Art(s) et littérature >> ~ Carnets de notes... ~
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Samedi 14 Fevrier 2009 - 17:29:48
Le concept est simple : déposer ici des extraits de romans, poèmes (ou des poèmes entiers), pièces de théâtre, autobiographies, biographies, mémoires, etc. qui vous ont touché, ont suscité en vous des émotions spéciales et particulières, et expliquer en quoi éventuellement ; pour autant, il ne s'agit pas ici de raconter sa vie dans le détail, le "j'ai mangé une pomme" on s'en tape, mais juste d'évoquer son rapport à ces extraits, aux œuvres auxquels ils se rapportent. 

Toutes les langues sont a priori acceptées mais il serait préférable d'ajouter une traduction officielle en français du texte en dessous.

Merci de citer également le nom de l'auteur et le titre de l'œuvre si possible et, pourquoi pas, le chapitre ou la section où sont situés le ou les passages, ce qui faciliterait la tâche des Sommiens intrigués qui désireraient compulser l'œuvre en question après lecture de ou des extraits.

Enfin, j'introduis une dernière originalité : la possibilité de mettre en relation texte et musique, car la lecture d'un texte peut très bien rappeler une chanson, ou l'écoute d'une chanson un texte (et ceci aussi afin de demeurer cadré dans le concept musical de SOM).
Ainsi, vous pouvez très bien accompagner l'extrait d'un titre de chanson, ou de paroles de chanson qui pour vous sont en étroite relation... Mais jamais un titre ou des paroles de chanson seuls.

Aucune production personnelle n'est acceptée, il y a d'autres topics pour ça.

À vous...


Vendredi 27 Fevrier 2009 - 03:59:36
Bonjour !
Voilà pour moi, des paroles d' Heaven Shall Burn, groupe de métal allemand.

Du sang ruisselle dans le sable

Tout espoir a été anéanti et a péri aux frontières du bastion

Nous avons traversé ce monde perdu, nous avons vu tant de détresse

Nous avons laissé notre chez-nous derrière nous, car il n'avait rien d'autre que du désespoir à nous offrir

Sous le voile de l'obscurité nous avons marché à l'infini

Au-delà de l'horizon argenté, il existe un nouveau monde plus courageux

 

Traversant clandestinement les rives de notre monde

Des tas de cadavres sur les murs de la Forteresse Europe projettent une ombre sur votre paradis

L'oubli et l'indifférence vous tiendront chaud

 

Un continent au-delà de toute guérison

Ils nous accueillent comme de sombres envahisseurs

Une plaie béante dans la chair de cette terre, un saignement qu'ils refusent d'arrêter

Engagé, comme vous voyez !


Vendredi 27 Fevrier 2009 - 13:40:00
Merci bien d'alimenter le topic, mais heureusement que j'ai dit "Mais jamais un titre ou des paroles de chanson seuls." ...
Et puis ça aurait été bien d'indiquer le titre de la chanson, aussi.

Je ne tiens pas non plus à ce que ce topic devienne un Refuge kikoolol où l'on ne poste que des textes de chansons trop sombres qui reflètent notre état d'esprit trop méga sombre comme l'on peut en constater la pratique sur les Skyblogs gothiques. Et puis si ce forum est consacré à l'art, il l'est avant tout à la littérature, je ne l'aurais sûrement pas crée avec Bada sinon... Donc les extraits poétiques, théâtraux ou romanesques comptent en premier sur ce topic ; les paroles passent après, sauf si elles sont extraites elles-mêmes de textes littéraires (par exemple, le texte de Sorrows of the Moon de Celtic Frost est le poème Tristesses de la Lune de Baudelaire).
Merci.


Vendredi 27 Fevrier 2009 - 14:02:32
Ça m'intéresse donc je poste
"L'Heautontimoroumenos" de Charles Baudelaire
(pour ne cité que celui ci car je suis fan absolue de l'écriture de Baudelaire...)
   Je te frapperai sans colère
    Et sans haine, — comme un boucher !
    Comme Moïse le rocher,
    — Et je ferai de ta paupière,
   
    Pour abreuver mon Saharah,
    Jaillir les eaux de la souffrance ;
    Mon désir gonflé d'espérance
    Sur tes pleurs salés nagera
  
    Comme un vaisseau qui prend le large,
    Et dans mon cœur qu'ils soûleront
    Tes chers sanglots retentiront
    Comme un tambour qui bat la charge !
   
