Un peu d'histoire...
Quand en 1980 et en 1990 on parle de post-hardcore, on fait référence à la musique d’origine des musiciens de
Fugazi et Quicksand. A titre d’exemple,
Fugazi est le groupe que fonda Ian MacKaye, chanteur de Minor Threat. De même, Walter Schreifels, compositeur principal de
Quicksand, est un ex. Gorilla Biscuits et un ex. Youth of Today. Au total, trois groupes essentiels du milieu
Hardcore straight edge, dont la musique est ensuite partie vers plus de mélodie et des tempos, bien que toujours énergique, plus proche du rock. Le terme de post-hardcore désignait donc un changement de direction artistique, le préfixe post alors employé comme un marqueur temporel. Le post-hardcore était alors le rock des coreux, plus mature mais toujours enraciné dans l’énergie et la distorsion, où les musiciens laissaient leurs ailes de créativité pousser plus loin que dans le carcan
Hardcore, souvent tiraillé mais toujours enraciné dans une façon de faire, et une certaine mentalité, comme précédemment décrite.
Deux ans plus tard, un autre groupe va créer encore plus de distance avec le milieu du
Hardcore et amènera le marqueur post-hardcore vers un tout autre sens. Ce groupe, c’est Neurosis. Déjà auteur en 1987 et en 1990 de deux albums de
Hardcore dans la tradition fixé par
Black Flag et
Discharge, direct et rageur, ils vont entamer une réflexion artistique et spirituelle sur l’album
Souls At Zero qui marquera un tournant majeur pour la musique saturée des trente années à venir. L’emploi du terme post
Hardcore persiste toutefois encore pour ce groupe alors que leurs racines
Hardcore s’effacent très fortement pour être remplacé par la marque des Swans, de Godflesh. La saturation n’est alors plus seulement une
Catharsis, elle est un instrument introspectif avec lequel les musiciens vont ensuite s’élever vers une spiritualité et une musicalité très très très loin de l’efficacité de leur musique d’origine.
Seul reste du genre les instruments, et c’est un argument bien maigre pour justifier sa présence. Le post-hardcore ne désigne alors plus des groupes qui vont venir du
Hardcore mais des groupes influencés par des groupes qui sont venus du
Hardcore à une époque.
Du coup, le terme de post-hardcore se transforme en postcore dès la deuxième génération, de façon à faire oublier une filiation avec un genre qui n’a plus lieu de citer dans une musique aussi différente. Le postcore de
Isis est très influencés par
Neurosis mais aussi par
Godflesh, comme le prouve cette reprise du fameux Streetcleaner, extrait de l’album du même nom, sur l’EP Mosquito control en 1998. Les musiciens viennent de groupe de
Hardcore, mais sautent ici la case « recherche spirituelle » pour s’orienter vers des thématiques plus terre à terre, comme ils le prouve en 2004 avec l’album
Panopticon (
Prototype de prison en verre conçu pour que tous les détenus puissent se surveiller mutuellement) et sa réflexion sur les technologies qui servent à nous surveiller. De la même manière,
Cult Of Luna, aussi issu de la scène
Hardcore, s’inspire et utilise la parole du linguiste, philosophe et activiste social Noam Chomsky dans leur album The
Beyond (sorti en 2003).
Les générations passent ensuite de plus en plus vite et les journalistes laissent alors de côté le terme postcore, assez archaïque il faut le dire, pour celui de post ou de avant-metal, du moins en ce qui concerne
Isis, pour souligner la place grandissante d’influence plus metal, qui ont toujours fait partie du background du groupe. D’autre part, le postcore, aussi appelé de manière moqueuse NeurIsis, s’est trouvé une identité fixe incarné par des dizaines de groupes à travers le monde qui reprennent le format de morceau de
Six à sept minutes, fait de lignes de guitares post rock, mélodiques, aérés et pensives, interrompu par des riffs plus écrasant, toujours autant empruntés à Godflesh et aux Swans. Lunettes carrés, petite barbiches, couverture d’album abstraites fait de symboles ou de photos de paysages. La mer en particulier revient très souvent dans les noms, les pochettes. Le postcore s’est totalement émancipés du hardcore pour devenir une nouvelle façon pour des gamins imaginatif et un peu timide d’exprimer leur envie de faire péter les amplis, tout en n’effrayant pas trop leurs petites amis qui peuvent hocher la tête pendant les passages plus mélodiques. Cette forme très stéréotypé donne alors un deuxième sens à l’expression post-hardcore puisque le post alors celui du post-rock, signifiant un mélange de post-rock (pour les lignes mélodiques aériennes) et de riffs plus lourd (« hardcore »).
Recemment le terme est utilisé pour désigner les groupes (souvent à penchant mélodique) dérivés du Metalcore ou du Hardcore dont la musique et la philosophie se rapproche davantage du Rock et du Punk reniant un peu leur racine Metal.
http://www.lafilledurock.com/2011/05/24/postcore-post-hardcore-tentative-dhistoire-et-de-definition/
Si la musique nourrit l'amour, alors jouez ! (Shaespeare)