Après la pluie, le vent, la tempête et la rage nous voilà sur le chemin du calme. Nous sommes en route face au soleil qui égrène les derniers nuages d'une journée plutôt morne. L'atmosphère se réchauffe au son de 'Here Comes the Sun', avant-dernier album de Klone. Nous avançons vers une prestation que nous comptons calme, au cœur du cyclone qui fut noir, comme un passé où la fureur grondait comme l'orage. Ce présent, nous l'attendons avec impatience car, comme l'annonce leur dernier album, tout se prête, ce soir, à une prestation tout en vérité et en acoustique.
Invité par Klonosphere, nous sommes très heureux d'arriver au Jas'Rod. Cette salle, est un écrin juste calibré pour donner le meilleur à la musique, perdu au sommet d'un mont presque chauve. Oublions que notre nom n'était pas sur La Liste et comptons sur l'accueil toujours généreux de nos ami(e)s au sein de l'endroit pour entrer dans les meilleures conditions. Disons que la foule n'est pas encore au rendez vous, mais que quelque chose nous fait penser que les connaisseurs sont bel et bien là. En effet, comme le montre la salle où sont installées les tables de bistrot et leurs tabourets de bar aux reflets métalliques, cette soirée s'annonce différente des autres instants Metal que nous avons vécu ici. La scène, habillée de noir et de lumière pourpre, cache une batterie dans l'ombre, et avance trois chaises accompagnées d'un pied de micro qui en disent déjà long. La sobriété est de mise, pas de gros amplis et de kits de batterie à exploser les tympans. Inutile d'avoir apporté ses bouchons d'oreille. Quelque chose nous fais dire que les décibels risquent fort d'être plus faible que l'émotion.
Skeleton King
Nous aurons ce soir le plaisir d'écouter Skeleton King qui annonce un "Instrumental, Modern and Progressive Rock From France" sur la magnifique affiche qui orne leur table de mersh.
Sur scène, alors que l'attente commence à se faire légèrement longue, nous avons tout de même le plaisir de voir une basse et, une guitare semble-t-il électrique, qui promettent une première partie aux sonorités moins acoustiques.
Nous avons cru entendre que la première prestation commencerait à 21h25 ; les Skeleton King sont pile à l'heure. Chemise noire de rigueur, ils s'installent au plus grand bonheur de la salle qui commence donc à s'agiter.
Et voilà que lentement, les projecteurs commencent à bouger au son des cordes qui résonnent et des cymbales qui tintent sur scène.
Les instruments sont à l'honneur ce soir, avec ces quatre gars qui nous offrent une interprétation de leur répertoire totalement adapté en acoustique. Une première pour ce groupe de la région Marseillaise. Un quatuor sans voix qui explore avec nous cette nouvelle dimension.
Guitariste rythmique et bassiste sont à l'unisson alors qu'au centre l'électro acoustique nous fait totalement vibrer. Il nous semble entendre la furie de l'électricité sur ce deuxième titre qui monte en puissance.
Alors que la passion du bassiste et du batteur assurent un rythme enlaçant, les notes des guitares nous emportent sur des horizons plus étranges.
Le regard dans le vide, le bassiste est, comme nous, envoûté par les notes qui s'échappent de la guitare électrique aux formes épurées.
On sent encore sur la fin de ce troisième titre que la force des compositions électrisées poussent derrière, et font monter la fureur du son qui gronde.
Alors que le bassiste, seul à prendre la parole, nous annonce "Melancolia", les lumières s'éteignent pour que de faibles lueurs et des lasers enveloppent ce titre doux comme une nuit obscure.
La mélodie est encore une fois le fruit de ces notes aiguës toutes droit sortis des guitares. On retrouve sur leur EP, deux des titres joués ce soir. Un disque produit par Trendkill Records, organisateur de cette soirée magique qui démarre sous les plus beaux hospices.
Pour ce dernier titre annoncé, et après quelques remerciement chaleureux, la scène s'habillent de rouge pour un morceau bien plus rythmé que les précédents. Alors que les doigts courent sur les cordes et que les toms résonnent de leur plus sombres ombrages, nous apprécions la justesse et la profondeur de l'univers de ces jeunes hommes. Ils sont applaudis à juste titre. Bravo pour cette prestation acoustique du plus bel effet. Peut être trop courte, mais en tout cas, notre curiosité a été piquée à vif, et nous allons fortement nous intéresser à leurs chansons en version saturée. L'un des artistes nous confie que les titres originaux comportent des samples difficiles à mettre en œuvre sur la version acoustique, car vraiment taillés pour la puissance de la guitare électrique. Nous ne manquerons pas leur prochaine apparition amplifiée qui devrait arriver avec la fin de l'été.
Set List :
Majestic Waves – Aeon – Apology for the Maon – Melancolia – Sexual Parody
Klone
Alors que la batterie est soigneusement couverte d'un fin tissu noir, les Klone installent les instruments de leur prestation à venir.
Inutile de préciser que le plus gros du boulot et du côté de l'élément féminin du groupe avec un tom, l'accordéon et un petit clavier.