    Ne suis-je pas un faux accord
    Dans la divine symphonie,
    Grâce à la vorace Ironie
    Qui me secoue et qui me Mord ?
   
    Elle est dans ma voix, la criarde !
    C'est tout mon sang, ce Poison noir !
    Je suis le sinistre miroir
    Où la mégère se regarde.
      
    Je suis la plaie et le couteau !
    Je suis le soufflet et la joue !
    Je suis les membres et la roue,
    Et la victime et le bourreau !

    Je suis de mon cœur le vampire,
    — Un de ces grands abandonnés
    Au rire éternel condamnés,
    Et qui ne peuvent plus sourire !



Vendredi 06 Mars 2009 - 14:10:48

citation :
Flint dit :

Merci bien d'alimenter le topic, mais heureusement que j'ai dit "Mais jamais un titre ou des paroles de chanson seuls." ...
Et puis ça aurait été bien d'indiquer le titre de la chanson, aussi.

Je ne tiens pas non plus à ce que ce topic devienne un Refuge kikoolol où l'on ne poste que des textes de chansons trop sombres qui reflètent notre état d'esprit trop méga sombre comme l'on peut en constater la pratique sur les Skyblogs gothiques. Et puis si ce forum est consacré à l'art, il l'est avant tout à la littérature, je ne l'aurais sûrement pas crée avec Bada sinon... Donc les extraits poétiques, théâtraux ou romanesques comptent en premier sur ce topic ; les paroles passent après, sauf si elles sont extraites elles-mêmes de textes littéraires (par exemple, le texte de Sorrows of the Moon de Celtic Frost est le poème Tristesses de la Lune de Baudelaire).
Merci.


Je n'aurais pas dit mieux.


Vendredi 06 Mars 2009 - 17:58:14
Désolé !

Pour le titre, c'est Tresspassing The Shores Of Our World d' Heaven Shall Burn.
Je suis d'accord avec toi pour les paroles ' gothiques sombres ' .
Simplement, je ne trouve pas qu'elles ont font partie, je trouvent qu'elles sont très vraies. ( Et belles ! Elles me font frissonner à chaque fois. - vous trouverez peut être que j'ai des gouts bizarres ^^" - )


Dimanche 08 Mars 2009 - 06:26:15
Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées, Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées, Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu ! J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire, Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire, Au chevet de mon lit, te voilà revenu. Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde, Mets la main sur mon coeur, sa blessure est profonde ; Élargis-la, bel ange, et qu'il en soit brisé ! Jamais amant aimé, mourant sur sa maîtresse, N'a sur des yeux plus noirs bu la céleste ivresse, Nul sur un plus beau front ne t'a jamais baisé !

II Telle de l'Angelus, la cloche matinale Fait dans les carrefours hurler les chiens errants, Tel ton luth chaste et pur, trempé dans l'eau lustrale, Ô George, a fait pousser de hideux aboiements, Mais quand les vents sifflaient sur ta muse au front pâle, Tu n'as pu renouer tes longs cheveux flottants ; Tu savais que Phébé, l'Étoile virginale Qui soulève les mers, fait baver les serpents. Tu n'as pas répondu, même par un sourire, A ceux qui s'épuisaient en tourments inconnus, Pour mettre un peu de fange autour de tes pieds nus. Comme Desdémona, t'inclinant sur ta Lyre, Quand l'orage a passé tu n'as pas écouté, Et tes grands yeux rêveurs ne s'en sont pas douté. I

III Puisque votre moulin tourne avec tous les vents, Allez, braves humains, où le vent vous entraîne ; Jouez, en bons bouffons, la comédie humaine ; Je vous ai trop connus pour être de vos gens. Ne croyez pourtant pas qu'en quittant votre scène, Je garde contre vous ni colère ni haine, Vous qui m'avez fait vieux peut-être avant le temps ; Peu d'entre vous sont bons, moins encor sont méchants. Et nous, vivons à l'ombre, ô ma belle maîtresse ! Faisons-nous des amours qui n'aient pas de vieillesse ; Que l'on dise de nous, quand nous mourrons tous deux : Ils n'ont jamais connu la crainte ni l'envie ; Voilà le sentier vert où, durant cette vie, En se parlant tout bas, ils souriaient entre eux.

