Décidément, en ce moment le black grec se porte bien. Après le premier EP de Yoth Iria et le nouvel album des vétérans de
Kawir, c’est au tour des Athéniens d’
Empire of the
Moon de sortir leur deuxième full lenght chez Iron Bonehead. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’après un très bon
Πανσέληνος en 2014, un successeur était impatiemment attendu, et c’est enfin chose faite six ans plus tard, avec un Eκλειψις tout chaud qui vient nous taquiner les tympans avec sept titres pour un total de 38 minutes de musique.
C’est un
Arrival ambiant qui nous accueille, sombre et menaçant, avec cette mélopée sournoise qui s’amplifie dans ce silence primal glacial, s’amplifiant imperceptiblement et semblant annoncer le fracas à venir. Les guitares prennent le relai, lentes et majestueuses, rythmées par ces percussions lourdes et guerrières, quelques chœurs résonnent, montant rapidement en intensité… Et
Imperium Tridentis est lancé : ce blast saccadé et lourd sur lequel dansent ces guitares chaudes aux accords antiques et harmonieux, pas de doute, on est dans la plus pure tradition du black grec.
Dans sa catégorie, le trio fait très bien son taf, balançant des morceaux à la fois mélodiques et agressifs aux leitmotivs entêtants transcendés par ces quelques parties solistes lumineuses (à partir de 3,16 minutes de
Imperium Tridentis, le début de Devi Maha Devi avec ces grattes hurlantes qui semblent expirer leur désarroi dans un déluge de notes incandescentes).
On sent bien les origines du groupe, avec une dominance de ce mid tempo et de ces guitares enlevées et chaudes, mais Eκλειψις parvient à dégager cette ambiance mystique et sacrée qui sied si bien au genre (la fin de Per Aspera ad Lunae - I. The
Resonance Within avec ce riff très simple et touchant, ce chant narratif en grec et ces chœurs habités, le début de Per Aspera ad Lunae - III.
Descending, de toute beauté qui enchaîne sur un black metal très mélodique empreint de cette majesté millénaire et ensorcelante, avec ce riffing hypnotique relevé par cette batterie métronomique et imperturbable, ces claviers discrets mais omniprésents, ces ralentissements mélancoliques et ces chœurs d’un autre temps).
Néanmoins, si
Empire of the
Moon soigne ses mélodies et ses atmosphères, notamment via le jeu subtil des claviers qui se fondent admirablement dans l’ensemble et ces quelques parties narratives et autres chœurs, il n’oublie pas pour autant d’envelopper sa musique d’une certaine noirceur, et ainsi, sur certains passages, ça va vraiment vite pour du black grec (les les blasts fulgurants et le chant black bien arraché de Per Aspera ad Lunae - I. The
Resonance Within, les quelques accélérations bien senties de Per Aspera ad Lunae - III.
Descending).
Ainsi, sans faire dans l’originalité,
Empire of the
Moon parvient à signer un très bon album de black metal à la grecque qui, tout en respectant la tradition de ses aînés, y insuffle son propre âme, proposant une musique riche et travaillée aux atmosphères sombres, épiques et grandiloquentes. Les amateurs du genre apprécieront sans aucun doute, quant aux autres, ils peuvent aussi y jeter une oreille, Eκλειψις constituant une porte d’entrée idéale vers un metal extrême, grâce à ce foisonnement harmonique et ce riffing accrocheur qui pourra peut-être captiver les néophytes et les réfractaires aux sonorité plus agressives.
L’empire de la lune n’a jamais été aussi accessible, et c’est l’Olympe qui paye le voyage, alors profitez-en tonnerre de
Zeus !
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