Chaque guitariste dispose son ampli aux formes et à la couleur plutôt vintage. Leurs guitares sèches commencent à résonner alors que le chanteur au delà du micro, prend soin de positionner un ordinateur portable à ses côtés.
"Sweet immersion" est une entrée forte au son d'une voix et de guitares qui teintes comme le bleu qui habille la scène .
Puis, le souffle de l'accordéon qui débute le second titre fait monter l'émotion. Nous sommes alors aspiré au plus près de la scène comme la presque totalité des spectateurs.
L'instrument est ici au centre du titre de toute beauté et emporte notre cœur entre les mains de la muse. Les guitares et la voix faisant monter cette force qui arracherait presque nos larmes.
Le son cristallin de l'introduction suivante nous prend les tripes alors que le tom basse fait exploser la surprise d'un titre qui va au delà de l'original.
Nous sommes tous hypnotisés alors que la guitare solo retenti au son du rythme qui s'accélère comme le battement de notre cœur qui déborde, arraché par la voix de Yann.
« People are People » pourrait être une récréation au milieu de cette océan d'émotions, mais s'avère juste un plaisir, tellement cette chanson est transformée par un chant étonnant. « The Silent Field of Slaves » va nous dérouter. Non par son adaptation, mais par sa nouveauté, car spécialement écrit pour cet Unpluggled. Nous ne sommes pas les seuls à nous perdre ici. Bercée par les notes qui glissent sur les cordes, l'accordéoniste va nous ramener à la vie, alors que le rythme oscille tel une vague qui vous bouscule. Puis les lumières s'éteignent sur un crescendo tout en douceur.
Un prompt remerciement avant qu'un autre titre de 'Here Comes The Sun', ou plutôt, devrions nous dire du 'Unplugged', ne raisonne à nouveau pour notre plus grand plaisir.
"Gone Up in Flames", qui nous avait charmé dans sa première apparition, et se prêtait sûrement le plus à l'exercice, est ici transfiguré au son de la voix d'Armelle forte des touches de son petit Korg.
À chaque titre, les guitares nous emportent dès les premières notes avant même que le chant ne nous surprenne. Cette voix qui va prendre toute sa puissance poussée par le vent qui souffle entre les doigt d'une femme inspirée, et emportée par la lumière blanche qui plane sur scène.
Et voilà que la légèreté de l'été et la gravité des cordes viennent nous cueillir. Sur cette scène, « Summertime » est magique. Les mots ne viennent plus tellement la mélodie de cette version force notre esprit à la contemplation. Enveloppé dans un écrin dorée, les artistes ont transcendé ce titre intemporel.
La douceur du titre suivant est bientôt rattrapée par la force de la musique. Voix et instruments ne font qu'un et élèvent l'émotion au firmament des lumières bleutées, telle une vague céleste qui nous emporte bien loin.
Cet Unplugged prend tout son sens à l'écoute de ce titre qui jouent avec nos sens.
Le saxophone comme d'autres instruments à vent ont toujours fait partie de l'univers de Klone, mais ce soir on constate que l'accordéon donne effectivement un nouveau souffle à l'œuvre de ce groupe qui n'en finit pas de nous étonner.
Un rappel pour une chanson que nous avions du mal à imaginer en acoustique. « Rocket Smoke », ce titre qui nous a fait clairement aimer Klone, est incroyable. Il va exploser de toute part et nous emporter dans une version fantastique.
Un salut des quatre artistes comme au théâtre qui habille la pochette de cet Unplugged que nous allons nous procurer sans tarder. Une ovation de plus d'une minute ne devrait pas étonner cette jeune femme et ses trois acolytes. Cette prestation a emporté notre raison au delà du son, nos oreilles ont vibré à mille lieux du cercle qui tourne sur la platine. Somptueux, doux et fort à la fois, les titres sont transformés dès les premières notes jusqu'aux silences qui raisonnent encore au fond de notre être.
Klone nous a montré ce soir que dans le fond de chaque artiste, il y a un chemin caché, silencieux, que l'on ne voit pas tout de suite, mais qui finit par ressortir avec le temps. Il faut juste attendre que la jeunesse se libère de toute cette fureur et que la maturité musicale fasse remonter l'essentiel. Nous seront sans faute aux Nuits Carrées à Antibes le 1er juillet pour nous immerger à nouveau dans cet océan de sensibilité.
Set List :
Immersion – Fog – Grim Dance – People Are People (Depeche Mode) – The Silent Field of Slaves – Gone Up in Flames – Come Undone – Summertime – Nebulous – Rocket Smoke
Les amateurs de circle pit et de wall of death ont bien fait de ne pas venir. Nous avions raison de penser que le partage d'une musique presque intimiste serait au rendez-vous. Les couleurs du son et la chaleur des lumières ont créé une ambiance de proximité. Cette fin de soirée est l'occasion de rencontrer et d'échanger avec les Skeleton King qui ont la gentillesse de nous écrire leur set list au dos de leur affiche... Ce que fait également la bienveillante Armelle, sur l'affiche à l'effigie de 'Black Days', surveillée de près par un Yann perfectionniste. Une superbe soirée qui a fait vibrer en nous les cordes de l'émotion pure.
Photos : FredB Art
En tout cas, très bon live report, merci pour ton retour!
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