IV Il faudra bien t'y faire à cette solitude, Pauvre coeur insensé, tout prêt à se rouvrir, Qui sait si mal aimer et sait si bien souffrir. Il faudra bien t'y faire ; et sois sûr que l'étude, La veille et le travail ne pourront te guérir. Tu vas, pendant longtemps, faire un métier bien rude, Toi, pauvre enfant gâté, qui n'as pas l'habitude D'attendre vainement et sans rien voir venir. Et pourtant, ô mon coeur, quand tu l'auras perdue, Si tu vas quelque part attendre sa venue, Sur la plage déserte en vain tu l'attendras. Car c'est toi qu'elle fuit de contrée en contrée, Cherchant sur cette terre une tombe ignorée, Dans quelque triste lieu qu'on ne te dira pas.

V Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus De tout ce que mon coeur renfermait de tendresse, Quand, dans nuit profonde, ô ma belle maîtresse, Je venais en pleurant tomber dans tes bras nus ! La mémoire en est morte, un jour te l'a ravie Et cet amour si doux, qui faisait sur la vie Glisser dans un Baiser nos deux coeurs confondus, Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus. VI Porte ta vie ailleurs, ô toi qui fus ma vie ; Verse ailleurs ce trésor que j'avais pour tout bien. Va chercher d'autres lieux, toi qui fus ma patrie, Va fleurir, ô soleil, ô ma belle chérie, Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien. Laisse mon souvenir te suivre loin de France ; Qu'il parte sur ton coeur, pauvre bouquet fané, Lorsque tu l'as cueilli, j'ai connu l'Espérance, Je croyais au bonheur, et toute ma souffrance Est de l'avoir perdu sans te l'avoir donné.


Alfred de Musset (1810-1857)

Dimanche 08 Mars 2009 - 08:58:08
Un extrait de "Dialogue entre un prêtre et un moribond" du Marquis de Sade (composé vers 1782).
Un texte que j'affectionne tout particulièrement, étant donné que les points de vues et les concepts exposé par Sade me semblent criant de "vérité".

Je comprendrais très bien que ce post soit modéré, au vu des propos athées voir anti-religieux qui s'y trouvent,ce qui n'est évidemment pas le but recherché, mais c'est aussi dans l'amour de cet auteur que je le post.


Le moribond: [..]
Reviens à la raison, prédicant, ton Jésus ne vaut pas mieux que Mahomet, Mahomet pas mieux que Moïse, et tous trois pas mieux que Confucius qui pourtant dicta quelques bons principes pendant que les trois autres déraisonnaient; mais en général tous ces gens-là ne sont que des imposteurs, dont le philosophe s'est moqué, que la canaille a crus et que la Justice aurait dû faire pendre.

Le prêtre: Hélas, elle ne l'a que trop fait pour l'un des quatre.

Le moribond: C'est celui qui le méritait le mieux. Il était séditieux, turbulent, calomniateur, fourbe, libertin, grossier farceur et méchant dangereux, possédait l'art d'en Imposer au peuple et devenait par conséquent punissable dans un royaume en l'état où se trouvait alors celui de Jérusalem. Il a donc été très sage de s'en défaire et c'est peut-être le seul cas où mes maximes, extrêmement douces et tolérantes d'ailleurs, puissent admettre la sévérité de Thémis; j'excuse toutes les erreurs, excepté celles qui peuvent devenir dangereuses dans le gouvernement où l'on vit; les rois et leurs majestés sont les seules choses qui m'en imposent, les seules que je respecte, et qui n'aime pas son pays et son roi n'est pas digne de vivre.

Le prêtre: Mais enfin, vous admettez bien quelque chose après cette vie, il est impossible que votre esprit ne se soit pas quelquefois plu à percer l'épaisseur des ténèbres du sort qui nous attend, et quel système peut l'avoir mieux satisfait que celui d'une multitude de peines pour celui qui vit mal et d'une éternité de récompenses pour celui qui vit bien?

Le moribond: Quel, mon ami? celui du néant; jamais il ne m'a effrayé, et je n'y voit rien que de consolant et de simple; tous les autres sont l'ouvrage de l'orgueil, celui-là seul l'est de la raison. D'ailleurs il n'est ni affreux ni absolu, ce néant. N'ai-je pas sous mes yeux l'exemple des générations et régénérations perpétuelles de la nature? Rien ne périt, mon ami, rien ne se détruit dans le monde; aujourd'hui homme, demain ver, après-demain mouche, n'est-ce pas toujours exister? Et pourquoi veux-tu que je sois récompensé de vertus auxquelles je n'ai nul mérite, ou puni de crimes dont je n'ai pas été le maître; peux-tu accorder la bonté de ton prétendu dieu avec ce système et peut-il avoir voulu me créer pour se donner le plaisir de me punir, et cela seulement en conséquence d'un choix dont il ne me laisse pas le maître?

