16

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17/20
Nom du groupe Einar Solberg
Nom de l'album 16
Type Album
Date de parution 02 Juin 2023
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1.
 16 [feat. Raphael Weiroth-Browne]
 
2.
 Remember Me
 
3.
 A Beautiful Life
 
4.
 Where All the Twigs Broke [feat. Star of Ash]
 
5.
 Metacognitive
 
6.
 Home [feat. Ben Levin]
 
7.
 Blue Light [feat. Asger Mygind]
 
8.
 Grotto [feat. Magnus Bormark]
 
9.
 Splitting the Soul [feat. Ihsahn]
 
10.
 Over the Top
 
11.
 The Glass is Empty [feat. Toti Gudnason]
 

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Einar Solberg


Chronique @ Eternalis

17 Août 2023

Un album qui se met constamment en danger et se balance de style en style dans un exercice de funambule

Comme tant d’artistes à un moment donné, Einar Solberg se jète dans le bain de l’essai solo, autant pour se détacher d’un groupe prenant de plus en plus de place dans le paysage progressif actuel que pour satisfaire certaines envies qui ne correspondrait pas (ou plus, ou pas encore) à Leprous.
Si Leprous a depuis ses débuts touché à tout, énormément évolué et s’est imposé comme une entité métamorphe dont on ne sait jamais à l’avance comment elle nous surprendra, il a également installé des codes et une fanbase qui attend certains éléments indissociables.

Covid oblige, le temps arrivant et s’installant bien trop longuement (malgré la création de "Aphelion" qui, lui aussi, n’aurait pas vu le jour sans la pandémie), Einar décide de prendre du recul, de développer des idées de son côté, sans l’appui de Tor Oddmund Surkhe (guitare) ou Baard Kolstad (batterie). Des idées encore plus décharnées, plus mélancoliques, presque intégralement sans guitares et très intimes. Une envie pourtant très collaborative s’empare de Einar qui décide de ne pas simplement inviter des amis ou des artistes qu’il respecte mais bien de partager la composition, de sacrifier une partie de sa mainmise maladive sur la composition pour apporter une partie de l’identité de ceux avec qui il collabore. Ainsi, il demande à des artistes moins connus du monde metal comme Ben Levin (Bent Knee), Toti Gudnason des islandais d’Agent Fresco (la batteur du groupe est également le batteur de l’album) qui a joué en tournée avec Leprous ou encore Magnus Bormark de Gate (groupe de folk traditionnel). A côté, Ihsahn est inévitablement de la partie, tout comme sa femme (et soeur de Einar) avec son projet Star of Ash. Beaucoup d’invités, d’échanges et de collaboration pour donner une couleur à cet opus qui baigne littéralement dans les influences de chacun, le norvégien ayant réellement insisté pour que chacun s’attribue les titres en question (il a même été jusqu’à refusé de sortir en l’état le morceau avec sa soeur car elle n’avait pas assez mis “sa patte” sur le titre, la forçant à littéralement transformer le titre comme elle l’aurait écrit). Une réelle volonté d'alliance, allant bien au-delà d’un appel pour qu’un musicien pose un solo ou un couplet avec une direction déjà maquettée.

Que ressort-il donc de ce "16" ?
Concept sur les seize premières années d’une vie, durant lesquels nous formons notre “patrimoine” culturel, nos références, nos valeurs et notre cadre de vie, elles sont également, selon le créateur de l’album, les seules qui influent et témoignent d’un total changement dans une vie. La suite n’étant qu’une longue évolution, progressive, mais bien moins tranchée que les années qui nous bascule de l’enfance vers la dureté de la vie adulte.
16 est mélancolique, dépouillé mais très riche, empli de beauté et de contradiction, se voulant aussi charnel et organique que froid et électronique. Le norvégien abandonne sensiblement les folies rythmiques de Leprous (quoique …) pour se concentrer sur les voix, sur les sonorités étranges qu’il affectionne, jouant souvent entre des beats électroniques et une batterie acoustique, très souvent sans aucune guitare, avec beaucoup de claviers, de basse et d’un violon lointain qui assure la ligne mélodique que les compositions peuvent suivre.

Le titre éponyme ouvre le bal avec son ami “Leprousien” Raphel Weiroth-Browne au violoncelle pour un premier périple de huit minutes (l’album en fait 70). Très lent, d’une grande tristesse et à fleur de peau, ce premier titre n’est clairement pas une entrée en matière simple à prendre en main ni facile d’écoute. Une immense sensibilité émane de la voix d’Einar, à peine ponctuée par le violoncelle du canadien, tandis comme un filament mélodique, tantôt comme les vibrations sombres de la bascule d’une vie. Quelques percussions éparses apparaissent dans le dernier tiers pour assombrir encore l’ensemble. D’emblée, si la voix du norvégien est reconnaissable entre mille, la comparaison avec Leprous s’arrête ici. Forcément, certaines envolées de sa voix de poitrine referont surface de temps en temps, simplement parce qu’il est lui et que cette technique fait partie intégrante de sa personnalité, comme sur un plus lumineux "A Beautiful Life" et sa structure plus proche d’un single (où les riffs de guitare sont astucieusement remplacés par des nappes électroniques au tempo alambiquées) avec son refrain magnifique. Einar installe également plus de mordant, presque d’agressivité, dans certaines lignes vocales pour prouver une fois de plus l’élasticité de ses cordes vocales. Il en fera de même sur la subtile "Over the Top", dont les deux premiers tiers sont exclusivement un piano-voix d’une beauté stellaire, avant que le tempo ne s’emballe pour des envolées à couper le souffle (avec une progression dans l’esprit d’un "Distant Bells").

