Tristania - Darkest White
"Franchir le Rubicon", c'est exactement ce que
Tristania a fait avec son album précédent. À moitié mort, délesté de la plupart de ses musiciens (dont les plus emblématiques comme la chanteuse Vibeke, ou encore son principal compositeur Morten Veland plus tôt),
Tristania s'est quand même risqué à continuer l'aventure et n'a cessé de repousser comme un lézard. Et, comme je le précisais dans ma chro' de "Rubicon", le groupe arrivait à se relever d'un "Illumination" surproduit, composé avec les pieds et visant le public facile. Restait à espérer qu'ils persévèrent dans l'entreprise, alors qu'ils avaient presque banni les passages agressifs et la voix extrême sur "Illumination".
Eh bien, ouf :
Tristania est vivant, et en bonne santé avec ça.
Alors, plus la peine d'attendre la froideur des débuts et le chant féminin tout aussi glacé de Vibeke Stene, la petite nouvelle Mariangela apportant en plus la chaleur de sa voix méditerranéenne. Mais le groupe a eu l'intelligence de s'inscrire à nouveau dans une démarche artistique, commençant par exemple son album par un morceau agressif (comme sur "Ashes" tiens) aux riffs dissonants qui sont sans doute ce que le groupe a fait de plus difficile d'accès depuis ... longtemps. La voix hurlée ouvre le bal, belliqueuse à souhait et laisse tout de même Mariangela trancher dans le
Lard avec un refrain plus doux. Le second morceau, lui, ressemble un peu à du
Samael période "Solar Soul" dans sa composition inhabituelle et, cette fois, on n'entendra même pas le chant féminin ! Bref, pas une entrée en matière pensée pour les fillettes.
En ce qui concerne Mariangela, elle offre une performance d'une grande justesse, très polyvalente, allant soit vers l'émotion (carrément à chialer sur "Requiem", j'adore !) ou plus de feeling, comme sur "Night on Earth" qui représente exactement le type de morceau que j'attendais pour le retour du groupe (et, encore une fois, il y a du riff, on n'est pas dans du Death mais ça tape pas mal pour du
Tristania je trouve).
Alors, ouais bon, il reste des titres plus dispensables ou répétitifs (j'en compte 3 pour ma part), mais le groupe en pondait déjà sur "Ashes" que j'adore, alors pas de quoi en faire un drame. Le vrai crime, c'est - et c'est une habitude chez eux - de mettre en titre bonus l'une des petites bombes de l'album ("Cathedral"), c'est bien con d'acheter l'édition simple et de ne pas pouvoir profiter de ce morceau très bien foutu. Ils n'avaient qu'à mettre "Cypher" ou "Diagnosis" en bonus...
Il y a un peu de tout, du riff ("Number", "Night on Earth" ou encore "Himmelfall"), un mélange de 4 voix (extrême, féminine, masculine grave et masculine plus aigüe et très complémentaire de Mariangela), de bons refrains, des idées... Ce n'est pas aussi complexe que ça a pu l'être par le passé, les
Structures des morceaux sont plutôt simples, mais ce nouveau visage de
Tristania est pour moi une réussite, ni plus ni moins.
C'est un avis après une première écoute, donc pas définitif, ce ne sera pas l'album de l'année, mais il est bon !
Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !