Art(s) et littérature >> ~ Carnets de notes... ~
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Lundi 23 Mars 2009 - 20:51:15

citation :
Flint dit :
Aucune production personnelle n'est acceptée, il y a d'autres topics pour ça.


 
Tu sais lire?
 
Pour ma part je posterai un éxtrait tout court de 1984 de George Orwell, éxprimant tout à fait...ce que ça éxprime 0
 
"La guerre c'est la paix,
La liberté c'est l"esclavage,
L'ignorance c'est la force"

Lundi 23 Mars 2009 - 21:20:01


citation :
Dimacelte dit :


citation :
Flint dit :
Aucune production personnelle n'est acceptée, il y a d'autres topics pour ça.


 
Tu sais lire? 
 
Desole,j'avais pas vu!0


Mardi 24 Mars 2009 - 11:37:00
Amour fléau du monde, exécrable folie,
Toi qu'un lien à la volupté lie,
Quand par tant d'autres nœuds tu tiens à la douleur,
Si jamais par les yeux d'une femme sans cœur,
Tu peux m'entrer au ventre et m'empoisonner l'âme,
Ainsi que d'une plaie on arrache une lame,
Plutôt que comme un lâche on me voit en souffrir,
Je t'en arracherai, quand j'en devrais mourir
 
Alfred de Musset,"Don Paez", ( Contes d'Espagne et d'Italie )


Mardi 24 Mars 2009 - 12:04:15
American Psycho - Bret Easton Ellis

Et au milieu de l'après-midi, je me retrouve dans une cabine téléphonique à un coin de rue, quelque part dans le centre, je ne sais pas où, en sueur, avec une migraine lancinante qui bat sourdement dans ma tête, saisi d'une crise d'angoisse de première catégorie, fouillant mes poches à la recherche d'un Valium, d'un Xanax, d'un Halcion qui traînerait là, n'importe quoi, ne trouvant que trois Nuprin éventés dans une boîte à pilules Gucci, trois Nuprin que je me fourre dans la bouche et que je fais glisser avec un Diet Pepsi, et dont, ma vie en dépendrait-elle, je ne pourrais dire ce qu'ils font là, ni d'où ils viennent. Oublié avec qui j'ai déjeuner et, plus grave encore, où. Avec Robert Ailes, au Beats ? Avec Todd Hendricks, à L'Ursula's, le nouveau bistrot de Philip Duncan Holmes, à Tribeca ? Ou bien avec Ricky Worrall, au December's ? Ou encore avec Kevin Weber, au Contra, à NoHo ? Ai-je commandé le sandwich de brioche aux perdreaux avec des tomates vertes, ou une grande assiette d'endives à la sauce aux palourdes ? «Mon Dieu, je ne me souviens pas.» Je gémis. Je sors précipitamment de la cabine téléphonique, le walkman
autour de mon cou m'étrangle soudain, comme un boulet attaché à ma gorge et la musique qui en sort - Dizzy Gillespie dans les années quarante - me vrille les nerfs et je le jette (c'est un walkman bon marché) dans la première poubelle qui se met dans mes jambes, et reste là, accroché au bord de la poubelle, respirant lourdement, la mauvaise veste Matsuda nouée autour de ma taille, contemplant le walkman qui marche toujours, tandis que le soleil fait fondre la mousse sur mes cheveux, qu'elle se mélange à la sueur qui ruisselle sur mon visage, et je sens le goût de la mousse en passant ma langue sur mes lèvres, elle est bonne, la mousse, et me voilà soudain la proie d'un appétit
dévorant, et je passe ma main dans mes cheveux et me mets à lécher ma paume avec avidité tout en remontant Broadway, sans voir les vieilles qui distribuent les tracts, ni les magasins de jeans, d'où la musique braille et s'échappe et se déverse dans les rues, tandis que les gens accordent les gestes au rythme de la chanson, un quarante-cinq tours de Madonna, Madonna qui crie Life is a Mystery, everyone must stand alone..., que les coursiers à bicyclette filent comme des flèches et, immobile à un coin de rue, je leur jette des regards furieux, mais les gens passent sans rien voir, ils ne font pas attention, ils ne font même pas semblant de ne pas faire attention, ce qui me calme un tant soit peu, assez pour me diriger vers le Conran le plus proche afin d'acheter une théière, et à l'instant même où je crois être revenu à mon état normal, avoir retrouvé mes moyens, mon ventre se tord, et me voilà pris de crampes si violentes que je titube jusqu'à la première entrée d'immeuble où je me dissimule, plié en deux, les bras serrés autour de la taille, mais la douleur disparaît soudain, aussi vite qu'elle était apparue et, me redressant, je me précipite dans la première quincaillerie venue, où j'achète un assortiment de couteaux de boucher, une hache, une bouteille d'acide chlorydrique, avant d'entrer dans une animalerie, un peu plus bas, où je fais l'acquisition
d'un Habitrail et de deux rats blancs, que je projette de Torturer avec les couteaux et l'acide mais, à un moment, plus tard dans l'après-midi, j'ai oublié le sac avec les rats dedans à la Pottery Barn, tandis que j'achetais des bougies, à moins que je n'aie finalement acheté une théière.


