Sacrimony est un groupe polonais fondé l'an dernier en hommage à un compositeur italien méconnu, Guido di Conza, dont les travaux ont été jugés (au XVIe siècle) trop en avance sur son temps.
Cette démo peut paraître courte, cinq morceaux, pourtant j'ai eu la sensation d'avoir passé ma nuit à l'écouter. Il faut dire qu'on a affaire à du doom (quasi funéraire au vu de la lenteur et de la lourdeur de l'ambiance) et que presque tous les morceaux dépassent les 8 minutes.
Mais ce n'est pas que ça. Il y a quelque chose dans cette musique qui fige le temps : Sacrimony construit ses morceaux selon une structure monolithique, tout part d'une mélodie qui se répète, à laquelle s'ajoute de nouveaux éléments, instruments ou variations. Ce qui donne l'impression que cette souffrance, dessinée par la guitare très saturée (saturation qui rappelle celle de
Satyricon sur "
Dark Medieval Times" ou
Tristania sur "Widow's Weeds") et les diverses orchestrations de violons émanant du synthé - cette douleur semble perdurer éternellement.
Sacrimony table avant tout sur l'instrumental pour mettre en avant les influences symphoniques qui sont à l'origine du groupe. Le seul morceau contenant des vocaux est la piste éponyme : entre le grunt et la litanie, le résultat surprend après plus d'une demie heure d'instrumental, mais colle bien avec l'ambiance raw - même si la production devrait quand même être améliorée pour les vocaux.
Le synthé est très important car les violons et les notes de piano viennent de lui, il est donc mis sur le même plan que la guitare, appauvrie en basses, voire même plus en avant. L'atmosphère pesante et dramatique vient certes de la batterie, au jeu évidemment peu démonstratif mais subtil, mais avant tout du contraste entre la guitare et le synthé : tandis que l'une a un son cru (plutôt aigu) et une mélodie carrée (presque industrielle sur "Angels
Autumnal Shimmer"), l'autre englobe l'espace d'une mélodie lancinante voire élégiaque. "Stay Under the Snow", interlude suivant le premier morceau et le plus long de l'album de surcroît, a par exemple un thème triste à pleurer (le piano et les violons ont souvent cet effet là).
Si je ne devais citer qu'un morceau, ce serait "Angels
Autumnal Shimmer". Le thème à la guitare est tantôt froid et contemplatif, tantôt sombre et suffocant, la mélodie répétitive opère des changements infinitésimaux qui fait voyager pendant dix minutes avant de revenir au point de départ.
En bref, Sacrimony joue un doom assez original, entre le funéraire de
Monolithe et le mélodique. La production correcte et l'acoustique maîtrisée ajoute son charme à cette démo riche en émotions, au thème profondément hivernal.
Après je te l'accorde, si Sacrimony ne tente pas d'enrichir ses morceaux à l'avenir, ils n'iront pas loin.
Dans le style Doom atmosphérique et monolithique, l'album d'Ixion est sympathique (mais trop long).
Quand au son, les polonais de Source Of Deep Shadows ont prouvé que pour sortir un très bon album avec une production minimaliste, nul besoin des moyens astronomiques.
Merci pour vos recos, je savais que le funeral était un genre underground plutôt large mais pas à ce point ^^
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