Phobia fait partie de ces irréductibles groupes qui, malgré une reconnaissance quelque peu limitée, s’accrochent bec et ongle et enquillent les albums avec une foi inébranlable. Formé en 1990, les américains nous livrent ici leur sixième album, leur carrière étant par ailleurs jonchée de EP, de démo et de splits…
Et force est de constater que les années n’assagissent pas les musiciens, ceux ci d’évertuant avec la même ferveur à nous balancer un grind des plus dévastateur. Les courtes compos du groupe sont bâties à partie de riffs plutôt basiques, et surtout fortement influencées par le punk et le hardcore, ce qui accentue encore d’avantage de côté sans compromis de cette galette qui ne dépasse pas les 29 minutes. Quasiment aucunes traces de mélodies chez
Phobia, et dans ce style usé jusqu’à la corde, mieux vaut avoir de sérieux arguments à faire valoir sous peine de se vautrer dans une soupe sans saveur au fort goût de réchauffé. Et heureusement pour les zicos (et pour nos oreilles), ce ne sont pas les qualités qui manquent à cette galette. Non pas que le groupe propose un grind novateur, mais le niveau technique des musiciens est conséquent, ce qui leur permet de balancer des morceaux à la fois accrocheurs et extrêmement brutaux. Bien entendu, comme de coutume dans ce style, quelques mid tempo sont placés ça et là, et l’effet est toujours dévastateur. A ce titre, la prestation du batteur est remarquable, une véritable machine à blast d’une précision d’horloger suisse !
Textes revendicatifs, intro parlées genre journal télévisé, urgence de la musique, l’aura de formations telles que
Disrupt ou terrorizer plane incontestablement sur
Phobia, que l’on pourrait également rapprocher de formations plus récentes telles que
Rotten Sound ou
Deathbound, mais avec un côté hardcore plus prononcé. Il faut dire aussi que les musiciens de
Phobia jouent ou ont joué avec des groupes comme
Exhumed,
Cretin,
Repulsion,
Fuck The Facts et bien d’autres ! « 22
Random Of Acts Of Violence » se paie par ailleurs le luxe de posséder une production impeccable, puissante et parfaitement claire, ce qui se ressent notamment lors des parties les plus rapides. Du bien beau boulot.
Ce nouveau
Phobia, c’est une bonne grosse dose d’adrénaline qui se savoure sans se poser de question. Ce n’est pas le genre de métal qui fait fonctionner les neurones, mais que c’est jouissif ! Je vous invite fortement, si vous êtes amateurs de grind, à écouter quelques titres pour vous faire une idée de la chose…
- En 1993 lors de la sortie de l'EP 4 titres Return to Desolation, qui sonnait tout de même très brutal death. Je me souviens encore très bien du terrible titre Depraved, particulièrement déboulonnant.
- J'ai ensuite perdu Phobia de vue pour le retrouver sur son second full lenght Serenity Through Pain, ancré dans un grindcore beaucoup plus prononcé, mais manquant non seulement de technique, mais aussi de puissance, par rapport à l'image que j'avais gardée du groupe en 1993. Ceci m'a dissuadé par la suite, à tort ou à raison ?
D'où ma question (ou colle) : Serenity Through Pain, était-il un album dans le creux de la vague, ou bien Phobia n'est pas vraiment ma tasse de thé ? En d'autre mots, Cruel ou Acts of Violence lui sont-ils supérieurs en puissance et en qualité ? Je n'en suis pas aussi sûr en lisant la chronique, qui tient à mon sens plus de l'hommage généreux que de la véritable fascination. J'ai en effet l'impression que Phobia poursuit simplement & petitement son chemin.
D'un autre côté, j'ai beaucoup d'estime pour Willowtip Records (Severed Savior, Necrophagist, Illogicist, Odious Mortem, Arsis, Gorod)...
Fabien.
Après pour vraiment apprécier ce groupe il faut s'accoutumer aux sonorités bruitistes et à la véhémence du Grindcore chose assez complexe pour ceux qui cherchent une once de mélodie.
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