Blind Guardian "Beyond the
Red Mirror" (2015)
Bon, il est évident que ce n'est pas un album qui s'écoute une demi fois pour avoir un avis définitif. C'est un album très exigent, comme tous les BG et il est difficile de se poser au début (aussi la raison pour laquelle je trouve les avis excessifs au bout d'une écoute sur youtube ou où on dit que c'est l'album du siècle ou une bouse innommable. Il faut vraiment que certains réapprennent à appréhender un album et comprennent qu'un album se découvre aussi et surtout avec le temps...mais la musique qu'on bouffe comme on respire sans la creuser devient aussi la norme dans le
Metal).
Donc, après deux semaines et pas mal de plongée (surtout depuis que je l'ai en original), j'ai déjà un avis plus cohérent.
Premièrement, le mixage est bien raté. C'est indéniable. Trop bordélique, manque de puissance et de précision...les 3 orchestres (il y a aussi des membres de Londres) ne collent que trop rarement avec les guitares qui sont molles et manquent d'envergure. Tout est pour les voix et les arrangements pendant que les guitares et la batterie mangent les miettes. C'est donc un fait. Attaquons la musique maintenant, et là, le boulot reste remarquable.
Ce que je reprochais beaucoup à ATEOT et ATIAM, c'était ce retour à un
Power "trop" allemand, surtout après le formidable A
Night at the Opera qui parvenait formidablement à s'extraire de toute influence pour devenir proprement unique. Le temps de Somewhere
Far Beyond ou Imaginations from the Other Side et BG était un être complètement unique. Et Sacred World pouvait être une tuerie, la plupart des titres de l'album précédent étaient trop traditionnels pour un tel groupe.
Ici, les allemands se sont mis la tête à l'envers pour sortir des sentiers battus, écrire un concept où la musique servirait les textes et non l'inverse (la suite conceptuelle de IFTOS justement) et où on ne chercherait pas des refrains immédiats. Un travail progressif où l'immédiat n'est pas roi.
The Ninth Wave est une pure merveille dans l'utilisation des choeurs, l'intégration d'éléments synthétiques, de riffs très durs...Prophecies repousse les limites sur les lignes vocales absolument incroyables du groupe pendant que At the Edge of Time prouve qu'un titre n'a pas forcément besoin de refrain pour être passionnant.
The
Holy Grail, The Throne, Sacred Mind...pareil. Quand on suit les textes, on comprend l'évolution des titres, la logique se met en place et tous les arrangements prennent de l'épaisseur, malgré quelques passages bancals (sur
Ashes of Memories par exemple, ou The Throne).
Donc non, artistiquement,
Beyond est vraiment grand, osé et prouve que BG ne veut absolument pas céder à la facilité et ses reproches sont les mêmes que A Night. Trop complexe, trop fouillé, difficile de rentrer dedans...mais BG n'est pas
Gamma Ray et le but n'est pas de taper dans le lard.
Après, c'est quand même dommage que le son fasse pâtir l'expérience générale et qu'on est pas cette sensation d'être au choeur d'une symphonie, comme
Nightwish, Septic
Flesh ou
Epica sont aujourd'hui capables de le faire.
Bon, maintenant, quel bordel ça va être de chroniquer ça...
Welcome to the Desert of the Real