À présent, je remonte Lafayette à grands pas, en sueur, gémissant tout bas, repoussant les gens qui se mettent sur mon chemin, l'écume aux lèvres, le ventre tordu de crampes abdominales - peut-être dues aux amphé, mais cela m'étonnerait -, puis, un peu calmé, j'entre dans un Gristede et parcours les rayons en tous sens, volant au passage une boîte de jambon en conserve que je dissimule sous ma veste Matsuda avant de sortir très calmement pour aller me cacher plus bas dans la rue, dans le hall de l'American Felt Building, où je force la boîte à l'aide de mes clés sans accorder la moindre attention au gardien qui semble tout d'abord me reconnaître puis, me voyant commencer à manger le jambon à pleines mains, me fourrant dans la bouche des poignées de viande rose et tiède, qui reste collée sous mes ongles, menace d'appeler la police. Je file, me voilà dehors, en train de vomir tout le jambon, appuyé contre une affiche pour Les Misérables placardée sur un arrêt de bus, et j'embrasse l'affiche, le joli visage d'Éponine, ses lèvres, barbouillant de traînées de bile sombre son minois ravissant, d'une grâce toute simple, ainsi que le mot GOUINE, gribouillé au-dessous. Je défais mes bretelles, ignorant les clochards qui m'ignorent, et remonte l'avenue, titubant
vers la maison, mais des gens, des endroits, des magasins se mettent sans cesse sur mon chemin, et quand dans la Treizième un dealer me propose du crack, je sors machinalement un billet de cinquante et l'agite sous son nez, et le type fait «Oh, la vache», éperdu de reconnaissance, et me serre la main, me glissant dans la paume cinq ampoules que j'entreprends d'avaler toutes sous le regard faussement amusé du dealer qui tente de dissimuler sa profonde angoisse, et que j'attrape par le cou, coassant «Le meilleur moteur, c'est celui de la BMW 750 iL»,  puis je me dirige vers une cabine téléphonique et me mets à raconter n'importe quoi à l'opératrice, avant de me décider à éjecter ma carte, me retrouvant soudain en ligne avec la réception de Xclusive, annulant un rendez-vous pour un massage que je n'ai jamais pris. Je parviens à retrouver mon calme en contemplant mes pieds, chassant les pigeons à coups de mocassins A. Testoni et, sans y prendre garde, j'entre dans un restaurant minable de la Deuxième Avenue et, toujours aussi secoué, ahuri, en sueur, me dirige vers une petite grosse, une juive, vieille aussi, et atrocement habillée. Elle me conduit à une table abominable, au fond, près des toilettes et, lui arrachant le menu des mains, je m'installe précipitamment dans un box, sur le devant. Sentant une serveuse près de moi, je passe ma commande, sans lever les yeux. «Un cheeseburger. Je voudrais un cheeseburger, pas trop cuit.» «Désolé, Monsieur, pas de fromage. Casher.»

