« On peut définir la Science-Fiction comme la branche de la littérature qui se soucie des réponses de l'être humain aux progrès de la science et de la technologie » --- Isaac Asimov
La littérature science-fiction et sa branche cyberpunk nous avaient prévenus, et ce, depuis des décennies. Des auteurs tels que William Gibson, Philip K. Dick ou Roger Zelazny avaient bien mis en avant ce côté dystopique, angoissant et perturbant lié au futur et aux évolutions technologiques. Intelligence artificielle, robot, univers post-apocalyptique, nanomachines... tout était déjà acquis et mis en œuvre afin de nous montrer une vision des plus pessimistes de la destinée de l'homme.
Le cinéma nous a aussi proposé ses films d'anticipation, de Metropolis à
Terminator en passant par Matrix ou
Blade Runner. Et même si ces « mises en garde » ne suffisent pas, la musique a peut-être enfin une chance de ralentir le processus et cette envie incommensurable de défier les lois de la nature en progressant encore et encore, technologiquement parlant. Mais à quel prix ?
Le cyber metal montre généralement les dégâts et problèmes liés aux progrès et à l'évolution, s'efforçant de mettre en musique les relations homme-machine, et reprenant les thèmes de la littérature cyberpunk. Le temps nous montre de plus en plus un futur noir et terrible, loin de tout ce que nous aurions pu imaginer. Si
Fear Factory a permis la mise en place de ce sous-genre musical, des groupes tels que
Sybreed le font perdurer, tandis que d'autres le concrétisent en montrant un avenir inconfortable et difficile d'accès.
Créé en 2007 à Budapest, FutureRealm arrive avec son tout premier opus nommé « 99% Exact », un nom rappelant le « 0,05% » de Scorgrain tant dans le fond que dans la forme. Un pourcentage ne pouvant qu'évoquer les calculs et langages en tout genre de nos amis les machines. Un pourcentage presque parfait. Ce 1% d'erreur n'est-il pas l'erreur de trop ? L'imprévue ? La destructrice ?
L'écoute de l'opus nous met rapidement sur la voie. Cybernétiquement expérimentale, froide, terriblement mécanisée, déshumanisée, la musique de FutureRealm pousse le concept et le vice jusqu'au bout. Et il est clair que ce « royaume futuriste » est loin de nous plaire. Tout semble littéralement régi par une bande de machines, sans aucune trace de l'humain : son âme, son essence, son existence même semblent avoir disparu.
L'électronique fonctionne comme un langage inconnu, succession de titutitutitutitu perturbants, de vrombissements, d'effets futuristes, de cliquetis, de roulements mécaniques et de bruits de laboratoire, à mesure que les riffs, variés autant dans leur jeu que dans leur fonctions, nous brutalisent avec finesse (« 99% Exact », «
Ziggurat Station »). Extrêmes, froids, mécaniques, déshumanisés, les guitares techniques renforcent encore plus l'impression de vide et la perte d'éléments humains. Un certain effet syncopé peut aussi mettre en relief cet ensemble à l'arrière-goût d'acier, comme sur un « Coke Furnace », nous gratifiant d'un solo émotif, peut-être seule et dernière trace de nos congénères.
Si l'expérimental est de la partie, le progressif aussi. Les titres sont en perpétuel mouvement, tout en embarquant l'auditeur dans un monde sombre et perverti par le progrès technologique. Tout n'est qu'impression, que binarité, comme un langage informatique. «
Lux Aeterna » peut rendre fou tant par ces contrastes que par ce côté aliéné et dérangeant. Les enchaînements de riffs sont précis, à mesure que le chant déshumanisé et presque déstructuré nous prouve une fois de plus que l'humain n'est plus. Lors d'un break où la basse est à l'honneur, le growl, à la limite saturé, laisse place à un chant clair aérien proche de Hal d'
Interlock, jusqu'à ce que la guitare elle-même imite l'électronique et cet aspect technologique. Parallèlement, « 99% Exact », entre autres, nous offre une alternance de chants gutturaux et de chants clairs aussi « livides » que distordus et perturbants.
Ce trio hongrois fait fort et signe un coup de maître avec un premier opus auto-produit de grande qualité. Bien que difficile d'accès dû à ce fort côté déshumanisé, « 99% Exact » jouit tout de même d'une forte inspiration, les éléments musicaux étant définitivement utilisés à bon escient. Ces sept titres sont donc parfaits pour intégrer toute discographie cybernétique.
Vraiment très agréable à lire.
M'a fait marrer, les "titutitutitutitu" ! ^_^
J'ai vu que vous en aviez causé avec Peacewalker, faudra que j'y jette une oreille.
Pour les "titutitutituti" je ne trouvais pas les "vrais" mots pour qualifier ce son. D'où l'onomathopé...mais si ça fait sourire, pourquoi pas!
Sinon le terme "titutitutitu" correspond bien, ce coté un peu indépendant qu'ont les sons d'ambiance par rapport au reste de la musique. ça donne un coté très chargé, complexe et enveloppant qui va très bien avec le concept. Très bon album en tout cas :)
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