Ulvdalir est un combo russe encore relativement inconnu qui propage pourtant depuis 2001 leur
True Ingrian Black
Metal Death. Après trois full length et de nombreux Ep et splits, le groupe finit par taper dans l’oreille d’Iron Bonehead, et c’est donc chez le label allemand que sort le quatrième album du quatuor de Saint Pétersbourg sobrement nommé … of Death
Eternal.
Découvrant le groupe avec cette sortie, je serais bien en peine de vous parler des opus précédents de la horde russe ceci dit, sur cette nouvelle livraison, l’identité musicale d’
Ulvdalir est on ne peut plus claire : …of Death
Eternal est le parfait condensé de black orthodoxe des années 2010.
L’intro de presque trois minutes mêle différents bruits, échos et grincements confus en une cacophonie angoissante avant que le psaume liturgique noire vienne nous draper de cette atmosphère d’hostie profanée et d’encens. Un blast lourd et rapide vient démarrer les hostilités, guidant la course effrénée de ces guitares qui nous harcèlent comme une meute de chiens prêts à mordre, rapides, virevoltantes, acérées et noires. Le chant de Winterheart est profond et rauque, sorte d’aboiement infernal et les grattes, oppressantes, se font hypnotiques à force de cracher les mêmes motifs, jusqu’à ce que résonne ce break plus lent à 2,35 minutes sur lequel la basse vient nous bercer de ses notes mortifères. Sur cette accalmie mid tempo,
Ulvdalir montre qu’il n’hésite pas à agrémenter ses compositions de trouées mélodiques, ce qui sera confirmé par ces mélopées de guitares flottantes et lénifiantes qui viennent nous engourdir d’une onde de chaleur avant que le morceau ne reparte sur la noirceur primitive et la vitesse furieuse du début. Le début de
Black Flame of
Will sonne plus typiquement true black avec ces riffs charbonneux et légèrement dissonants, ce martèlement continu de batterie et ce chant putréfié, néanmoins, le morceau possède son lot de changements de rythmes, notamment avec ces passages black n’ roll headbangants et un solo – de basse ? – groovy un rien saugrenu viendra même nous surprendre en fin de morceau.
Les Russes proposent huit pistes pour cinquante minutes, intro et outro comprises, offrant donc six véritables compositions longues et soignées. A noter que la production est vraiment bonne pour le style, claire sans être aseptisée, parvenant à rendre chaque instrument clairement audible sans pour autant gommer l’atmosphère indispensable à ce genre de musique. Le niveau technique est plus qu’honorable et l’ensemble, parfaitement exécuté, sonne très professionnel, mais c’est peut-être justement là que le bât blesse : riffs roulants et répétitifs, blasts glaciaux, petits arpèges dissonants bien placés, tremolo pickings mélodiques (
Eternal Angel of Death
Eternal), basse grondante (
Awakening), mid tempo qui font taper du pied, soli de guitares judicieusement placés par ci par là histoire d’aérer l’ensemble, … Of Death
Eternal est qualitativement irréprochable, on sent les musiciens sincères et habités, mais le tout manque de folie et d’originalité, sonnant comme un mélange de true black et de black orthodoxe très bien foutu mais extrêmement classique qui ravira probablement l’amateur du genre mais ne parviendra pas forcément à se démarquer de la concurrence.
Pour conclure, les Russes signent un quatrième album plus qu’honnête, mêlant habilement intensité et mélodies et respirant la dévotion à l’art noir, ceci dit l’ensemble manque trop de personnalité pour vraiment s’imposer comme un grand album.
Ulvdalir maîtrise parfaitement les codes du black orthodoxe moderne, certes, mais reste un élève doué et appliqué qui doit encore mûrir pour se libérer du carcan musical de ses maîtres.
Quoi qu’il en soit, il serait dommage de se priver de cette petite mort éternelle qui contribue à poser une nouvelle pierre d’obsidienne, une de plus, à l’indestructible édifice de l’art noir.
Coldness of the solitude
only death is our salvation
do you feel the cold?
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