Je ne vois pas du tout ce qu'elle veut dire. «Très bien. Donnez-moi un asherburger, mais avec du fromage, du Monterey Jack, par exemple, et... Ô on Dieu...» Je sens les crampes qui reviennent. «Pas de fromage, Monsieur, dit-elle. Casher...» «Mais bon Dieu, c'est un cauchemar ou quoi, espèce de connasse ? fais-je à voix basse. Du fromage blanc, vous en avez, du fromage blanc ? Apportez-en.» «Je vais chercher le patron», dit-elle. «Bon, comme vous voudrez, Mais en attendant, apportez-moi quelque chose à boire», fais-je d'une voix sifflante. «Oui ?», demande-t-elle. «Un... Un milk-shake. Un milk-shake à la vanille.» «Pas de milk-shakes. Casher... dit-elle. Je vais chercher le patron.» «Non, attendez.» «Je vais chercher le patron, Monsieur.» «Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?» fais-je, écumant, mon AmEx platine déjà posée sur la table graisseuse. «Pas de milk-shakes. Casher...» dit-elle, lippue, une de ces milliards de créatures qui ont défilé sur cette planète. «Alors apportez-moi un lait malté, nom de Dieu... un lait malté à la vanille !» Je hurle, éclaboussant de salive le menu ouvert devant moi. Elle me regarde sans réagir. «Et superépais !» Elle s'éloigne pour aller chercher le
patron, et quand je le vois arriver, copie conforme de la serveuse, en chauve,
je me lève et hurle : «Allez vous faire foutre, bande d'enfoirés», et sors en
courant du restaurant.





Mardi 24 Mars 2009 - 12:45:44
Quelques citations de Confusius,que j'affectionne particulierement:

L'homme supérieur c'est celui qui d'abord met ses paroles en pratique, et ensuite parle conformément à ses actions.
Il faut se garder de trois fautes : parler sans y être invité, ce qui est impertinence ; ne pas parler quand on y est invité, ce qui est de la dissimulation ; parler sans observer les réactions de l'autre, ce qui est de l'aveuglement.
 
Apprendre sans réfléchir est vain. Réfléchir sans apprendre est dangereux.
 
L'expérience est une lanterne attachée dans notre dos, qui n'éclaire que le chemin parcouru.
 
Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir.
 
La nature fait les hommes semblables, la vie les rend différents.
 
 


Mardi 24 Mars 2009 - 13:23:33
L'albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des Albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.Charles Baudelaire


Mardi 24 Mars 2009 - 19:15:57
Des extraits de "Grang Père" de Marina Picasso

On ne s'évade pas de Picasso. Je le sais. Je n'y suis jamais parvenue mais, à l'instant où tout a basculé, je l'ignorais encore.
[...]
Je suis à Genève au volant de ma voiture. [...]
et, soudain, cette bouffée d'angoisse. Foudroyante, oppressive. Les doigts de ma main se contractent dans une crampe violente, intolérable. Une bourrasque de chaleur envahit ma poitrine. Mon coeur bat la chamade. Mes poumons s'asphysient. Je suffoque. Ma mort est imminente. Le temsp de souffler aux enfants de se tenir tranquilles et je m'effondre, la tête sur le volant. Je suis paralysée de terreur. Est-ce cela devenir folle ? Est-ce cela mourir ?
[...]
- vous devriez suivre une psychothérapie, m'a dit le médecin.
[...]
C'est ainsi que débuta mon analyse. Elle durera 14 ans. 14 ans à me perdre dans mes larmes, à m'évanouir, à hurler, à me tordre de douleur, à remonter goutte à goutte le fil du temps, à revivre ce qui m'a détruite, à taire, à balbutier puis à exprimer tout ce que la petite fille pui l'adolescente avait été au plus profond d'elle même ... ce qui l'avait rongée. 14 ans de malheur pour tant d'années de disgrâce.
A cause de Picasso.