Le prêtre: Vous l'êtes.

Le moribond: Oui, selon tes préjugés; mais la raison les détruit et le système de la liberté de l'homme ne fut jamais inventé que pour fabriquer celui de la grâce qui devenait si favorable à vos rêveries. Quel est l'homme au monde qui, voyant l'échafaud à côté du crime, le commettrait s'il était libre de ne pas le commettre? Nous sommes entraînés par une force irrésistible, et jamais un instant les maîtres de pouvoir nous déterminer pour autre chose que pour le côté vers lequel nous sommes inclinés. Il n'y a pas une seule vertu qui ne soit nécessaire à la nature et réversiblement, pas un seul crime dont elle n'ait besoin, et c'est dans le parfait équilibre qu'elle maintient des uns et des autres, que consiste toute sa science, mais pouvons-nous être coupables du côté dans lequel elle nous jette? Pas plus que ne l'est la guêpe qui vient darder son aiguillon dans ta peau.

Le prêtre: Ainsi donc, le plus grand de tous les crimes ne doit nous inspirer aucune frayeur?

Le moribond: Ce n'est pas là ce que je dis, il suffit que la loi le condamne, et que le glaive de la justice le punisse, pour qu'il doive nous inspirer de l'éloignement ou de la terreur, mais, dès qu'il est malheureusement commis, il faut savoir prendre son parti, et ne pas se livrer au stérile remords; son effet est vain, puisqu'il n'a pas pu nous en préserver, nul, puisqu'il ne le répare pas; il est donc absurde de s'y livrer et plus absurde encore de craindre d'en être puni dans l'autre monde si nous sommes assez heureux que d'avoir échappé de l'être en celui-ci. A Dieu ne plaise que je veuille par là encourager au crime, il faut assurément l'éviter tant qu'on le peut, mais c'est par raison qu'il faut savoir le fuir, et non par de fausses craintes qui n'aboutissent à rien et dont l'effet est sitôt détruit dans une âme un peu ferme. La raison - mon ami, oui, la raison toute seule doit nous avertir que de nuire à nos semblables ne peut jamais nous rendre heureux, et que notre coeur, que de contribuer à leur félicité, est la plus grande pour nous que la nature nous ait accordé sur la terre; toute la morale humaine est renfermée dans ce seul mot: rendre les autres aussi heureux que l'on désire de l'être soi-même et ne leur jamais faire plus de mal que nous n'en voudrions recevoir.

Voilà, mon ami, voilà les seuls principes que nous devions suivre et il n'y a besoin ni de religion, ni de dieu pour goûter et admettre ceux-là, il n'est besoin que d'un bon coeur. Mais je sens que je m'affaiblis, prédicant, quitte tes préjugés, sois homme, sois humain, sans crainte et sans espérance; laisse là tes dieux et tes religions; tout cela n'est bon qu'à mettre le fer à la main des hommes, et le seul nom de toutes ces horreurs a plus fait verser de sang sur la terre, que toutes les autres guerres et les autres fléaux à la fois. Renonce à l'idée d'un autre monde, il n'y en a point, mais ne renonce pas au plaisir d'être heureux et d'en faire en celui-ci. Voilà la seule façon que la nature t'offre de doubler ton existence ou de l'étendre. Mon ami, la volupté fut toujours le plus cher de mes biens, je l'ai encensée toute ma vie, et j'ai voulu la terminer dans ses bras: ma fin approche, six femmes plus belles que le jour sont dans ce cabinet voisin, je les réservais pour ce moment-ci, prends-en ta part, tâche d'oublier sur leurs seins à mon exemple tous les vains sophismes de la superstition, et toutes les imbéciles erreurs de l'hypocrisie.

