Récap' de mes lectures récentes :
Le Jouer de Dostoïevski
Court roman qui se dévore très rapidement et écrit avec brio. Comportant de nombreux éléments autobiographiques, on suit un jeune russe précepteur pour une famille russe miné par les problèmes d'argent et qui reste dans l'attente de l'héritage d'une grand-mère riche et apparemment mourante. Notre héros, mi-nihiliste mi-sarcastique, se fourvoie dans un amour à sens unique pour se distraire tandis que la tentation des tables de jeux se fait de plus en plus présente.
Mon premier roman d'un écrivain russe et une entrée en matière qui m'a beaucoup plu. A noter que ses positions envers les français sont le plus souvent fortement négatives, mais on retient surtout un rythme soutenu, une écriture mordante ainsi qu'une réflexion déjà prédominante sur l'ennui d'un individu loin de sa patrie, sombrant peu à peu dans sa folie alors qu'il supporte de moins en moins le jeu des relations humaines et leur mesquinerie. A poursuivre donc
Les Montagnes Hallucinées de Lovecraft
Premier Lovecraft également, j'ai été plus mitigé pendant la lecture de celui-ci. J'ai souvent entendu parler de traductions de qualités variables de ses oeuvres (j'ai la version de la pochette ci-dessus, Editions Denoël traduit par Simone Lamblin) et le style m'a souvent rebuté, assez fouillis et manquant de clarté ainsi que de rythme.
Il y a pourtant le plaisir de retrouver une source d'inspiration pour de nombreuses oeuvres (The Thing that Should not Be ou The Call of Chtulu de vous-savez-qui), une montée en puissance jusqu'à un final prenant, un jeu sur les grandes peurs universelles de nos origines et de l'inconnu ainsi qu'un mélange de fantastique/scientifique s'inscrivant très bien dans notre imaginaire bouleversé par toutes les découvertes les plus récentes et tout ce qui reste encore
Flou et non défini.
Mais la construction en anti-suspens (
Catastrophe annoncée dès le début puis rabâchée encore et encore) m'a gâché mon plaisir alors que mon imagination n'a que rarement pu s'envoler avec le récit.
La Joie de Vivre d'Emile Zola
C'est décidément une série basée sur les "premières fois" car me voici sur mon premier Zola, et donc mon premier Rougon-Macquart.
Et là on touche au très très fort. une étude de caractères, une étude psychologique atemporelle qui émeut au plus profond de soi, qui interroge toujours sur la responsabilité de chacun.
Alors que la mer poursuit inlassablement son attaque de la côte rocheuse, s'avance puis se retire encore et encore, les années passent sur nos personnages s'érodant peu à peu eux-aussi. La bonté, la "joie de vivre" quotidienne et sans cesse renouvelée de notre jeune héroïne se trouvent malmenées sans relâche par les problèmes d'argent insolubles de sa famille, par leur fatalité et leur dégénérescence suite à l'échec de chacun de leur projet.
Zola reste simple dans son écriture, précis dans ce paysage sombre de pauvre petit village côtier français et rigoureux dans son enchaînement de petites choses, de petits travers s'accumulant sur ses personnages prisonniers d'eux-mêmes ne pouvant opposer aux doutes et malheurs de chacun que leur courage et leur ténacité pourtant sans cesse remis en question.