Orthanc, combo lyonnais bien connu des amateurs de Black
Metal nationaliste et patriote, nous offre ici un MCD pour le moins époustouflant. Avant "Aux Enfants de Thulé", disque plus que correct, et plus récemment "L'Amorce du Déclin", galette pleine de puissance et dôtée d'une production en béton armé, le groupe a sorti cet EP, nommé "7 Ans de Réflexions", et aujourd'hui disponible chez Hass Weg. Je ne m'attarderais pas longtemps sur la réputation sulfureuse du groupe, les connaisseurs savent à quoi s'en tenir : tout juste les bien-pensants et autres esprits rouges ont ils maintes fois fait annuler les concerts du groupe. Fort dommage au vu de l'indéniable qualité musicale de ce dernier.
Nous ne sommes cependant pas là pour parler politique mais bel et bien pour dresser un portrait de cette réalisation. Limité à 732 copies (rien n'est laissé au hasard), je m'attendais à une banale galette sans livret réel. La pochette, somme toute assez classique, cache un livret vraiment fouillé, reprenant en vrac des couplets des différentes compositions, et richement orné de photos des membres du groupe, qui étaient un duo au moment de l'enregistrement : Glaurung (paré de croix celtes et autres triskèles) derrière les fûts et le micro, et Svallnacht, délégué aux instruments à corde. "The
Dark Crusade Has Just Begun !" Vous voilà prévenus.
La production en rebutera plus d'un, pour sûr. Très sommaire, râpeuse, elle sonne plus comme un enregistrement de répétition que celui d'un studio. Mais loin de flinguer les compositions du groupe, elle leur fait au contraire gagner en intensité et en puissance. La batterie, bien qu'en retrait (nous ne distinguons malheureusement que très peu les blasts), marque un rythme relativement élevé, Glaurung maîtrisant plutôt bien son instrument, malgré quelques (très) discrètes sautes de rythmes semées au gré des titres. Les guitares possèdent un son mat, très compact et râpeux, un mur du son que l'auditeur se ramasse en pleine face. La voix du Maréchal est parfaite : haineuse à souhait, ses hurlements vindicatifs incarnent à merveille les textes du groupe. Car s'il y a bien un autre aspect du groupe qui mérite d'être souligné, c'est le soin apporté à l'écriture : dans un français plus que correct, et sans sombrer dans la "masturbation intellectuelle",
Orthanc nous conte la France d'antan ("732"), les valeurs perdues, la culture en danger, la préservation de nos peuples, le danger des monothéismes ("Le Glaive"), l'élitisme ("Les
Chiens et les Loups"), le tout arrosé d'une louche de paganisme ("[...]De par nos dieux oubliés, puisse le paganisme régner !" dans "The
Dark Crusade").
Les compositions sont donc d'excellente facture, structurées et comptant suffisament de "variété" (comprenez par là changements de rythme, ralentissements, changement de plans) pour ne pas lasser outre mesure. La reprise de
Kristallnacht, "A
Strife... A
Victory" ne surpasse bien entendu pas l'original, même si elle rivalise aisément. Mais le titre qui aura le plus retenu mon attention, au cours des nombreuses et attentives écoutes de ce MCD, est sans conteste le brûlot "732", une tuerie sans nom. Relatant l'invasion musulmane lors de la fameuse Bataille de Poitiers, Glaurung y hurle sa rancœur ("Et toi, Charles le Grand, en choisissant la croix, corrupteur de l'esprit, as-tu fait le bon choix ? Aujourd'hui, on en paie le prix..."), mais également une critique acerbe et surtout bien transparente - à vous d'interpréter, de réagir voire de comprendre. Les autres compositions ne sont pas en reste, en témoigne le très bon "Les
Chiens et Les Loups" et la conclusion "Le Sang", jouée au synthétiseur, mélodie d'orgue funeste - comme pour rythmer la marche funèbre de notre pays vers sa fosse ?
Ceux qui s'arrêtent à la dimension politique de groupes tels qu'
Orthanc ne savent malheureusement pas à côté de quoi ils passent. Les exemples sont plus que nombreux, et les lyonnais en font partie. Signant avec ce MCD une pièce très forte et très dense, leur parcours sera voué à être un sans-faute, dernièrement marqué par leur dernier disque (toujours chez Hass Weg) que je vous invite à écouter d'une oreille attentive - il est excellent, même s'il nécessitera plusieurs écoutes pour être pleinement assimilé par votre serviteur. Une très belle découverte que je dois en totalité à un collègue qui se reconnaîtra probablement - au passage, merci infiniment, l'ami !
Merci pour cette chronique.
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