, c'est quelque chose entre Post-Punk, Shoegaze et
Drone, avec des relents de Post-Hardcore.
9 Secondes est caractérisé par une batterie aux drums aléatoires, des mélodies torturées à la guitare ultra saturée, une ambiance polluée, surréaliste et un concept fataliste.
En l'occurence, les spoken words de l'intro (qui est également le morceau éponyme), justifient le titre de l'album : pour résumer, l'orgasme masculin dure en moyenne
9 Secondes, mais ce n'est rien en comparaison de la vie de souffrance du gosse qu'il engendre, parce qu'il devra affronter la corruption de ce monde.
S'en suit "I'm Stronger Than You Are", qui démare sur une ligne de synthé malsaine qui ressemble à de l'orgue électronique. Après un thème au piano déprimant surgit un hurlement de guitare électrique à vriller les tympans, qui module une mélodie déchirante.
Dans le même style on a plus loin "The Man With the
Hate on His Back", plus proche du drone, au crescendo tout aussi réussi. L'émotion transmise est proche de celle qu'on ressent lorsqu'on se bat contre quelque chose d'inexorable.
On a deux pistes opiacées pour contraster avec l'ensemble assez lourd, "It's Love Than
Won" et "
Lost" (qui précède l'interlude atmosphérique "Poor
Oil on
Trouble Water"), qui font bien ressortir le côté post-punk. La première commence doucement, petite ode à la tendresse, avant de lâcher la guitare saturée bien méchante ; "
Lost" est le morceau le plus rapide de l'album, avec une rythmique bien grasse, une batterie speed et toujours ce synthé inquiétant en arrière-fond. Dans le même style on a "Upstairs Romance", assez courte, dont le riff presque industriel est particulièrement aliénant.
Le tout est clôt par "You Said..." qui comporte beaucoup d'éléments électroniques, surtout sur la deuxième partie du morceau (boîte rythmique, synthé). "You Said..." se veut le titre le plus 'musical' de
9 Secondes, mélancolique, et le solo cristallin qui fait la jonction entre ses deux parties est tout simplement magnifique.
Schéol propose avec
9 Secondes un album très inspiré et riche d'influences. Même avec un concept aussi dur, il est assez large d'accès et peut plaire à n'importe quel amateur de drone ou de post-punk. Pour ceux que ça intéresse, il est en libre accès avec téléchargement sur Jamendo.
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