Dryom nous propose depuis l'an dernier son premier album, tout simplement intitulé 2, la formation russe travaillant ici avec leurs compatriotes du label
Solitude Productions.
Le groupe propose un
Funeral Doom très classique sur le fond, mais tirant son épingle du jeu de par l'utilisation mesurée d'instruments folkloriques. Les morceaux, au nombre de quatre, utilisent tous plus ou moins la même recette, à base de guitare à la simplicité imposante et monolithique, de growl sourd et inhumain, et d'interludes plus apaisés. De légères hausses de rythme occasionnelles viennent apporter quelques passages un peu plus intenses, gardant ainsi l'attention de l'auditeur pleinement éveillée et donnant aux morceaux la possibilité d'exprimer des émotions de manière plus ouverte et moins austère. De même, les quelques mélodies à la guitare présentes ici et là conservent toujours une certaine sobriété sombre assez plaisante.
Sans grande surprise des touches de clavier sont également utilisées, allant des simples nappes venant simplement enrichir l'atmosphère de l'album en lui donnant une touche de majesté supplémentaire à des passages se voulant plus mélodiques - on pourrait par exemple citer à ce niveau-là le titre "Metel" ("Tempête de neige") et ses envolées dont la simplicité n'altère pas l'impact.
Comme dit plus haut, l'album incorpore des touches plus folkloriques, sous la forme de passages à la flûte et à la guimbarde. Très simples, mais gagnant justement en impact de par cette simplicité, ceux-ci sont judicieusement distribués tout au long de l'album, et ce, de manière suffisamment espacée pour que leurs interventions ne perdent pas en fraîcheur. Ni joyeux, ni épiques, ils donnent à l'ambiance de la musique une touche plus naturelle, plus sauvage, n'étant pas sans rappeler les travaux de leur compatriotes de Na Sever (qui opéraient cela étant dans un registre moins monolithique et plus rythmé).
C'est justement cette atmosphère qui fait tout le sel de l'album: à la fois sombre et apaisée, froide et mélancolique, austère et belle, torturée et majestueuse. La pochette de l'album et le titre du morceau le commençant ("Myortvyi
Gorod" signifiant "Ville Morte") montrent clairement dans quel décor le groupe souhaite immerger l'auditeur: Dryom nous emmène visiter des installations humaines abandonnées et récupérées par la nature, nous fait profiter de leur charme tout particulier, charme né des contradictions puisque ni tout à fait humain, ni tout à fait sauvage, 2 évoquant ainsi aussi bien la fameuse zone d'exclusion de Tchernobyl que toutes les autres bases militaires et villes désaffectées d'ex-URSS.
Si l'album n'en est pas pour autant un chef d’œuvre et ne révolutionne pas fondamentalement le genre, il n'en est pas moins attachant de par sa combinaison intelligente d’éléments simples mais efficaces, et sait mettre à profit ses touches folk pour se forger une véritable personnalité... à conseiller, donc.
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