Voilà la nouvelle sensation speedmetal de l'année 2020. Débarquant du plat pays après un premier album passé plutôt inaperçu de ce côté des Ardennes, les fous furieux de Bütcher sortent chez
Osmose leur second méfait, sobrement (!) intitulé
666 Goats Carry My Chariot, au champ lexical Venomesque en diable. Et, en 36 minutes qui filent comme l'éclair, assènent un grand élan à la fameuse Speedmetal
Wheel qui orne le verso de la pochette de nos adorateurs du metal de tradition.
Pensez donc à une orgie sonore qui aurait comme protagonistes les premiers pas de
Slayer (le titre emblématique "Metallström/Face the Bütcher ne trompe guère sur les intentions), les réminiscences d'un
Bathory époque 1987 par petites touches, le speed échevelé d'un
Destruction toujours entouré de pierres tombales, un
Hexecutor déraciné de sa complexité rythmique, ou un
Exodus qui n'aurait pas encore publié son référentiel
Bonded By Blood tombé dans la marmite de chez
Exciter. L'idée est là, rétrograde mais virulente, Bütcher faisant bien souvent le grand écart entre ces références au gré de compositions (très) souvent effrénées ("
Sentinels of Dethe" qui laisse peu le temps de respirer tout comme "
Viking Funeral", ou "45 RPM
Metal", au titre évocateur), mais aussi conquérantes. A ce titre, le gros morceau est sans conteste celui qui donne son titre à l'album "
666 Goats Carry My Chariot". A la fois épique, déclamatoire et guerrier, varié, il eut pu être composé par un
Darkthrone (époque Underground
Resistance) inspiré, tant il revisite certains thèmes musicaux autant que textuels (les paroles méritent la lecture tout au long du disque, soi-dit en passant, références assumées inside). En un peu plus de neuf minutes, ce titre balaie le vieux Maiden si celui-ci avait été plus extrême dès 1981, une approche que n'aurait pas reniée le juvénile Cradle of
Filth, les débuts de
Mercyful Fate (cris made in
King inclus sur un bref instant) et les sommets vikings de
Quorthon ou d'un
Primordial énervé en un seul morceau de bravoure, justifiant quasiment à lui seul l'achat de la galette. Presque blackmetal parfois, le grand écart entre tous ces groupes et sous-genres est ici réuni en un seul disque.
Loin d'être monochrome, l'album, un peu à la manière d'un
Eternal Champion dans un autre genre, privilégie la qualité à la quantité (même si on en aurait repris un peu). Sur les 9 morceaux, deux sont des instrumentaux en début et fin de disque d'à peine plus d'une minute, les 7 morceaux restants passent à vitesse grand V, pouvant dégager un sentiment de frustration une fois l'album terminé. Le quatuor, à la manière d'un
Hexecutor (ou d'un
Hellripper, dont on aura l'occasion de reparler), ne ménage pas sa peine, avec un vrai sens de l'urgence encore plus marqué que chez un
Vulture avec qui les similitudes sont pourtant nombreuses.
Plus foutraque qu'un
Evil Invaders, moins evil qu'un
Slaughter Messiah, toujours à la limite de la rupture, Bütcher ne s'embarrasse pas de fioritures, speede comme si sa vie en dépendait, et au final réussit de manière improbable à susciter l'intérêt. Fans de speed construit, léché et structuré de manière lisible, passez votre chemin. Bourré de références, les Belges se moquent des clichés, enfilés ici comme des poules par un renard affamé. L'album, étonnamment cohérent, ne possède que peu de faiblesses, parmi lesquelles une durée un peu courte et quelques passages un peu passe-partout. Comme sorti en 1983, petit descendant de l'urgence naguère née avec
Sentence of Death (
Destruction), ce
666 Goats Carry My Chariot constitue une vraie belle surprise.
Hormis le titre "666 goats carry my chariot" qui sonne comme du Bathory période "Hammerheart" (1990) agrémenté d'une touche de Mercyful Fate, je vois Bütcher, notamment sur les quatres premiers morceaux (l'intro instrumentale d'ouverture étant, elle, influencée par Iron Maiden), comme un croisement entre les débuts d'Helloween, Rage, et Scanner avec l'album "Power And Pain" (1985) de Whiplash (le jeu du guitariste se rapprochant beaucoup de celui de Tony Portaro sur ce disque).Sinon "45 RPM metal" semble être un hômmage à Judas Priest, vu que sur ce titre on trouve quelques passages empruntés au morceau "sinner" issu de "Sin After Sin" (1977).
On connaît pires références.
Merci Jérome pour la chro. J'ai finalement attendu presque un an pour commander ce disque qui m'a pourtant filé la trique dés la première écoute via YT. Un speed metal hyper efficace, plus varié qu'il n'y parait. J'adore les roulements de "r" du chanteur.
Je conseille aux amateurs le premier album, plus foutraque mais également excellent.
Je re-déguste ce disque à la lecture de ta chronique apres les quelques bonnes baffes assénées en live... et en effet, nous sommes d'accords. on a un bon Power Three avec Sacrifizer, Bütcher et Hexecutor... who the fucking else ?
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