Quel étrange hasard de concordance entre la date de sortie, le choix du titre de l'album et l'actuelle pandémie qui terrorise et confine une grande partie de l'humanité. Argonauta Records, label italien spécialisé dans le stoner-doom-sludge, a en effet prévu la sortie de "
2020 Back to Earth" de
Kayleth pour le 8 mai 2020, à l'heure où le spectre d'une deuxième vague effraie une population qui a hâte de renouer de vrais liens sociaux.
Ce groupe italien, originaire de Vérone et s'inspirant musicalement des vénérables anciens du genre (
Kyuss, Monster magnet), est actif depuis 2005 et enregistre plusieurs démos dans ses jeunes années, tout en multipliant les apparitions scéniques. L'EP "
The Survivor" en
2012 fait basculer le groupe dans une dimension space-rock, affirmée un an après par l'adjonction d'un clavieriste. Incorporant le giron d'Argonauta Records,
Kayleth publie 2 albums : "
Space Muffin" en 2015 et "
Colossus" en 2018.
Toujours promu par le même label, ce 3ème album se voit paré d'un joli artwork qui renvoie à la science-fiction des années 1940-1950.
Qu'en est-il alors de ce retour sur Terre ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Hé bien oui. Faisant fi des virus vicieux,
Kayleth sort d'emblée une artillerie de grosses guitares sur les trois premiers titres, histoire de faire le ménage. Si "
Corrupted" et "
Concrete" se lovent dans un appétissant moule stoner classique, "
Lost in the Canyons" étonne avec l'apport, vers le milieu, d'un saxophone dont la sonorité rappelle le grand et regretté Clarence Clemons du E-Street Band.
L'ambiance se pare alors d'un voile cosmico-psychédélique, même si celui-ci est distillé tout le long de l'album en filigrane par les claviers de Michele Montanari. La planante et groovy "
Delta Pavonis" illustre dignement cette sensation planante, par le groove hypnotique de la section rythmique couplé aux notes de synthé branché sur le cosmos.
Les guitares de Massima Dalla Valle prennent alors la part du lion sur les riffs de la puissante "By Your Side" et le solo finement ciselé de "Electron". Ce titre renvoie furtivement, par sa mise en place basse-batterie martiale et tribale, à The Cure période Pornography.
Niveau production, celle-ci s'avère soigné, laissant la part belle aux instruments. La voix, juste et assurée, est un peu derrière mais sans que cela soit une gêne.
Le groupe aime varier les plaisirs tout au long de la galette, passant d'un titre stoner bien nerveux ("The
Avalanche" et ses riffs en cascade) à "
Sirens", un lent voyage initiatique au beau milieu de la galaxie. La voix d'Enrico Gastaldo, belle et suave, égrenne de jolies mélodies célestes, magnifiées par un synthé from outer space.
Kayleth conclut même l'album avec une certaine audace par "Cosmic
Thunder", où le couple basse-batterie groove par intermittence sur un rythme funky, avant d'être transformé par une guitare énorme et grasse qui replace le groupe sur les rails d'un stoner efficace. Un bien bon morceau pour conclure un non moins bon album.
Alors si vous n'êtes pas frileux d'explorer l'univers de
Kayleth, n'hésitez pas une seconde. Cet album représente une belle bouffée de gaz cosmique et chaleureux en ces temps troublés.
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