Lundi 30 Mars 2009 - 10:40:32
Extrait "A l'Ami qui ne m'a pas sauvé la vie" de Hervé Guilbert

[... ]
le sida est une maladie merveilleuse. C'est vrai que je découvrais quelque chose de suave et d'ébloui dans son atrocité, c'était certe une maladie inexorable, mais elle n'était pas foudroyante, c'était une maladie à paliers, un très long escalier qui menait assurérment à la mort mais dont chaque marche représentait un apprentissage sans pareil, c'était une maladie qui donnait le temps de vivre, le temps de découvrir le temps et de découvrir enfin la vie, c'était en quelque sorte une géniale invention moderne [...].
Et le malheur, une fois qu'on était plongé dedans, était beaucoup plus vivable qu'en définitive que ce qu'on aurait cru.
Si la vie n'était que le pressentiment de la mort, en nous torturant sans relâche quant à l'incertitude de son échéance, le sida, en fixant un terme certifié à notre vie, [...] faisait de nous des hommes pleinement conscients de leur vie, nous délivrait de notre ignorance. [...]
Le sida m'avait permis de faire un bond formidable dans ma vie.

_________________________________________________________________

Maintenant qu'il connaissait cette douleur, Muzil la craignait par dessus tout, ça se lisait désormais dans son œil la panique d'une souffrance qui n'est plus maitrisée à l'intérieur du corps mais provoquée artificiellement par une intervention extérieure au foyer du mal sous prétexte de le juguler, il était clair que pour Muzil, cette souffrance était plus abominable que sa souffrance intime, devenue familière.


J'avais apprécié ce bouquin sans que ça soit le roman de l'année non plus ..  Mais l'auteur avait réussit à me toucher.  Il appréhende la maladie tout à fait différemment que certains .. Il essaie d'en tirer le meilleur, car même si elle est souffrance, une maladie, peut nous "aider" à apprécier la vie, vraiment .. on évite de gaspiller notre temps en des futilités ..

Le deuxième passage devrait être lu par tous les médecins .. parce qu'un malade du sida, en fin de vie qui dit que sa souffrance intime est moins importante que certains examens médicaux, ça fout les boules ... 
Le corps médical s'est beaucoup amélioré la dessus mais il y a encore des progrès à faire sur ce point.




Lundi 13 Avril 2009 - 10:36:26
up ...

Alors c'est devenu une chanson mais avant d'être chanson, ce texte était poème .. donc je poste


Je l'ai trouvée devant ma porte,
Un soir, que je rentrais chez moi.
Partout, elle me fait escorte.
Elle est revenue, elle est là,
La renifleuse des amours mortes.
Elle m'a suivie, pas à pas.
La garce, que le Diable l'emporte !
Elle est revenue, elle est là

Avec sa gueule de carême
Avec ses larges yeux cernés,
Elle nous fait le cœur à la traîne,
Elle nous fait le cœur à pleurer,
Elle nous fait des mains blêmes
Et de longues nuits désolées.
La garce ! Elle nous ferait même
L'hiver au plein cœur de l'été.

Dans ta triste robe de moire
Avec tes cheveux mal peignés,
T'as la mine du désespoir,
Tu n'es pas belle à regarder.
Allez, va t-en porter ailleurs
Ta triste gueule de l'ennui.
Je n'ai pas le goût du malheur.
Va t-en voir ailleurs si j'y suis !

Je veux encore rouler des hanches,
Je veux me saouler de printemps,
Je veux m'en payer, des nuits blanches,
A cœur qui bat, à cœur battant.
Avant que sonne l'heure blême
Et jusqu'à mon souffle dernier,
Je veux encore dire "je t'aime"
Et vouloir mourir d'aimer.

Elle a dit : "Ouvre-moi ta porte.
Je t'avais suivie pas à pas.
Je sais que tes amours sont mortes.
Je suis revenue, me voilà.
Ils t'ont récité leurs poèmes,
Tes beaux messieurs, tes beaux enfants,
Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine.
Eh ! bien, c'est fini, maintenant."

Depuis, elle me fait des nuits blanches.
Elle s'est pendue à mon cou,
Elle s'est enroulée à mes genoux.
Partout, elle me fait escorte
Et elle me suit, pas à pas.
Elle m'attend devant ma porte.
Elle est revenue, elle est là,
La solitude, la solitude...


La solitude - Barbara


Mercredi 22 Avril 2009 - 21:54:07
Baudelaire a la cote (ce n'est pas pour rien que c'est un grand classique). Mon préféré à moi, et bien, c'est "le Chat", tout simplement ! Souvenirs souvenirs ....
 
 
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.
 
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre de plaisir
De palper ton corps électrique,
 
Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aiable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
 
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.