Dimanche 08 Mars 2009 - 09:18:14
Extraits : Le Voyageur Magnifique d'Yves Simon

- Quand votre femme vous a dit "je t'aime" pour la première fois, que lui avez-vous répondu ?
- Moi aussi ...
- Vous auriez dû lui demander tout ce que cela signifiait de part de sa vie, ses souvenirs d'autres amours, les autres fois où elle avait prononcé cette phrase ...
- Lui demander d'écrire un roman, en somme ...
- Ou alors, lui répondre comme dans cette chanson, vous vous souvenez, "je t'aime, moi non plus..."
- Elle aurait été vexée ...
- Elle aurait eu tort. Cela lui aurait indiqué seulement que vous l'aimiez sans doute, mais que ce mot avait pour vous une histoire différente, que cette phrase avait emporté avec elle d'autres objets que les siens, d'autres visages, d'autres couleurs, d'autres plaisirs ...
- Vous êtes pour un dialogue du "moi non plus" ?
- Pas exactement, mais le "moi non plus" agirait comme un clignotant, indiquant à chaque fois que l'on ne parle pas forcément des mêmes choses, qu'il y a plein de résidus invisibles tombés au fond des mots, et qu'il s'agirait de les retrouver et d'en parler ... Quand elle vous a dit qu'elle voulait un enfant, vous avez répondu "moi aussi" ..
- .. Et j'aurais du dire "moi non plus" ... je vous suis très bien ! Mais que de complications, de temps passé à expliquer ...
- C'est peut-être moins compliqué que de laisser les mots se réduire à leur sonorité, à leur apparence ...
- ...Parfois, c'est bien utile ...
- Comme je vous l'ai dit, ils ne cachent rien, ils sont lumineux, c'est seulement votre histoire, vos déceptions, votre orgueil qui se sont enfouis au fond d'eux, sans jamais remonter à la surface ...

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Le monde était provisoirement simple, lisse, conforme à un rêve adolescent. Harmonieux. A peine si le malheur arrivé d'ailleurs et entr'apercu dans un journal TV parvenait à les émouvoir. De toute manière leur compassion était éphémère et disparaissait au reportage suivant.
Ils avaient chacun un corps à découvrir, avec sa géographie, ses odeurs, ses zones douces, ses doigts à mêler, le mouillé d'une bouche, la fermeté des muscles, le satiné d'une peau. Le sexe, toujours mystérieux, synonyme parfait, à certains instants, de ce qu'est l'autre, l'étranger adopté, le désiré, convergence du désir et de plaisir, centre du corps et du monde, ressenti, broyé, le lieu du mal et de la beauté, un voile qui se déchire, désir clair-obscur de l'entre-nuit, attirant comme un masque, le sexe restait cet espace d'un monde anéanti, là où la finitude se termine pour pénétrer un autre temps, sans guerre, sans amour, le terrain du jeu pur où l'histoire s'interrompt, les possibles s'infinissent, les obligations s'annulent ...
Ils jouaient, ils vivaient, il respiraient, étaient émus de se retrouver à vivre l'un en face de l'autre.
Et comme un début de révolution, leur amour fut joyeux, excessif, désordonné.

Ce roman a eu un impact très important dans ma façon de voir les choses, de les vivre et de les exprimer surtout ..
Je ressentais des émotions mais je ne parvenais pas à mettre des mots sur elles et ça m'énervait..  J'ai donc appris à être attentive, à creuser en profondeur pour saisir l'essence même des choses, pour mieux me comprendre, tout naturellement ... nous avons intérieurement, parfois, un mal être qui plane sans que l'on sache ce qu'il représente, et en ce  qui me concerne, j'aime savoir ce qui se passe en moi. J'aime faire cet exercice d'analyse sur moi-même et les échanges avec mon prof de philo au lycée avaient accentué cela .. je prenais du plaisir à décortiquer les choses, les sentiments, des réactions, etc etc.

Le 2ème passage m'avait juste touché à l'époque .. je comprenais plus ou moins ce que je lisais sans pouvoir le comprendre, jusqu'au jour où j'ai vécue mon histoire d'amour.. les mots ont eu une autre résonance et ils me correspondaient bien.

En conclusion, j'aime la manière avec laquelle Yves Simon décortique des émotions , des sentiments, cette faculté à pouvoir analyser, comprendre, savourer ...
Tous ses romans ne sont pas magnifiques, mais celui-ci m'a réellement touché. Et pour beaucoup d'autres choses non citées dans les extraits ...



Lundi 23 Mars 2009 - 20:42:22
Detruis toi loin de ta vieille mere
Regarde un peu tes pauvres bras
Ou est passe tout mon ether?
Gros trafiquant t'achevera
Un jour viendra ou tu sauras
Et tu verras que c'est l'enfer
 
Poeme ecrit en '81 en classe de 5e par moi-meme,sur le theme de "La balade des pendus" de Francois villon.