Nous parlions de collaboration et c’est bien les morceaux écrits à plusieurs esprits qui méritent qu’on se penche dessus. Car ils surprennent, désarçonnent parfois mais démontre surtout cette volonté de sortir d’une certaine zone de confort. Le jazzy "Home", aux cuivres new-yorkais (rien à voir avec les cuivres lourds et sombres que nous avons déjà pu entendre sur des parties amenant aux ambiances black des débuts), parvient à caler un sublime break où Ben Levin place un chant entre slam et rap qui s’intègrent avec une perfection presque surprenante dans l’ensemble (bien qu’il faille quelques écoutes pour s’y habituer). Difficile de ne pas sombrer également face au fabuleux "Where All the Twigs Broke" (avec Star of Ash, sa soeur donc), prenant une dimension cinématographique sur une ligne de piano folle, une partie rythmique de batterie totalement déstructurée et surtout des arrangements symphoniques d’une immense subtilité, avec l’incursion d’un véritable orchestre sur lequel Einar s’envole littéralement. "Metacognitive" est une autre bizarrerie aux samples inversés et aux sonorités fantomatiques conférant une personnalité unique à l’album, empreint de multiples recherches sonores et d’une réelle volonté de sortir des sentiers battus. "Grotto", s’il semble plus simple à appréhender au début (notamment par la présence d’une structure lisible et d’une rythmique directement audible), c’est surtout dans les trouvailles vocales et les échanges avec Magnus qu’il émerveille et laisse exploser cette volonté de créativité extrême. Certains pourraient y regretter un manque de spontanéité mais je ne peux personnellement que rester ébloui par une telle intelligence de composition, une volonté constante de ne pas faire comme les autres.

Forcément, un "Splitting the Soul" avec Ihsahn nous amènera dans un certain confort puisqu’il sonne exactement … comme un titre écrit par Einar et Ihsahn ! La patte du guitariste est totalement reconnaissable, son riff, son instabilité électronique (bien plus crade que les samples de Einar) et surtout sa voix qui embrase le titre et l’écorche jusque dans ses entrailles. "Blue Light", avec Asger de VOLA, est une autre étrangeté très soft, légèrement insondable, de deux esprits ne faisant de toute façon pas les choses comme tout le monde. On y retrouve une ambiance et un mood entre jazzy, prog/rock et indie à la Massive Attack. Quant au monumental "The Glass is Empty", avec le pianiste de Agent Fresco, il termine l’album sur une fresque de onze minutes très complexe, pas forcément démonstrative ni exubérante mais passant de riffs déstructurés à des lignes de piano d’une immense pureté, dévoilant un véritable choeur (tous les instruments sont joués sur l’album, ainsi que l’intégralité des choeurs) qui apporte une aura extraordinaire à la composition.

"16" est un premier opus en solo d’une immense perfection, façonné avec une grande passion, dans un esprit collaboratif et pur que de moins en moins d’artistes peuvent se targuer d’avoir, sans penser à qui serait en avant et si les gens aimeraient ou pas. Un album qui se met constamment en danger, qui évolue, qui alterne, qui se balance de style en style dans un exercice de funambule d’une maîtrise sans pareille. Il est aussi produit d’une main de maître, tout étant parfaitement audible et pur, sans une once d’instabilité. "16" est un grand disque, tout simplement.

5 Commentaires

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Eternalis - 21 Août 2023:

Ce sont des samples qui, comme son nom l'indique, sont numériquement joués à l'envers. Pour donner un côté un peu distordu et étrange. Ça confère une atmosphère plus étrange je trouve, comme ralenti wink

Ensiferum93 - 21 Août 2023:

Merci pour ta réponse, je vais le réécouter avec cette information en tête pour essayer de bien saisir l'effet escompté

Eternalis - 21 Août 2023:

Sur l'intro de Metacognitive c'est assez flagrant cool

Ensiferum93 - 30 Août 2023:

Merci Eternalis, après plusieurs écoutes et comparatifs j'ai compris et suis donc parfaitement d'accord avec l'effet désiré et ce que tu en as dit ! Reste plus qu'à m'amuser à les repérer dans les autres morceaux wink

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